
Dans une interview exclusive, la psychiatre Fatma Bouvet de la Maisonneuve alerte sur les dégâts psychiques du racisme et de l’islamophobie en France. Elle raconte les souffrances de ses patients stigmatisés pour leur faciès, leur origine ou leur culture musulmane, qu’ils soient croyants, athées ou simplement "Arabes". Face à des médias déconnectés et des discours politiques dangereux, elle met en lumière une France solidaire, fraternelle et engagée, qui lutte contre les discriminations. Pour elle, psychiatres et citoyens doivent agir ensemble pour briser ce climat mortifère et redonner espoir à celles et ceux que la République marginalise.
Un Tour de France contre la haine ordinaire
Depuis plusieurs mois, Fatma Bouvet de la Maisonneuve sillonne la France. Psychiatre reconnue, auteure d’ouvrages sur les discriminations et les souffrances psychiques qu’elles engendrent, elle alerte sur une réalité trop souvent occultée : les dégâts psychologiques du racisme ordinaire.
Racisme anti-Arabe et islamophobie
La psychiatre souligne une réalité que peu osent dire à voix haute : en France, l’islamophobie est non seulement présente, mais elle produit des troubles psychiques profonds, allant de l’anxiété chronique à des états dépressifs sévères.
Des chiffres aujourd’hui confirmés par la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), qui note une hausse continue des actes racistes anti-arabes et une banalisation des discours islamophobes dans l’espace public, notamment à travers les médias et les réseaux sociaux.
Une pression psychique invisible
Cette rhétorique, ajoute-t-elle, nourrit une hiérarchisation des citoyens, qui abîme le lien social et pousse les personnes issues de l’immigration post-coloniale à se vivre comme des citoyens conditionnels.
Le racisme ne tue pas seulement socialement. Il tue psychologiquement. Il épuise. Il ronge.
Plusieurs études récentes confirment ses observations cliniques. L’INSERM, en collaboration avec l’Observatoire des inégalités, a montré que les personnes victimes de discriminations raciales ont 2,5 fois plus de risques de développer des troubles anxieux sévères, et près de 3 fois plus de risques de souffrir de dépression.

96% des victimes de racisme ne portent pas plainte
Ces soutiens, souvent invisibilisés par le discours médiatique dominant, constituent pourtant une force vive dans la lutte contre le racisme.
Une mobilisation citoyenne ignorée
Le rôle des psychiatres comme lanceurs d’alerte
Son Tour de France est justement conçu comme une immersion dans cette France invisible. Loin des studios parisiens, elle écoute les récits de souffrance, mais aussi d’espoir, d’initiatives locales, de luttes concrètes contre la xénophobie.
Il nourrit l’angoisse, l’hostilité, le sentiment d’insécurité, tout en invisibilisant la solidarité réelle sur le terrain.