Des journalistes sénégalais tiennent des banderoles et crient des slogans lors de la marche pour la libération de leur collègue Pape Alé Niang à Dakar le 18 novembre 2022, arrêté pour avoir critiqué le gouvernement.
Reporters sans frontières exhorte le nouveau chef de l'État sénégalais à agir en faveur de la liberté de la presse après trois années d'agressions et d'arrestations de journalistes ou de suspensions de médias sous la présidence de Macky Sall.
"L'arrivée au pouvoir de nouvelles autorités le 2 avril 2024 est une opportunité pour que le visage balafré des médias au Sénégal cicatrise",
dit RSF dans un rapport publié jeudi et très critique à l'encontre de l'ancien pouvoir.
Bassirou Diomaye Faye a été élu au premier tour de la présidentielle après trois années de crise au cours desquelles
"les conditions d'exercice du métier de journaliste se sont progressivement dégradées dans un pays longtemps considéré comme un bastion de la liberté de la presse en Afrique",
dit RSF.
En trois ans, le Sénégal a reculé de la 49e à la 94e place au classement mondial de la liberté de la presse de RSF, explique l'ONG.
"Avec plus de 20 interpellations ou arrestations de journalistes depuis le mois de mars 2021, avec des dizaines d'agressions de professionnels de l'information par les forces de l'ordre ou des individus lors des manifestations, et avec des vagues de cyberharcèlement, le constat est sans appel: les multiples entraves à la liberté de la presse et au travail des journalistes s'illustrent par leur caractère politique, notamment dans un contexte électoral",
dit le rapport.
Les autorités ont menacé le droit à une information plurielle
"en suspendant de manière abusive l'accès à internet et aux réseaux sociaux, ainsi que celui de certains médias jugés critiques du pouvoir",
ajoute-t-il.
Ces faits illustrent l'urgence de garanties d'indépendance éditoriale pour les rédactions et d'une plus grande soutenabilité économique des médias, selon RSF.
L'ONG recommande de diligenter systématiquement des enquêtes et des poursuites en cas de violences sur les journalistes. Elle demande la suppression, dans la loi, des peines de prison pour les infractions de presse. Elle relève que les charges de
"diffusion de fausses nouvelles"
ou
"offense au chef de l'État"
, sujettes à interprétation, ont été
"souvent instrumentalisées contre des journalistes perçus comme critiques du pouvoir".
Un militant politique et un prêcheur ont été condamnés lundi à trois mois de prison ferme pour
"diffusion de fausses nouvelles"
après des propos ciblant le Premier ministre Ousmane Sonko et ses récentes déclarations sur l'homosexualité.
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