Nissan: perte nette annuelle de 4,1 milliards d'euros, 20.000 suppressions d'emplois prévues

15:2213/05/2025, mardi
AFP
Le constructeur japonais, confronté à une crise de rentabilité et à des surtaxes américaines, ferme 7 usines d’ici 2027 et suspend ses prévisions de bénéfices pour 2025-2026.
Crédit Photo : MARIO TAMA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP
Le constructeur japonais, confronté à une crise de rentabilité et à des surtaxes américaines, ferme 7 usines d’ici 2027 et suspend ses prévisions de bénéfices pour 2025-2026.

Le constructeur automobile japonais en difficulté Nissan a essuyé en 2024-2025 une perte nette annuelle colossale, plombé par une douloureuse restructuration qui le conduira d'ici 2027 à fermer 7 usines et à supprimer 20.000 emplois, soit 15 % de ses effectifs mondiaux.

"La réalité est claire : nous avons une structure de coûts très élevée. Pour compliquer encore les choses, le marché mondial est volatil et imprévisible, ce qui rend la planification et l'investissement de plus en plus difficiles"
, a déclaré mardi le PDG Ivan Espinosa.

Nissan, dont le français Renault détient 35 %, a annoncé avoir enregistré une perte nette de 671 milliards de yens (4,1 milliards d’euros) sur l'exercice décalé achevé fin mars, légèrement inférieure à la perte record de 1999-2000.

Cette contre-performance s’explique notamment par les coûts liés au plan de redressement engagé. Fortement endetté, confronté à la perte de rentabilité et à l’essoufflement des ventes sur ses marchés clés – États-Unis et Chine –, Nissan avait annoncé en novembre vouloir réduire de 20 % ses capacités de production. Le nombre de suppressions de postes, initialement fixé à 9.000, a été réévalué à 20.000 à l’horizon 2027.


"Nous ne ferions pas cela si ce n’était pas nécessaire pour survivre"
, a assuré M. Espinosa.

Le groupe prévoit également de réduire de 17 à 10 le nombre de ses usines de production de véhicules et d’accélérer les coupes dans ses dépenses d’investissement. Il a déjà abandonné son projet d’usine de batteries au lithium dans le sud du Japon.

Incertitude liée aux droits de douane américains


L’action Nissan a perdu 40 % sur un an. L’entreprise fait face à un fort endettement, des agences comme Moody’s ayant abaissé sa note en raison de sa faible rentabilité et d’un catalogue de modèles vieillissants.


Le constructeur a vu ses ventes mondiales reculer de 5,5 % au premier trimestre 2025 à 869.000 véhicules, avec des baisses marquées en Chine (-27,5 %), au Japon (-9,8 %) et en Europe (-3,4 %).

Le chiffre d’affaires annuel reste stable à 12.633 milliards de yens (76,9 milliards d’euros). Nissan n’a toutefois fourni aucune prévision de bénéfice pour l’exercice en cours, invoquant
"l’incertitude liée aux politiques douanières américaines"
, notamment la surtaxe de 25 % imposée depuis avril par Washington sur les véhicules importés. Or, Nissan a vendu 924.000 véhicules aux États-Unis en 2024, dont 45 % étaient importés du Japon et du Mexique.

Vers une restructuration accélérée


Les discussions entamées fin 2024 avec Honda pour une alliance stratégique ont échoué, précipitant le départ du PDG Makoto Uchida. Ivan Espinosa, nommé en remplacement, entend renforcer le plan de redressement avec une approche plus rigoureuse.


Nissan prévoit notamment de réduire de 70 % la complexité de ses pièces détachées et de raccourcir à 37 mois le développement de ses nouveaux modèles. Malgré un effondrement de 27 % des ventes en Chine au premier trimestre 2025, le constructeur y investira 1,4 milliard de dollars d’ici 2026.

Enfin, Foxconn, géant taïwanais de l’assemblage électronique et partenaire d’Apple, a exprimé son intérêt pour le rachat de la participation de Renault dans Nissan, dans un contexte où le groupe cherche de nouveaux partenaires.


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