Enquête sur Lyron Abbou, alias Sword of Salomon

La rédaction
10:3818/08/2025, الإثنين
MAJ: 18/08/2025, الإثنين
Yeni Şafak
Photo de Lyron Abboud, alias Sword of Salomon
Crédit Photo : Sword of Salomon / X
Photo de Lyron Abboud, alias Sword of Salomon

Une enquête OSINT identifie Lyron Abbou, alias Sword of Salomon, comme l’auteur de campagnes de doxxing ciblant les militants pro-palestiniens en France. Gestionnaire immobilier de 32 ans, il publie informations personnelles et captures d’écran, provoquant licenciements et harcèlement en ligne. Un signalement officiel a été adressé au procureur de Paris pour provocation au harcèlement, atteinte à la vie privée et mise en danger d’autrui. Ses liens présumés avec des services de renseignement soulignent l’ampleur de ses activités numériques.

Qui est Lyron Abbou, alias Sword of Salomon ?


Une enquête en sources ouvertes (OSINT) a permis d’identifier l’homme derrière le pseudonyme
Sword of Salomon
, un compte anonymisé mais très actif dans les campagnes de doxxing ciblant les militants pro-palestiniens en France. Ce compte, suivi par plusieurs responsables publics et médiatiques, publie régulièrement des informations personnelles sur des militants, exposant des individus souvent jeunes au harcèlement et à la vindicte numérique.

Il s’agit de
Lyron Abbou
, âgé de 32 ans, gestionnaire immobilier domicilié dans le 3e arrondissement de Paris. Depuis plusieurs mois, Abbou mène une série d’actions numériques visant à déstabiliser des défenseurs de la Palestine, sous couvert de la lutte contre l’
"antisémitisme"
ou les propos
"haineux".

Crédit Photo : Sword of Salomon / X
Capture d'écran du compte twitter de Lyron Abboud

Diplômé de droit, Abbou effectue ses études supérieures à Créteil, ville où il a également fréquenté l'école Ozar Hatorah, selon le site de mairie. A cette époque, Abbou est présent sur X et son compte s'appelle LyronJew. Il y parle de son père qui est tailleur renommé, assez pour tailler le costume de personnalités, de sa petite sœur admise à l'ESG en 2015.


Copies d'écran du compte X de Lyron Abbou

Les informations publiées sur son compte suffisent à établir un lien direct permettant de remonter jusqu’à son identité.



Ces campagnes ont souvent été relayées par son compte, qui comptabilise à ce jour près de
150 signalements ciblés
.

Abbou est un militant pro-Netanyahou et affiche son soutien à l’extrême droite française qui le relaye abondamment.
Son engagement numérique, combiné à ses actions publiques sur les réseaux sociaux, révèle une stratégie concertée pour faire pression sur ceux qui défendent la Palestine, jusqu’à provoquer la perte de leur emploi ou leur marginalisation professionnelle.

Doxxing ciblé contre les militants pro-palestiniens


Le terme doxxing désigne la divulgation publique d’informations personnelles pour nuire à une personne.
Dans le cas de Lyron Abbou, alias Sword of Salomon, cette pratique ne se limite pas à la diffusion de noms et prénoms.

Elle inclut également la publication de
nationalités, liens familiaux, lieux de travail, établissements scolaires,
ainsi que des captures d’écrans de publications anonymes jugées problématiques.

Selon plusieurs témoignages, certains messages ont explicitement appelé à des sanctions professionnelles ou universitaires contre les victimes. Dans plusieurs cas, ces campagnes ont conduit à des licenciements ou à des exclusions scolaires, confirmant la dangerosité de cette approche numérique.


Crédit Photo : X / X
Exemple d'une manipulation de Lyron Abboud de diaboliser un discours anti-israélien.

Si effectivement dans quelques cas, certaines dénonciations de
Lyron Abbou
sont bel et bien fondées sur l'antisémitisme, il demeure que dans une proportion non négligeable, pour ne pas dire majoritairement, les personnes ciblées sont des citoyens faisant preuve de solidarité avec Gaza auxquels
Sword of Salomon
prête des allusions antisémites.

En effet, aucune personne ciblée n'est comparue devant un tribunal et n'a été reconnue coupable d'antisémitisme.


Un signalement officiel adressé au
procureur de Paris
, dont Nouvelle Aube a eu connaissance, souligne que les agissements de Sword of Salomon pourraient constituer des infractions pénales:
provocation au harcèlement
,
atteinte à la vie privée
et
mise en danger d’autrui
, en violation des articles 222-33-2-2 et 226-1 du Code pénal. Le signalement précise que cette méthode de dénonciation publique va bien au-delà de ce qu’autorise la loi et expose directement les victimes à des risques graves.

"Ces campagnes ciblées mettent des vies en danger, en particulier celles de jeunes militants qui n’ont fait qu’exprimer leur soutien au peuple palestinien"
, indique le texte du signalement adressé au procureur.

Des liens présumés avec les services de renseignement


Par recoupements de plusieurs informations publiquement disponibles, il a été avancé que Lyron Abbou pourrait entretenir des liens avec
des services de renseignement français et israéliens
. Si ces connexions étaient confirmées, elles pourraient relever des articles 411-6 à 411-8 du Code pénal, relatifs à la
trahison et à la collaboration avec une puissance étrangère
, passibles de dix ans d’emprisonnement et de 150 000 euros d’amende.

Ces allégations restent pour l’instant à confirmer devant la justice, mais elles soulignent l’ampleur potentielle des ramifications de ses actions. Le fait que ses campagnes de doxxing ciblent systématiquement les militants pro-palestiniens laisse penser à une coordination méthodique, plutôt qu’à des actes isolés.


Un financement via l’immobilier


Pour financer ses activités en ligne, Lyron Abbou utiliserait des fonds transitant par
l’agence immobilière GEMBNM
, domiciliée en région parisienne. Ces fonds serviraient à maintenir les infrastructures numériques, à financer les opérations de recherche sur les cibles et à assurer la diffusion de contenus sur les plateformes sociales.

Page instagram de Gembnb, société détenue par Lyron Abbad

Le recours à des structures professionnelles légitimes pour financer des actions numériques pouvant nuire à autrui constitue un
élément aggravant
selon le Code pénal, et pourrait ouvrir la voie à des enquêtes financières et fiscales parallèles.

Statuts de la société GemBnb, détenue par le doxeur Lyron Abbou, plus connu sous le nom de Sword of Salomon

Signalement au Procureur


Le
signalement au procureur de Paris
détaille les pratiques de
Sword of Salomon
et met en avant plusieurs infractions pénales potentielles :

  • Provocation au harcèlement
    : en incitant à la vindicte contre des individus, certains jeunes et vulnérables.
  • Atteinte à la vie privée
    : en publiant nom, prénom, lieu de travail et autres informations personnelles notamment les liens familiaux.
  • Mise en danger d’autrui
    : en exposant ces personnes à des conséquences graves, professionnelles et psychologiques.

Le signalement précise que le compte Sword of Salomon, bien qu’anonyme, est actif depuis plusieurs années et que ses actions ont été répétitives et méthodiques. À travers ce signalement, l’auteur appelle la justice française à ouvrir une enquête afin de mettre un terme à ces pratiques et de protéger les victimes.


"La justice doit se saisir de ces faits avant que d’autres vies ne soient irrémédiablement affectées"
, conclut le texte adressé au procureur.

L’impunité face au doxxing pro-israélien


Malgré la gravité de ses actes et son soutien affiché à la politique de Netanyahou, Lyron Abboud n’a jusqu’à présent fait l’objet d’aucune procédure judiciaire.
Cette impunité soulève de sérieuses interrogations
sur la tolérance accordée aux individus qui, à travers des actions en ligne, participent à la répression des voix solidaires du peuple palestinien.

Des spécialistes du numérique et des droits civiques rappellent que le
harcèlement en ligne ciblé
constitue un risque majeur pour la démocratie et pour la liberté d’expression. Les campagnes de doxxing, lorsqu’elles ne sont pas sanctionnées, créent un climat de peur qui dissuade les citoyens de s’exprimer et protège ceux qui agissent pour des intérêts géopolitiques spécifiques.

Témoignages et impacts des campagnes


Plusieurs militants pro-palestiniens ayant été ciblés par Sword of Salomon ont accepté de partager leur expérience sous couvert d’anonymat. Leurs témoignages convergent :


  • Perte d’emploi:
    dans certains cas, la diffusion des informations a conduit à des licenciements immédiats.
  • Pression psychologique
    : les victimes rapportent stress, anxiété et peur d’être exposées à de nouvelles attaques.
  • Isolement social:
    le harcèlement en ligne a entraîné un retrait des réseaux sociaux et une rupture de liens amicaux ou professionnels.

Ces témoignages confirment la dangerosité des pratiques de Lyron Abboud et la nécessité d’une intervention judiciaire rapide.


Les enjeux pour la société et la justice


L’affaire Lyron Abboud illustre un problème plus large: la difficulté pour la justice française à suivre et sanctionner le
doxxing ciblé pour des motifs politiques ou idéologiques
.

Avec la montée des conflits géopolitiques et l’influence des réseaux sociaux, de nombreux militants pro-palestiniens ou anti-guerre se trouvent exposés à des campagnes de harcèlement sophistiquées et coordonnées.


La tolérance implicite à ces pratiques soulève une question fondamentale: la justice française protège-t-elle équitablement toutes les victimes, indépendamment des orientations politiques ou des opinions exprimées ?


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