Le bilan désastreux des JO d'Athènes

11:2722/03/2024, vendredi
AFP
Stade olympique de beach-volley abandonné dans la zone côtière de Faliro à Athènes, le 19 février 2024.
Crédit Photo : Angelos TZORTZINIS / AFP
Stade olympique de beach-volley abandonné dans la zone côtière de Faliro à Athènes, le 19 février 2024.

Vingt ans après les Jeux olympiques d'Athènes, le bilan est sombre. Les infrastructures sportives, autrefois prestigieuses, sont aujourd'hui à l'abandon, symbolisant les difficultés de gestion post-événement. Les coûts exorbitants, les retards de construction et les dettes ont plombé l'économie grecque, impactant même la formation des athlètes. Malgré quelques transformations positives, comme la croissance du tourisme, les leçons de cette expérience remettent en question le modèle des grands événements sportifs pour les petits pays.

Des chaises de bureau cassées et des brochures de voyage carbonisées jonchent le sol de ce terrain de la côte athénienne. Le bâtiment décrépi, aux fenêtres cassées, est barbouillé de graffitis et rempli d'ordures. Difficile d'imaginer que c'est sur ces lieux qu'il y a vingt ans se déroulèrent les compétitions de beach-volley des Jeux olympiques d'Athènes.


Le sort de ce site sportif est emblématique des graves difficultés rencontrées par la Grèce pour gérer l'"après" JO-2004.

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Le stade de beach-volley abandonné dans la zone côtière olympique de Faliro, à Athènes.

Pour le président du Comité olympique hellénique, Spyros Capralos, s'il y a une seule leçon à tirer des Jeux olympiques d'Athènes, c'est que les villes hôtes
"ne devraient pas essayer de construire des installations permanentes qui ne serviront à rien par la suite".


"Ce n'est un secret pour personne que la Grèce a dépensé beaucoup d'argent pour construire des installations ultramodernes. Mais après la construction, il n'y avait plus de budget"
pour assurer la valorisation et l'entretien des infrastructures, explique le responsable dans un entretien à l'AFP.

Les JO d'Athènes ont coûté 8,5 milliards d'euros, selon le ministère grec des Finances.

La fermeture du stade olympique, où se déroulèrent les prestigieuses compétitions d'athlétisme, a même dû être ordonnée par le gouvernement en septembre dernier après que le toit en acier de 18.000 tonnes a échoué aux tests de sécurité.


J'ai dit à chaque ministre des Sports lors de leur prise de fonction, 's'il vous plaît, effectuez des travaux d'entretien'.

Costas Cartalis, l'un des principaux superviseurs pour l'État grec pendant les travaux de construction de 2001 à 2004, estime que les Jeux ont été
"oubliés, tout comme l'obligation d'utiliser les sites".

"C'est un problème récurrent avec les infrastructures publiques"
en Grèce, précise-t-il.

Certains sites ont cependant été transformés en un centre commercial, une université, un champ de tir pour la police et en bureaux pour la protection civile.

Sur la côte athénienne, à Elliniko, des installations sportives, en ruine depuis des années, ont été démolies pour faire place à un projet résidentiel, un casino et un parc.


Vingt ans après, les JO d'Athènes sont restés célèbres pour les retards légendaires lors de leur préparation. Changements de planification, remaniements de personnel et procédures judiciaires ont gonflé la facture finale.

Et c'est par la suite la formation des futurs athlètes grecs qui en a pâti avec des ressources financières plombées. À l'approche des Jeux olympiques de Paris, certains sportifs grecs se sont plaints de devoir aller s’entraîner à l’étranger, faute de bonnes conditions pour le faire dans leur pays natal.


Dans certains cas, les équipements d'entraînement sont si obsolètes que les athlètes risquent de se blesser, se désole Spyros Capralos.


Ces coûteux Jeux olympiques sont également venus plomber la dette d'une Grèce frappée six ans après les JO par une crise financière aigüe qui l'a contrainte à recourir à des plans d'austérité sévères.

"Cela aurait pu être organisé à un coût bien inférieur, mais comme il y avait des retards, le doublement des équipes était nécessaire, ainsi que le travail de nuit, ce qui coûte plus cher"
, expliquait-il également.

Selon l'agence nationale des statistiques ELSAT, la dette a augmenté de plus de 71 milliards d'euros entre 2000 et 2005. Après les Jeux et jusqu'en 2010, elle a encore grimpé de 145 milliards d'euros. Néanmoins, selon Costas Cartalis, les Jeux ont eu un effet positif sur l'économie.

"La croissance du tourisme est en grande partie le résultat de la visibilité liée aux Jeux olympiques",
constate-t-il.

Selon la confédération grecque du tourisme, les arrivées de touristes ont presque doublé entre 2005 et 2017. Mais pour Costas Cartalis, à l'avenir, le CIO devrait envisager un modèle comme celui de la Coupe du monde, où plusieurs pays co-organisent l'événement.


Car,
"pour les petits pays, c'est un fardeau trop lourd"
, juge-t-il.

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