
La dernière session du Tribunal sur Gaza s’est tenue vendredi à l’Université d’Istanbul, marquée par de puissants témoignages d’experts affirmant qu’Israël a sciemment détruit le système de santé et les infrastructures publiques de Gaza dans le cadre d’une politique délibérée de "dommages massifs infligés aux civils".
Des médecins et spécialistes humanitaires ont décrit des attaques systématiques contre les travailleurs médicaux, les hôpitaux, les réseaux d’eau et les services essentiels à la survie de la population.
Lors d’un panel intitulé "Ciblage des civils et des infrastructures civiles, systèmes médicaux", quatre experts, dont le Dr Javid Abdelmoneim (président international de Médecins Sans Frontières), le Dr Taner Kamaci, le Dr Mads Gilbert (médecin urgentiste norvégien) et la psychothérapeute britannique Gwyn Daniel, ont présenté des preuves des deux dernières années de guerre à Gaza, appelant à une responsabilité internationale.
Destruction délibérée du système de santé
Selon lui, plus de 1 700 soignants ont été tués depuis octobre 2023, dont 15 membres de MSF. Il a cité le bombardement de l’hôpital Al-Awda, pourtant signalé à plusieurs reprises aux autorités israéliennes. Deux médecins de MSF y ont été tués, et un infirmier a perdu la vie lors d’une attaque contre un convoi humanitaire autorisé.
Abdelmoneim a également dénoncé les arrestations arbitraires de médecins et infirmiers, rappelant qu’un de ses collègues reste détenu sans inculpation.
Effondrement total de la santé publique
Le Dr Taner Kamaci, présent sur le terrain, a décrit une crise humanitaire absolue : absence d’eau, d’électricité, de pain, opérations sans anesthésie, enfants transportés à l’hôpital en charrette, patients mourant dans les couloirs.
Il a évoqué 1 722 soignants tués, 362 emprisonnés, et plus de 4 000 enfants amputés.
Quarante ans de violations documentées
Le Dr Mads Gilbert a replacé ces attaques dans une continuité de 40 ans d’occupation et de violences contre les infrastructures médicales palestiniennes.
Gilbert a accusé les institutions médicales occidentales de complicité par leur silence, ajoutant: "Se taire, tout en prétendant être neutre, c’est une forme d’oppression."
Un traumatisme psychologique permanent
Enfin, la psychothérapeute Gwyn Daniel a dénoncé un effondrement psychologique massif à Gaza, qualifiant la situation de "génocide en cours".
Elle a insisté sur la nécessité d’une réponse éthique et politique, reconnaissant les causes structurelles de la souffrance et soutenant les professionnels de santé mentale palestiniens qui continuent à travailler malgré les risques.