Le chef de la diplomatie turque a répondu, mercredi, aux questions de la rédaction de l'Agence Anadolu.
Les développements en Syrie, après la chute de Bachar al-Assad et du régime baasiste, ont occupé une place importante dans les déclarations de Fidan.
Il a, en ce sens, souligné l'importance de la visite officielle, mardi, du président syrien Ahmed al-Charaa à Ankara, où il s'est entretenu avec le président turc Recep Tayyip Erdogan.
Fidan a expliqué que les deux leaders ont eu l'occasion de discuter des questions gelées qui n'avaient pas pu être résolues auparavant.
"Le rôle que la Türkiye peut jouer dans la restructuration et la revitalisation de la Syrie, ainsi que dans la fourniture de services de base à la population. Notre président est un dirigeant politique qui se concentre sur les questions sociales et les services sociaux depuis qu'il a été maire d'Istanbul. Pour cette raison, il peut voir et lire la situation de la population dans tous ses détails"
, a-t-il dit.
"En dehors de cela, les questions de sécurité ont également été discutées, en particulier la sécurité des frontières entre nos deux pays, l'augmentation des échanges commerciaux, la connectivité avec les pays régionaux. Bien sûr, les questions de sécurité, notamment la manière de résoudre le problème du PKK/YPG, la lutte contre Daech, la sécurité des frontières et les mesures pouvant être prises à cet égard avec les pays de la région. Un large éventail de questions a été abordé"
, a-t-il indiqué.
Sur la présence du PKK en Syrie, Hakan Fidan a souligné la détermination du président syrien et de son administration à expulser les dirigeants de l'organisation terroriste venant de pays voisins.
"J'ai pu constater que l'esprit de M. al-Charaa est très clair sur le PKK/YPG et que cette clarté répond aux besoins de la Türkiye en matière de sécurité",
s'est-il réjoui.
Le ministre Fidan a ajouté que l'administration syrienne n'a absolument pas de "fédération ou d'autonomie" à l'ordre du jour.
"Afin d'assurer son intégrité nationale, l'État syrien expulsera ou éliminera tous les membres du PKK provenant de différents pays"
, a-t-il affirmé, soulignant la détermination de l'administration syrienne à faire déposer les armes au PKK/YPG, par le dialogue ou par la force si nécessaire.
Les camps où sont retenus les membres de Daech et leurs familles, principal argument mis en avant par certains pays comme les États-Unis pour justifier le soutien apporté au PKK/YPG, ne sont plus un problème difficile à résoudre, selon Hakan Fidan.
Il a notamment expliqué que la Syrie est en mesure de se charger de cette mission, tout en indiquant que d'autres alternatives sont envisagées, comme un soutien de la Türkiye.
Pour la lutte contre Daech, Fidan a annoncé l'existence d'une initiative régionale.
"La Türkiye, l'Irak, la Syrie et la Jordanie travaillent sur des mesures pour établir un mécanisme régional dans la lutte contre Daech"
, a-t-il déclaré.
L'avenir du cessez-le-feu à Gaza
Le chef de la diplomatie turque est ensuite revenu sur la situation à Gaza et l'avenir du cessez-le-feu.
Il a répété ses craintes quant à une volonté de Benjamin Netanyahu de reprendre la guerre contre Gaza une fois que les captifs israéliens auront été libérés.
Face à ce risque, il en appelle à la responsabilité des pays garants du cessez-le-feu, l'Égypte, le Qatar et les États-Unis, ce dernier étant
"le seul pays pouvant avoir un impact sur Israël".
Par ailleurs, le ministre turc a une nouvelle fois exprimé l'opposition d'Ankara au plan du président américain, Donald Trump, en faveur du déplacement des Palestiniens de Gaza vers d'autres pays de la région comme l'Égypte et la Jordanie.
"Nous sommes opposés à toute initiative visant à exclure de l'équation la population de Gaza"
, a-t-il réaffirmé, avant d'ajouter:
"L'expulsion est une situation que ni la région ni nous ne pouvons accepter. C'est une erreur de l'ouvrir à la discussion".
Concernant les déclarations de Donald Trump sur différents sujets internationaux, Hakan Fidan a noté une évolution du monde vers une
"Nous constatons que le monde évolue vers une loi de la jungle, où prévaut la philosophie du 'je le fais parce que je suis fort'"
, a-t-il dit.
Relations avec l'UE et la Grèce
Avant de conclure, le ministre turc est revenu sur les relations entre Ankara et l'Union européenne.
Il a souligné l'existence d'une volonté commune des deux parties en faveur du renforcement des relations et des coopérations.
Néanmoins, il a rappelé que l'UE, étant ce qu'elle est, son mode de fonctionnement empêche parfois certaines avancées, faisant référence au vote à l'unanimité des 27 pays membres
, "ce qui est de plus en plus difficile à obtenir"
, en particulier quand certains pays membres
"font de la Türkiye un sujet de politique intérieure".
Sur les relations avec Athènes, Hakan Fidan a expliqué que le processus de dialogue avance de manière positive, rappelant qu'en avril prochain, le président Erdogan recevra le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis pour une nouvelle réunion du Conseil Supérieur de Coopération.