Grâce à Dieu, les derniers de nos amis encore détenus dans les prisons israéliennes sont eux aussi revenus. Le moment est venu, désormais, de parler franchement de certaines choses.
Depuis ses premiers jours, dès la Tunisie, la Flottille Sumud faisait face à des tentatives de sabotage systématiques. Mais les efforts d’Israël et de ses relais pour l’empêcher d’avancer ont fini par se transformer en Türkiye en une campagne de diffamation ignoble, destinée à dresser les membres de la flottille les uns contre les autres. En tant que journaliste et activiste témoin de chaque étape du processus, je ne resterai pas silencieux face à cette machination organisée.
Car certains, sans la moindre gêne, ont osé répandre le mensonge selon lequel nous aurions été libérés des prisons israéliennes après avoir présenté des excuses à Israël. Et le plus triste, c’est que même des personnes en qui nous avions confiance, que nous savions bien intentionnées, ont participé à ces diffamations depuis le confort de leurs fauteuils, en sirotant leur café chaud — attaquant ainsi l’honneur et la dignité de ceux qui, pendant des jours, ont tenu tête à leurs interrogateurs, enfermés dans des cellules de béton, sans manger ni boire, avec pour seule arme leur résistance.
Deux jours avant l’attaque israélienne, la Délégation turque de la Flottille Sumud avait pris une décision claire : chacun devait signer le document permettant une expulsion sous 72 heures. Ce n’était ni un moment de peur, ni un choix individuel, mais une consigne officielle répétée à plusieurs reprises.
Certains ont protesté, bien sûr. Mais le but était stratégique : éviter que des activistes turcs, dans un pays avec lequel nous n’avons pas de relations diplomatiques, ne restent prisonniers du système judiciaire illégal d’Israël, et permettre leur retour rapide en Türkiye afin qu’ils puissent témoigner et poursuivre la lutte depuis l’extérieur.
Si vous signez, vous êtes renvoyé sous 72 heures, sans procès.
Si vous refusez, vous passez devant un juge quelques jours plus tard — et vous êtes renvoyé de toute façon.
Le résultat ne change jamais. Seuls la forme et le délai diffèrent.
Il n’y a donc eu ni excuse, ni recul : simplement le respect d’une décision collective et d’une stratégie réfléchie.
Ceux de la première vague ont suivi cette décision. Ceux qui sont restés ont choisi une autre voie : s’unir à des activistes européens pour provoquer une crise diplomatique et attirer l’attention sur la détention arbitraire. Les deux démarches visaient le même objectif : défendre la légitimité du convoi et dénoncer le blocus.
Les deux étaient justes. D’ailleurs, parmi ceux partis les premiers, certains n’avaient pas signé ; et parmi ceux restés, certains l’avaient fait.
Un agent civil, dans un turc maladroit, m’a dit : "Nous ne voulons pas de vous ici. Vous allez partir, et vite."
Ces polémiques interminables ont fini par obscurcir l’objectif principal : Gaza.
Elles ont servi exactement la stratégie d’Israël, qui préfère voir les défenseurs de Gaza s’entre-déchirer.
Nous, nous avons choisi le silence, pour protéger nos amis restés là-bas et préserver la cause.
Même derrière ces portes de fer, nous criions le nom de Gaza. Nous écrivions sur les murs des cellules. Le temps révélera où chacun se tenait, qui a résisté et qui, consciemment ou non, a servi le moulin de l’oppresseur. Gaza continuera à filtrer les consciences, comme un tamis, séparant ceux qui parlent depuis leur confort de ceux qui se battent vraiment.
Le nom et le logo BIST sont protégés sous le "Certificat de Marque Protégée" et ne peuvent être utilisés, cités ou modifiés sans autorisation.Tous les droits d'auteur des informations publiées sous le nom BIST appartiennent entièrement à BIST et ne peuvent être republiés. Les données de marché sont fournies par iDealdata Finansal Teknolojiler A.Ş. Les données des actions BIST sont retardées de 15 minutes.