L’IA: la Russie veut rattraper son retard dans la course mondiale

Crédit Photo : Kirill KUDRYAVTSEV / AFP

Les géants américains Google, OpenAI, Amazon, Nvidia et Meta dominent la course mondiale à l’IA. OpenAI avec ChatGPT et Google avec Gemini ont transformé l’analyse du texte, de l’image et du son, mais l’ascension rapide de DeepSeek a placé la Chine sous les projecteurs.

La Russie accélère ses efforts en intelligence artificielle (IA) pour s’imposer dans la compétition mondiale, intensifiée par l’essor de DeepSeek, le modèle chinois qui a surpassé ses concurrents dans plusieurs domaines.

Si l’IA dépasse désormais les performances humaines en classification d’images et raisonnement visuel, elle reste en retrait dans des tâches complexes comme les mathématiques avancées et la planification stratégique, selon le rapport Artificial Intelligence Index 2024 de l’université de Stanford.

L’IA contribue à l’augmentation de la productivité et à la réduction des écarts de qualification entre les travailleurs, d’après le rapport. Lors du Forum économique mondial de Davos, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a indiqué que son adoption atteint 60 % dans les économies développées et 40 % dans les pays émergents.

Les États-Unis en tête, mais la Russie accélère

Développé avec moins de ressources en puces et en investissements, DeepSeek fonctionne plus efficacement que ses homologues américains, représentant une menace pour la domination des États-Unis.

Si l’ex-URSS était le grand rival technologique des États-Unis durant la Guerre froide, la Russie, en retard, veut aujourd’hui intensifier ses efforts en IA civile et militaire. Le pays émerge dans le secteur grâce aux avancées des entreprises Sber (Sberbank) et Yandex.

La Russie veut peser dans l’IA d’ici 2030

Faisant partie des 10 pays développant des modèles d’IA générative, la Russie vise une contribution de 110 milliards de dollars de l’IA à son économie d’ici 2030.

Sber a abandonné le terme

"bank"

pour se repositionner sur la tech et a lancé GigaChat, un concurrent de ChatGPT déjà utilisé dans les services gouvernementaux.

Yandex a déployé YandexGPT 4, tandis que d’autres entreprises russes comme T-Bank, MTS et VK travaillent sur leurs propres modèles.

La Russie teste aussi des tracteurs autonomes sur l’axe Moscou-Saint-Pétersbourg et utilise l’IA pour le modélisme 3D industriel.

Le président Vladimir Poutine a signé un décret pour structurer la stratégie IA du pays, avec pour objectif d’intégrer des plateformes numériques dans la santé, l’industrie, les transports et l’administration publique d’ici 2030.

Moscou prévoit aussi de quintupler le nombre de diplômés en IA, passant de 3 000 à 16 000 par an, et de renforcer sa coopération avec le bloc des BRICS.

Des obstacles majeurs: sanctions et pénurie de talents

Toutefois, les sanctions occidentales freinent la Russie, notamment en limitant ses importations de puces et de matériel informatique, essentiels à la production de semi-conducteurs.

Pour pallier ces restrictions, Moscou s’approvisionne auprès de la Chine et d’intermédiaires. Le pays cherche aussi à endiguer l’exode des travailleurs IT, en proposant des prêts immobiliers à faible taux et des formations gratuites.

Malgré ces efforts, les experts estiment que la Russie reste loin derrière les États-Unis et la Chine. Le pays doit encore surmonter la pénurie de talents et le manque de coopération internationale en raison des sanctions.