Le Niger nationalise la filiale du géant français de l'uranium Orano

09:4320/06/2025, Cuma
AFP
Le régime militaire de Niamey met la main sur l'industrie de l'uranium face à un Orano marginalisé.
Crédit Photo : ERIC PIERMONT / AFP
Le régime militaire de Niamey met la main sur l'industrie de l'uranium face à un Orano marginalisé.

Le régime militaire au pouvoir au Niger a annoncé jeudi la nationalisation de la Société des mines de l'Aïr (Somaïr), filiale du groupe français Orano, ex-Areva, marquant un tournant décisif dans les relations déjà très tendues entre Niamey et Paris.

"Face au comportement irresponsable, illégal et déloyal d'Orano, société détenue par l'État français, un État ouvertement hostile au Niger (...) l'État du Niger décide en toute souveraineté de nationaliser la Somaïr"
, a déclaré la télévision publique RTN, relayant un compte-rendu du Conseil des ministres.

Selon les autorités nigériennes, l'intégralité des actions et du patrimoine de la Somaïr est transférée à l'État nigérien, les anciens actionnaires devant bénéficier d'une indemnité compensatoire.


Un symbole des tensions France-Niger


Ce dossier incarne la rupture diplomatique et économique entre le Niger et la France, accusée à plusieurs reprises par la junte de vouloir
"déstabiliser le pays"
, notamment via un soutien présumé à des groupes armés, des allégations jamais étayées.

L’annonce intervient dans un contexte de forte instabilité sécuritaire : jeudi, 34 soldats nigériens ont été tués dans une attaque à Banibangou, à la frontière malienne.


Orano écarté, le Niger change de cap


En décembre 2024, Orano avait reconnu avoir perdu le contrôle opérationnel de ses trois principales entités au Niger : la Somaïr, Cominak (fermée depuis 2021) et le gisement d’Imouraren, l’un des plus grands au monde avec 200 000 tonnes de réserves estimées. Ce dernier permis lui a été retiré en juin 2024.


Bien qu’Orano reste majoritaire au capital à plus de 60%, la société a lancé plusieurs procédures d’arbitrage international, dont la dernière remonte à janvier 2025, après la perte du contrôle de la Somaïr.

Saisie, perquisition, arbitrage


En mai, le groupe avait déclaré être sans nouvelles de son directeur local après une perquisition menée dans ses bureaux par les forces de sécurité nigériennes. Du matériel informatique et des téléphones avaient été saisis. Orano a saisi le procureur de la République, dénonçant une arrestation arbitraire et une détention illégale.


Orano exploite de l’uranium au Niger depuis 1971. Aujourd’hui, il se heurte à un tournant souverainiste de la junte militaire, arrivée au pouvoir par un putsch en 2023.


La fermeture de la frontière avec le Bénin empêche l’exportation de 1 300 tonnes de concentré d’uranium, d’une valeur estimée à 250 millions d’euros, toujours bloquées sur le site de la Somaïr.

Ruptures multiples : pétrole, armée, diplomatie


Outre le dossier Orano, Niamey a ordonné l’expulsion de travailleurs chinois du secteur pétrolier, reprochant à CNPCNP de ne pas respecter la législation locale.


Sur le plan militaire, les soldats français et américains ont été sommés de quitter le pays, et les États-Unis ont rétrocédé leur base de drones dans le nord du Niger en mars 2024.

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