Conflit entre le service public et les médias Bolloré : un bras de fer révélateur des tensions

La rédaction avec
17:4727/11/2025, jeudi
AA
Dans un courrier adressé à l’ARCOM, France Télévisions et Radio France dénoncent une "campagne de dénigrement systématique et quotidienne" visant l’audiovisuel public.
Crédit Photo : Capture video d'une enquête de France Télévisions / @ImpactMediaFR / X
Dans un courrier adressé à l’ARCOM, France Télévisions et Radio France dénoncent une "campagne de dénigrement systématique et quotidienne" visant l’audiovisuel public.

Le paysage audiovisuel français traverse une période de fortes tensions entre le service public et les médias appartenant à l’empire de Vincent Bolloré, à commencer par CNews, Europe 1 et Le Journal du Dimanche (JDD). Cette confrontation s’inscrit dans un contexte où la question du pluralisme et de l’influence éditoriale des groupes privés est plus que jamais au centre du débat.

L’origine récente de cette escalade est l’affaire dite "Legrand Cohen", dans laquelle deux figures du service public, les journalistes Thomas Legrand et Patrick Cohen, ont été accusés de connivence politique.


Selon plusieurs sources, ces accusations ont déclenché des échanges virulents entre médias, ravivant des tensions déjà existantes autour de la neutralité et de l’indépendance de l’information.


Accusations croisées


Les médias du groupe Bolloré reprochent aux chaînes publiques un biais supposé en faveur de la gauche, en particulier dans le traitement de sujets sensibles tels que l’immigration, la sécurité ou les questions sociétales.


Selon eux, France Télévisions et Radio France exerceraient une forme de propagande ou d’orientation idéologique, ce qui justifierait, à leurs yeux, un contre-discours éditorial.


Face à ces critiques, les groupes publics ont réagi en saisissant le tribunal des affaires économiques pour
"dénigrement"
contre CNews, Europe 1 et JDD, estimant que ces médias portaient atteinte à leur image et constituaient une concurrence déloyale.

Dans un courrier adressé à l’ARCOM, France Télévisions et Radio France dénoncent une
"campagne de dénigrement systématique et quotidienne"
visant l’audiovisuel public.

De leur côté, les responsables de l’empire Bolloré mettent en avant un supposé manque d’impartialité du service public, illustrant une confrontation bloc contre bloc.


Accusations d’islamophobie


La séquence a pris un relief particulier avec la diffusion, le 27 novembre, d’un reportage de l’émission Complément d’enquête sur France 2 consacré à la présence de discours islamophobes au sein de la chaîne d’information du groupe Bolloré.


Selon les auteurs de l’enquête et plusieurs associations, certains programmes contribueraient à la montée de la haine islamophobe en France. Le reportage relance le débat sur la responsabilité des médias dans la diffusion de contenus haineux et sur le rôle du régulateur, l’ARCOM, dans l’encadrement des programmes.

En novembre 2025, France Télévisions et Radio France ont officiellement assigné CNews, Europe 1 et JDD en justice pour
"dénigrement"
, après une série d’attaques médiatiques visant le service public, notamment dans le contexte de l’affaire Legrand Cohen. La direction de CNews a rejeté ces accusations, les qualifiant d
’"irresponsables"
et affirmant que l’offensive judiciaire vise à faire taire un concurrent.

Dans le même temps, l’ARCOM a retiré la fréquence TNT de C8, une autre chaîne du groupe Bolloré, pour non-conformité et sanctions répétées liées aux contenus diffusés — une première depuis la création de la TNT. Cette décision symbolise la fermeté croissante du régulateur face aux manquements répétés aux règles audiovisuelles.


Les enjeux


Au-delà des polémiques impliquant Thomas Legrand et Patrick Cohen, cette confrontation met en lumière des enjeux cruciaux pour le paysage médiatique français : le pluralisme de l’information, la crédibilité du service public à l’approche des élections présidentielles de 2027 et la régulation des contenus dans un contexte où la concentration des médias soulève des questions d’équilibre idéologique.


A lire également:






#audiovisuel français
#Bolloré
#médias