Le 10 novembre, une série de réunions de très haut niveau s’est tenue à la Maison-Blanche. Le président intérimaire syrien Ahmed ech-Chara et le ministre des Affaires étrangères Esad Hassan Cheybani ont été reçus par Donald Trump. Les entretiens se sont enchaînés à un rythme soutenu. D’autres responsables américains ont également participé : le secrétaire d’État Mark Rubio, Tom Barrack, Steve Witkoff, ainsi que le ministre des Affaires étrangères de La Türkiye, Hakan Fidan. Le dossier syrien a dominé
Le 10 novembre, une série de réunions de très haut niveau s’est tenue à la Maison-Blanche. Le président intérimaire syrien Ahmed ech-Chara et le ministre des Affaires étrangères Esad Hassan Cheybani ont été reçus par Donald Trump.
Les entretiens se sont enchaînés à un rythme soutenu. D’autres responsables américains ont également participé : le secrétaire d’État Mark Rubio, Tom Barrack, Steve Witkoff, ainsi que le ministre des Affaires étrangères de La Türkiye, Hakan Fidan. Le dossier syrien a dominé les discussions,
mais certains échanges ont aussi intégré Gaza et l’Iran.
Les déclarations publiques sont restées très limitées. Pourtant, ceux qui suivent attentivement les évolutions régionales n’ont eu aucune difficulté à comprendre qu’il s’agissait de réunions décisives, où des décisions critiques ont probablement été prises. Dans les prochains jours, nous verrons jusqu’à quel point elles seront mises en œuvre.
Une chose apparaît désormais clairement : la Syrie glisse peu à peu dans l’orbite du système occidental. Le régime de Damas, acculé, n’a plus vraiment le luxe d’y résister. Le fait d’avoir accepté d’intégrer la coalition anti-Daech constitue l’un des signes les plus avancés de cette évolution. Cela comporte, pour le HTS, un aspect particulièrement tragique. Mais pour qui raisonne de manière dialectique, rien de surprenant : l’histoire transforme parfois les alliés d’hier en adversaires.
L’objectif américain semble viser à créer une base d
entre Damas et Hassaké. L’existence d’un ennemi commun est censée rapprocher les deux parties. Le plan pourrait même se prolonger au Liban, contre le Hezbollah pro-iranien. On imagine sans peine que cette perspective ne réjouit guère les cadres du PKK syrien, qui souhaitent conserver le monopole de la lutte contre Daech.
Mais Washington poussera. Impossible pour l’instant d’en prédire l’issue.
Il reste néanmoins évident que cette dynamique pourrait réduire,
"dans une certaine mesure",
les ambitions d’autonomie radicales du PKK syrien concernant l’intégration Damas-Hassaké. Plus important encore, si ce processus se concrétise, il pourrait offrir une certaine légitimité au rapprochement Ankara-Damas, notamment sur le plan militaire, et limiter les capacités de blocage d’Israël. Ce qui, on le devine, ne plaira guère à Tel-Aviv, qui exprime déjà son malaise face au resserrement des liens entre Washington et Damas.
Les lignes rouges de Washington et les calculs d’Ankara
Il faut admettre que les États-Unis, La Türkiye et Damas ne renoncent pas à l’idée d’un État syrien unitaire. Dans le même temps, Washington sait que satisfaire les velléités autonomistes du PKK syrien lui ferait perdre Ankara.
Or La Türkiye n’est pas un partenaire que les États-Unis peuvent sacrifier aisément.
Malgré l’irritation d’Israël, ils savent pertinemment que, sur Gaza, rien ne peut avancer sans La Türkiye.
Tom Barrack a également souligné combien il était crucial pour Washington d’assurer la continuité territoriale entre la Méditerranée orientale et la Caspienne. En ce sens, le poids stratégique de La Türkiye devient encore plus clair. Ankara, assurément, en est consciente. Les États-Unis doivent donc trouver un terrain d’entente entre Ankara et Hassaké, mais surtout entre Ankara et Tel-Aviv. La présence de Hakan Fidan à la Maison-Blanche relève probablement de cette logique. Les prochaines décisions concrètes nous indiqueront jusqu’où les acteurs sont parvenus à s’accorder.
Reste un point essentiel : si l’existence d’un ennemi commun peut rapprocher Hassaké et Damas autour de la lutte contre Daech, pourquoi le même scénario ne serait-il pas étendu à d’autres régions ?
Les derniers signaux montrent que, même si l’administration américaine évite d’afficher une posture trop agressive contre la Russie, elle travaille, en sous-main, à affaiblir
Le récent rassemblement des États turciques à la Maison-Blanche en constitue la dernière illustration. Autrement dit : Washington ne veut pas seulement atteindre la Caspienne, mais étendre son influence jusqu’au cœur de l’Asie.
Reste à observer les réactions individuelles ou conjointes de l’Iran et de la Russie, ainsi que le niveau de soutien que leur accordera la Chine. Pour l’heure,
l’Iran semble être la cible prioritaire.
C’est là que se pose la question qui m’inquiète : qu’attend-on exactement de La Türkiye ?
Souhaite-t-on ouvrir un front kurdo-turc commun contre un
, l’Iran ?
Je suis convaincu que les décideurs d’Ankara, forts de longues années d’expérience, mesurent parfaitement les risques de cette configuration et prennent les précautions nécessaires.
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