L'Inde enfin en lice sur le marché des puces, se réjouit un pionnier de la tech

10:321/10/2025, mercredi
AFP
Vellayan Subbiah, le PDG de CG Power.
Crédit Photo : X /
Vellayan Subbiah, le PDG de CG Power.

Quand Narendra Modi a annoncé, début septembre, que l’Inde rejoindrait le club très restreint des pays producteurs de microprocesseurs, Vellayan Subbiah a su que le moment était venu.

À 56 ans, le PDG de CG Power dirige une nouvelle usine inaugurée dans l’État du Gujarat, destinée à devenir l’un des fers de lance de la stratégie
"made in India"
voulue par le Premier ministre.

"C’est la première fois de ma carrière que je vois le gouvernement, les décideurs et les investisseurs sur la même longueur d’ondes"
, confie-t-il à l’AFP.
"Tous sont d’accord sur la nécessité pour l’Inde de développer une industrie nationale. C’est très excitant."

New Delhi a déjà investi l’équivalent de 18 milliards de dollars dans dix projets liés aux semi-conducteurs, dont deux usines à Noida, près de la capitale, et à Bangalore, dans le sud. Les premières puces devraient sortir d’ici la fin de l’année, sur un marché en forte croissance : estimé à 38 milliards de dollars en 2023, il a atteint près de 50 milliards en 2025 et pourrait franchir les 100 milliards d’ici 2030.

Selon Vellayan Subbiah, cette industrie pourrait générer
"plus de 100 milliards de dollars"
de retombées dans les cinq à sept prochaines années.

Retards et ambitions


L’Inde arrive tard sur ce marché dominé par Taïwan, les Pays-Bas, le Japon et la Chine.
"Il faut reconnaître qu’il y a un écart"
, admet le patron de CG Power. Mais le pays le plus peuplé du monde, avec 1,4 milliard d’habitants, dispose du vivier nécessaire pour combler ce retard.
"20 % des talents mondiaux en conception de semi-conducteurs viennent d’Inde"
, a rappelé Narendra Modi.

CG Semi Private Ltd, coentreprise fondée par CG Power avec deux partenaires, prévoit d’investir 900 millions de dollars dans deux usines. Objectif : concevoir ses propres puces et en détenir les brevets.


L’enjeu de l’autosuffisance


Malgré le potentiel, des obstacles persistent. La fuite des cerveaux indiens vers les États-Unis reste un défi majeur. Washington a récemment relevé le prix des visas H1-B à 100.000 dollars, mais l’Inde peine toujours à retenir ses ingénieurs.
"Nous préférons grandir avec des Indiens. Mais comment les faire revenir ?"
, s’interroge Subbiah, qui emploie déjà 75 expatriés dans son usine.

La géopolitique complique également la donne. En août, New Delhi a signé pour 68 milliards de dollars d’investissements avec le Japon dans le secteur des puces et de l’intelligence artificielle. Mais les tensions commerciales initiées par Donald Trump pourraient freiner les transferts de technologies américaines.


"Il n’y a que deux écosystèmes à bas coût au monde : la Chine et, bientôt, l’Inde"
, estime le PDG de CG Power.
"Si on se projette à 20 ou 30 ans, le centre de gravité du secteur pourrait bien se déplacer vers ces deux pôles."

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