"Le génocide est loin d’être terminé": destruction systématique du système de santé à Gaza

La rédaction avec
17:5724/10/2025, vendredi
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Cette photo aérienne montre des bâtiments détruits dans le quartier d'Al-Remal, à Gaza, le 23 octobre 2025.
Cette photo aérienne montre des bâtiments détruits dans le quartier d'Al-Remal, à Gaza, le 23 octobre 2025.

La dernière session du Tribunal sur Gaza s’est tenue vendredi à l’Université d’Istanbul, marquée par de puissants témoignages d’experts affirmant qu’Israël a sciemment détruit le système de santé et les infrastructures publiques de Gaza dans le cadre d’une politique délibérée de "dommages massifs infligés aux civils".

Des médecins et spécialistes humanitaires ont décrit des attaques systématiques contre les travailleurs médicaux, les hôpitaux, les réseaux d’eau et les services essentiels à la survie de la population.


Lors d’un panel intitulé "Ciblage des civils et des infrastructures civiles, systèmes médicaux", quatre experts, dont le Dr Javid Abdelmoneim (président international de Médecins Sans Frontières), le Dr Taner Kamaci, le Dr Mads Gilbert (médecin urgentiste norvégien) et la psychothérapeute britannique Gwyn Daniel, ont présenté des preuves des deux dernières années de guerre à Gaza, appelant à une responsabilité internationale.


Destruction délibérée du système de santé


Le Dr Javid Abdelmoneim a affirmé que les hôpitaux et soignants de Gaza n’étaient pas des victimes collatérales, mais les cibles d’une stratégie planifiée:
"Notre système de santé ne s’est pas effondré par hasard, il a été détruit: les hôpitaux sont bombardés, les fournitures bloquées, les soignants tués ou arrêtés, et les réseaux d’eau anéantis."

Selon lui, plus de 1 700 soignants ont été tués depuis octobre 2023, dont 15 membres de MSF. Il a cité le bombardement de l’hôpital Al-Awda, pourtant signalé à plusieurs reprises aux autorités israéliennes. Deux médecins de MSF y ont été tués, et un infirmier a perdu la vie lors d’une attaque contre un convoi humanitaire autorisé.


Abdelmoneim a également dénoncé les arrestations arbitraires de médecins et infirmiers, rappelant qu’un de ses collègues reste détenu sans inculpation.

Il a insisté:
"C’est la destruction délibérée des moyens de survie. Le génocide est loin d’être terminé."

Effondrement total de la santé publique


Le Dr Taner Kamaci, présent sur le terrain, a décrit une crise humanitaire absolue : absence d’eau, d’électricité, de pain, opérations sans anesthésie, enfants transportés à l’hôpital en charrette, patients mourant dans les couloirs.


"Survivre à Gaza est devenu un miracle"
, a-t-il déclaré.

Il a évoqué 1 722 soignants tués, 362 emprisonnés, et plus de 4 000 enfants amputés.


Quarante ans de violations documentées


Le Dr Mads Gilbert a replacé ces attaques dans une continuité de 40 ans d’occupation et de violences contre les infrastructures médicales palestiniennes.


"Les Palestiniens ne sont pas des chiffres. Ce sont des êtres humains avec des familles comme les nôtres."

Selon lui, plus de 100 000 personnes ont été tuées à Gaza, dont 75 % de femmes et d’enfants. Il décrit une stratégie visant à
"empêcher la vie elle-même"
: privation d’eau, de nourriture et de soins, avec des conséquences sanitaires catastrophiques.

Gilbert a accusé les institutions médicales occidentales de complicité par leur silence, ajoutant: "Se taire, tout en prétendant être neutre, c’est une forme d’oppression."


Un traumatisme psychologique permanent


Enfin, la psychothérapeute Gwyn Daniel a dénoncé un effondrement psychologique massif à Gaza, qualifiant la situation de "génocide en cours".


"Le traumatisme n’est pas un événement passé. Il est constant et continu"
, a-t-elle expliqué.

Elle a insisté sur la nécessité d’une réponse éthique et politique, reconnaissant les causes structurelles de la souffrance et soutenant les professionnels de santé mentale palestiniens qui continuent à travailler malgré les risques.


"Gaza, malgré la douleur, continue de battre au rythme de la vie. C’est notre devoir, à tous, de rester à ses côtés."

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