La Commission européenne a ouvert jeudi une enquête formelle pour déterminer si le géant américain Microsoft a enfreint les règles de concurrence de l'UE en liant son application de visioconférence Teams à ses célèbres logiciels Word, Excel, Powerpoint et Outlook.
Confrontée à des pertes de parts de marché sur le marché des messageries d'entreprise, Slack avait déposé une plainte contre Microsoft pour concurrence déloyale auprès de l'exécutif européen.
Si ces soupçons sont avérés, le géant américain de la tech, déjà sanctionné à plusieurs reprises par Bruxelles, pourrait se voir infliger une nouvelle lourde amende.
"Des outils devenus indispensables"
Le litige a surgi en plein développement du télétravail depuis la pandémie de coronavirus, un contexte qui a fait exploser la demande pour les applications de visioconférence.
Microsoft a aussitôt réagi en promettant de coopérer avec Bruxelles.
Après avoir recueilli des éléments pendant trois ans de procédure informelle, la Commission s'inquiète du fait que les consommateurs n'aient pas le choix d'inclure ou non Teams lorsqu'ils s'abonnent aux suites bureautiques de Microsoft. Elle craint également que le groupe de Redmond (côte ouest des États-Unis) ne limite l'interopérabilité entre ses produits et ceux des concurrents.
D'autres applications comme Zoom, Google Meet ou Cisco Webex, sont disponibles sur le marché et concurrencent déjà Teams.
Microsoft plusieurs fois condamné
Microsoft a déjà été condamné par la Commission européenne à près de 2 milliards d'euros d'amendes dans le cadre de diverses procédures d'infractions aux règles européennes de la concurrence. La dernière, pour un montant de 561 millions d'euros, avait été infligée en 2013 pour avoir imposé son navigateur Internet Explorer, alors associé au système d'exploitation Windows.
Après avoir passé des années à courir après les infractions des géants de la tech dans des procédures judiciaires interminables, l'UE s'est dotée récemment d'un règlement des marchés numériques (DMA) pour mieux lutter contre les pratiques anticoncurrentielles.
Le texte, qui s'appliquera notamment aux Gafam (Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft) à partir de l'an prochain, doit permettre d'agir en amont en imposant des règles à respecter sous peine d'amendes dissuasives.