ONU : les dirigeants mondiaux réunis à New York sur fond de crises, de conflits et de fractures géopolitiques

13:2122/09/2025, lundi
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Des Palestiniens déplacés remplissent des conteneurs d'eau dans la région de Mawasi, à Khan Yunis, le 14 août 2025, alors que les organisations internationales s'efforcent de fournir de l'eau potable à la population dans un contexte de crise qui s'aggrave et de propagation de maladies dues au manque d'hygiène dans la bande de Gaza.
Crédit Photo : AFP /
Des Palestiniens déplacés remplissent des conteneurs d'eau dans la région de Mawasi, à Khan Yunis, le 14 août 2025, alors que les organisations internationales s'efforcent de fournir de l'eau potable à la population dans un contexte de crise qui s'aggrave et de propagation de maladies dues au manque d'hygiène dans la bande de Gaza.

Les dirigeants mondiaux se réuniront cette semaine à New York pour la 80e session de l'Assemblée générale des Nations unies, un anniversaire historique de l'organisation éclipsé par de profondes divisions mondiales, des conflits violents et une liste de participants qui met en évidence l'état fracturé du monde.

Au cours de cette semaine de haut niveau, qui débutera lundi, les chefs d'État et de gouvernement aborderont un programme chargé de sommets sur le climat, le développement et l'intelligence artificielle, qui culminera avec le grand débat général, au cours duquel ils s'adresseront au monde entier du 23 au 29 septembre.


Annalena Baerbock, ancienne ministre allemande des Affaires étrangères, élue présidente de la 80e session, a défini la mission de cette réunion comme un appel à l'action.


"Préserver ce que l'ONU a accompli depuis 1945. Renouveler NOTRE Organisation des Nations unies. Faire en sorte que l'ONU soit prête pour l'avenir, prête à remplir sa mission",
a déclaré Baerbock à propos de la réunion.
"C'est la tâche de notre époque. Mieux ensemble !"

Le thème de la session est :
"Mieux ensemble : 80 ans et plus pour la paix, le développement et les droits de l'homme"
, une devise qui contraste fortement avec le paysage géopolitique actuel.

Une liste historique et divisée


La liste des participants et des absents en dit long sur le climat international actuel.


L'un des événements les plus marquants est la venue à New York du président syrien Ahmed al-Charaa pour s'adresser à l'assemblée, une première pour un chef d'État syrien depuis 1967. Sa présence témoigne d'un changement radical dans la position internationale du pays après la chute du régime du parti Baas en décembre dernier.

La participation des dirigeants des zones de conflit les plus instables au monde est également confirmée. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky sera à New York pour le débat et une série de réunions bilatérales. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu doit également prendre la parole, alors que son pays mène une guerre génocidaire à Gaza et que la communauté internationale reconnaît de plus en plus l'État palestinien.


Le président iranien Masoud Pezeshkian sera présent, alors que Téhéran vient d'annoncer qu'il suspendait sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) à la suite d'un vote du Conseil de sécurité de l'ONU sur des sanctions. L'émir du Qatar, Cheikh Tamim bin Hamad Al Thani, sera également présent après l'attaque israélienne contre la capitale de son pays.

Cependant, plusieurs grandes puissances envoient des délégations de moindre importance. Le président russe Vladimir Poutine ne participera pas à l'événement cette année encore, et c'est le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov qui dirigera la délégation de Moscou. La Chine sera représentée par le Premier ministre Li Qiang, et non par le président Xi Jinping. De même, le Premier ministre indien Narendra Modi ne sera pas présent et a chargé le ministre des Affaires étrangères S. Jaishankar de s'exprimer au nom du pays.


Les complexités diplomatiques sont encore soulignées par la situation du président palestinien Mahmoud Abbas, qui s'est vu refuser un visa américain. À la suite d'un vote de 145 voix contre 5 à l'Assemblée générale, il sera autorisé à s'adresser à l'assemblée par vidéo.

Par ailleurs, le siège de l'Afghanistan reste occupé par l'envoyé du gouvernement en place avant 2021, ce qui signifie que les talibans n'auront aucune présence officielle, car ils ne sont toujours pas reconnus par la grande majorité des pays du monde.


En tant que pays hôte, les relations bilatérales des États-Unis sont également un facteur déterminant dans le niveau de participation à la réunion. Le Venezuela, dont les relations avec Washington sont tendues, sera représenté par son ministre des Affaires étrangères, Yvan Gil. Quant à la Corée du Nord, elle envoie comme d'habitude un représentant de niveau intermédiaire à la réunion.


Débat général : une tribune pour exprimer ses griefs


Le débat général, qui se tient dans la vaste salle de l'Assemblée générale, reste le moment fort de la semaine.

Il offre aux dirigeants une tribune unique pour exprimer leurs griefs, défendre leurs politiques et façonner le discours international.


Les discussions devraient être dominées par la guerre génocidaire menée par Israël contre Gaza et le conflit entre la Russie et l'Ukraine.


La paralysie du Conseil de sécurité face à ces conflits alimentera de nouveaux appels passionnés en faveur d'une réforme de l'organe le plus puissant de l'ONU afin qu'il reflète mieux les réalités mondiales contemporaines.


Au-delà du podium : une semaine de sommets


Alors que le débat général fait la une des journaux, une grande partie du travail concret de la semaine se déroule dans un tourbillon de réunions de haut niveau. La semaine débutera officiellement lundi par une réunion de haut niveau pour commémorer le 80e anniversaire des Nations Unies.


Elle sera suivie du "SDG Moment", un événement annuel destiné à galvaniser l'action en faveur de la réalisation des objectifs de développement durable d'ici à l'échéance de 2030. Cette réunion est considérée comme un moment crucial pour relancer l'engagement mondial.

Le Sommet des dirigeants du Pacte mondial des Nations Unies réunira mardi des chefs d'entreprise, des responsables des Nations Unies, des chefs de gouvernement, des parties prenantes des objectifs de développement durable (ODD) et des représentants de la société civile afin d'examiner la contribution du secteur privé à la réalisation des ODD.


Mercredi, un important sommet sur le climat sera consacré à la démonstration de l'engagement en faveur de la protection des personnes et de la planète, ainsi qu'à l'accélération des actions conformes aux objectifs de l'accord de Paris.


Les anniversaires occuperont une place importante, avec un événement de haut niveau marquant les 30 ans de la Déclaration de Pékin sur les droits des femmes, qui a fait date, afin d'évaluer les progrès réalisés en matière d'égalité des sexes. De même, une autre conférence commémorera le 30e anniversaire du Programme d'action mondial pour la jeunesse, qui vise à renforcer la collaboration entre les générations.


Dans une perspective d'avenir, les dirigeants lanceront un dialogue mondial sur la gouvernance de l'intelligence artificielle, réunissant les parties prenantes afin d'explorer les cadres applicables à cette technologie transformatrice.

Les questions urgentes relatives à la sécurité et au bien-être mondiaux sont également à l'ordre du jour. La réunion annuelle de haut niveau visant à promouvoir l'élimination totale des armes nucléaires abordera ce que l'ONU considère comme sa priorité absolue en matière de désarmement. Parallèlement, un sommet dédié traitera de la prévention des maladies non transmissibles et de la promotion de la santé mentale.


La 80e session de l'Assemblée générale s'est officiellement ouverte le 9 septembre et se poursuivra jusqu'au 8 septembre 2026. Cependant, pendant une semaine intense en septembre, l'attention du monde entier sera tournée vers New York pour voir si une organisation née d'une guerre mondiale peut trouver un moyen de favoriser la coopération dans un monde au bord de multiples crises.


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