OpenAI abandonne son projet de devenir une société à but lucratif

17:056/05/2025, mardi
AFP
Face aux critiques croissantes et après des échanges avec les autorités américaines, OpenAI choisit de maintenir son statut à but non lucratif, freinant les ambitions de certains investisseurs, dont SoftBank.
Crédit Photo : MARCO BERTORELLO / AFP
Face aux critiques croissantes et après des échanges avec les autorités américaines, OpenAI choisit de maintenir son statut à but non lucratif, freinant les ambitions de certains investisseurs, dont SoftBank.

OpenAI, l’entreprise à l’origine de ChatGPT, a annoncé lundi l’abandon de son projet de devenir une société à but lucratif, mettant fin à un débat houleux qui agite la communauté de l’intelligence artificielle (IA) depuis des mois.

La décision a été officialisée par son directeur général Sam Altman, dans un message adressé au personnel et publié sur le site de l’entreprise.


"OpenAI n’est pas une entreprise normale et ne le sera jamais"
, a écrit Sam Altman.
"Nous avons pris la décision de rester une société à but non lucratif après avoir écouté des leaders de la société civile et échangé avec les bureaux des procureurs généraux de Californie et du Delaware."

Une décision à contre-courant des investisseurs


Portée par l’explosion de l’IA générative depuis 2022, OpenAI est devenue l’une des startups les plus valorisées de la Silicon Valley. Son modèle ChatGPT a marqué un tournant technologique et commercial, générant un intérêt sans précédent.

Mais cette croissance s’est accompagnée de pressions financières croissantes: la conception, l'entraînement et le déploiement de ses modèles exigent des dizaines de milliards de dollars d’investissements. L’an dernier, un plan de transition vers un statut lucratif avait été annoncé, afin de permettre à ses partenaires financiers de récolter des retours sur investissement.


Parmi eux, la société japonaise SoftBank, qui s’était engagée à investir jusqu’à 30 milliards de dollars sous condition de ce changement de statut. Cette somme pourrait désormais être revue à la baisse, à 20 milliards, selon une clause contractuelle.

Elon Musk en opposant majeur


Le projet avait également suscité de vives critiques de la société civile et de figures influentes du secteur, dont Elon Musk, cofondateur d’OpenAI en 2015 avec Sam Altman, avant de quitter l’entreprise en 2018. L’homme d’affaires avait vivement dénoncé l’évolution d’OpenAI, allant jusqu’à l’attaquer en justice et proposer son rachat.


Altman avait alors sèchement répondu que
"OpenAI n’est pas à vendre"
.

Une gouvernance hybride préservée


Dans sa nouvelle feuille de route, OpenAI précise que sa structure actuelle sera conservée. Une entité opérationnelle pourra générer des bénéfices, mais elle restera sous la supervision d’un conseil d’administration à but non lucratif.


"Ce choix nous permettra de continuer à réaliser des progrès rapides et sûrs, et de donner à tous l’accès à une IA performante"
, a affirmé Altman.

Quelles conséquences pour les investisseurs ?


Le maintien du statut non lucratif pourrait remettre en question le tour de table de 40 milliards de dollars annoncé fin mars, le plus important jamais enregistré dans la tech pour une entreprise non cotée. OpenAI, qui vise une valorisation de 300 milliards de dollars, pourrait devoir ajuster sa stratégie de financement.

Les réactions d’acteurs clés comme SoftBank, mais aussi d’autres investisseurs ayant misé sur une rentabilité rapide, seront déterminantes pour l’avenir du projet.


Une IA pour tous ou pour les marchés ?


Ce revirement illustre les tensions profondes entre valeurs éthiques et intérêts commerciaux dans le développement de l’intelligence artificielle. La décision d’OpenAI est saluée par ceux qui défendent un accès démocratique à l’IA, mais risque d’inquiéter les marchés et d’affaiblir sa capacité de levée de fonds à long terme.


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