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Rester coquets tout en gérant l'eau avec parcimonie: tel est le défi des villes et villages fleuris qui sont nombreux en Alsace, une région du nord-est de la France, fière de ses hameaux ornés de géraniums.
Au total, la région de l'est de la France compte 344 communes labellisées, sur les 4.707 communes distinguées dans l'ensemble du pays.
"Les villages fleuris, ça fait partie de l'identité alsacienne, comme la gastronomie"
, dit Paul-André Keller, président de la Fédération alsacienne de producteurs horticoles Verdir Alsace. Il participe en ce moment à une tournée d'inspection des villes et villages fleuris qui l'a emmené mardi à Lampertheim, à une dizaine de kilomètres au nord de Strasbourg.
Cette coquette commune de 3.500 habitants, où les typiques maisons à colombages côtoient des logements plus modernes, affiche fièrement à son entrée un panneau jaune et vert arborant deux fleurs.
Cette année, l'objectif est d'en décrocher une troisième, gage d'attractivité.
Mais pas évident d'afficher des bosquets resplendissants quand le soleil tape et que la pluie se fait rare: en juin, deuxième mois le plus chaud enregistré depuis 1900, les cumuls de précipitations ont été nettement déficitaires en Alsace.
Face à la sécheresse, la préfète du Bas-Rhin a appelé à faire un
de la ressource en eau, une sobriété que tentent d'atteindre les communes.
"Depuis deux-trois ans, on a travaillé sur des vivaces, des espèces moins gourmandes en eau"
, explique aux jurés Daphné Haessig Denans, conseillère municipale.
Le perovskia aux fleurs bleu lavande, le gaura aux délicats pétales blancs ou les campanules côtoient ainsi les volumineux massifs de géraniums, la plante phare en Alsace.
Dans la région,
"l'alstroemeria a aussi fait une belle percée, c'est une plante qui s'épanouit bien"
, remarque Jean-Marc Bernhard, horticulteur à Ingwiller. En tant que juré, il sillonne les villes et villages fleuris depuis plus de 30 ans et constate quelques bonnes pratiques pour économiser l'or bleu, comme le paillage:
C'est fantastique, ça fait moins d'évaporation, moins de mauvaises herbes.
La gestion de l'eau, comme la valorisation des déchets verts ou les actions en faveur de la biodiversité, figurent parmi les critères pris en compte par le jury du label des villes et villages fleuris, qui a plus de 60 ans.
Pour Paul-André Keller, cette préoccupation n'est pas nouvelle.
"Dès 2003, lors de l'épisode caniculaire, on a essayé de s'adapter, avec des bacs à réserve d'eau, des systèmes d'arrosage au goutte-à-goutte"
, se rappelle-t-il.
À Lampertheim, deux citernes de 36.000 litres chacune récupèrent l'eau de pluie, ce qui permet de continuer à arroser même en cas de restrictions d'arrosage, ces dernières ne concernant pas l'eau de pluie récupérée.
À trente kilomètres plus au nord, Soufflenheim, commune de 4.900 habitants proche de Haguenau, a choisi d'expérimenter les oyas, des poteries en argile microporeuse qui laissent suinter l'eau. Une quarantaine est installée dans des pots de fleurs de la commune. Ils ne sont remplis qu'une fois par semaine.
Retour de méthodes ancestrales
Ces oyas sont produits par des artisans de la commune, réputée pour ses poteries utilisées pour la préparation de spécialités alsaciennes comme le kougelhopf ou le baeckeoffe.
"Nous avons de plus en plus de mairies qui sont intéressées par les oyas",
assure Jean-Louis Ernewein-Haas, en fabriquant une de ces jarres qui sera ensuite séchée et cuite.
Plusieurs communes alsaciennes comme Dalhunden ou Rœschwoog ont adopté cette méthode d'irrigation ancestrale revenue au goût du jour.
"En Espagne, en Italie, les gens suffoquent... Les gens ont compris l'intérêt des oyas. Je pense qu'ils vont devenir indispensables avec le temps"
, anticipe le potier.
Le directeur des services techniques Cyril Reb souligne qu'à Soufflenheim, les oyas sont toujours en phase d'essai, mais que
"le test est plutôt concluant avec les vivaces".
Dans les villages, ces plantes pérennes se substituent de plus en plus aux annuelles, plus éphémères et consommatrices d'eau.
"C'est une transition qui coûte cher, une vivace coûte trois fois plus cher qu'une annuelle",
souligne M. Reb mais
"les nouvelles générations sont conscientes des efforts qu'il faut faire".
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