Un sixième procès en France lié au génocide des Tutsi au Rwanda s'ouvre mardi à Paris: un ancien médecin comparaît devant la cour d'assises, soupçonné d'avoir participé aux massacres de 1994.
Son procès est prévu jusqu'au 22 décembre et l'accusé, qui conteste les faits, encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
Proche notamment de Jean Kambanda, Premier ministre du gouvernement intérimaire institué après l'attentat contre l'avion du président hutu Juvénal Habyarimana, M. Munyemana est soupçonné d'avoir contribué à la rédaction d'une motion de soutien à ce gouvernement, qui a encouragé les massacres.
Il est aussi accusé d'avoir participé à un comité de crise ayant mis en place des barrières et des rondes au cours desquelles des personnes ont été interpellées avant d'être tuées.
Près de 70 témoins doivent être entendus pendant le procès.
De fait, la question du temps qui passe est centrale dans les affaires liées au génocide.
Plus le temps passe, moins on a de témoins.
Arrivé en France où résidait déjà sa femme en septembre 1994, père de trois enfants, M. Munyemana a exercé comme médecin urgentiste dans le sud-ouest du pays avant de se réorienter en gériatrie.
Alors qu'il était visé par un mandat d'arrêt international émis par les autorités rwandaises, sa demande d'asile a été rejetée en 2008. La justice française a toutefois refusé en 2010 de l'extrader pour qu'il soit jugé dans son pays.
Il s'agit du plus ancien dossier instruit en France, au nom de la compétence universelle de la justice française, sur des faits liés au génocide.
Ouverte en 1995 après une plainte déposée à Bordeaux (sud-ouest), l'information judiciaire avait été transférée en 2001 à Paris. L'ordonnance de mise en accusation n'a été rendue qu'en 2018.
Trois hauts fonctionnaires, un officier, un gendarme et un chauffeur ont déjà été condamnés à Paris à des peines allant de 14 ans de prison à la perpétuité, pour leur participation aux massacres. Certains vont être rejugés en appel.