Une infâme calomnie : avons-nous présenté des excuses à Israël ?

10:549/10/2025, Perşembe
MAJ: 9/10/2025, Perşembe
Ersin Çelik

Grâce à Dieu, les derniers de nos amis encore détenus dans les prisons israéliennes sont eux aussi revenus. Le moment est venu, désormais, de parler franchement de certaines choses. Depuis ses premiers jours, dès la Tunisie, la Flottille Sumud faisait face à des tentatives de sabotage systématiques. Mais les efforts d’Israël et de ses relais pour l’empêcher d’avancer ont fini par se transformer en Türkiye en une campagne de diffamation ignoble, destinée à dresser les membres de la flottille les

Grâce à Dieu, les derniers de nos amis encore détenus dans les prisons israéliennes sont eux aussi revenus. Le moment est venu, désormais, de parler franchement de certaines choses.


Depuis ses premiers jours, dès la Tunisie, la Flottille Sumud faisait face à des tentatives de sabotage systématiques. Mais les efforts d’Israël et de ses relais pour l’empêcher d’avancer ont fini par se transformer en Türkiye en une campagne de diffamation ignoble, destinée à dresser les membres de la flottille les uns contre les autres. En tant que journaliste et activiste témoin de chaque étape du processus, je ne resterai pas silencieux face à cette machination organisée.


Car certains, sans la moindre gêne, ont osé répandre le mensonge selon lequel nous aurions été libérés des prisons israéliennes après avoir présenté des excuses à Israël. Et le plus triste, c’est que même des personnes en qui nous avions confiance, que nous savions bien intentionnées, ont participé à ces diffamations depuis le confort de leurs fauteuils, en sirotant leur café chaud — attaquant ainsi l’honneur et la dignité de ceux qui, pendant des jours, ont tenu tête à leurs interrogateurs, enfermés dans des cellules de béton, sans manger ni boire, avec pour seule arme leur résistance.


Une calomnie qui détourne le regard de Gaza


J’aurais voulu vous parler ici de la résistance dans ces cellules, du courage de mes amis et de la détresse d’Israël. J’avais prévu de poursuivre les
"Journaux de la flottille"
dans cet esprit. Mais ces calomnies nauséabondes ont détourné notre énergie et notre attention de Gaza, pour nous forcer à défendre notre propre honneur. Et cela, c’est précisément ce qu’Israël voulait.
C’est pourquoi j’ai refermé, pour l’instant, ce carnet.
Mais j’écris ces lignes comme un devoir moral, au nom de tous mes camarades du bateau et des cellules.

Nous étions 36 citoyens turcs expulsés lors de la première vague. Quatorze de nos amis sont restés. Pourquoi ? La réponse ne se trouve pas dans les mensonges des diffamateurs, mais dans la stratégie collective de la flottille elle-même.

Une décision stratégique, pas une capitulation


Deux jours avant l’attaque israélienne, la Délégation turque de la Flottille Sumud avait pris une décision claire : chacun devait signer le document permettant une expulsion sous 72 heures. Ce n’était ni un moment de peur, ni un choix individuel, mais une consigne officielle répétée à plusieurs reprises.

Certains ont protesté, bien sûr. Mais le but était stratégique : éviter que des activistes turcs, dans un pays avec lequel nous n’avons pas de relations diplomatiques, ne restent prisonniers du système judiciaire illégal d’Israël, et permettre leur retour rapide en Türkiye afin qu’ils puissent témoigner et poursuivre la lutte depuis l’extérieur.


Et ce document, que disait-il exactement ?


Ce n’était ni une excuse, ni une expression de remords.
C’était simplement une procédure administrative relevant du droit international des migrations.
La question posée était :
"Acceptez-vous d’être expulsé du territoire israélien, où vous avez été amené illégalement ?"

Si vous signez, vous êtes renvoyé sous 72 heures, sans procès.

Si vous refusez, vous passez devant un juge quelques jours plus tard — et vous êtes renvoyé de toute façon.

Le résultat ne change jamais. Seuls la forme et le délai diffèrent.

Il n’y a donc eu ni excuse, ni recul : simplement le respect d’une décision collective et d’une stratégie réfléchie.


Deux voies, une même cause


Ceux de la première vague ont suivi cette décision. Ceux qui sont restés ont choisi une autre voie : s’unir à des activistes européens pour provoquer une crise diplomatique et attirer l’attention sur la détention arbitraire. Les deux démarches visaient le même objectif : défendre la légitimité du convoi et dénoncer le blocus.

Les deux étaient justes. D’ailleurs, parmi ceux partis les premiers, certains n’avaient pas signé ; et parmi ceux restés, certains l’avaient fait.


Mais l’intention d’Israël ne faisait aucun doute.

Un agent civil, dans un turc maladroit, m’a dit : "Nous ne voulons pas de vous ici. Vous allez partir, et vite."


Le vrai terrain de la lutte


Ces polémiques interminables ont fini par obscurcir l’objectif principal : Gaza.

Elles ont servi exactement la stratégie d’Israël, qui préfère voir les défenseurs de Gaza s’entre-déchirer.

Nous, nous avons choisi le silence, pour protéger nos amis restés là-bas et préserver la cause.

Mais ceux qui se font les bourreaux de notre dignité en disant
"ils ont présenté des excuses à Israël"
, qu’ils sachent ceci :

Même derrière ces portes de fer, nous criions le nom de Gaza. Nous écrivions sur les murs des cellules. Le temps révélera où chacun se tenait, qui a résisté et qui, consciemment ou non, a servi le moulin de l’oppresseur. Gaza continuera à filtrer les consciences, comme un tamis, séparant ceux qui parlent depuis leur confort de ceux qui se battent vraiment.

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