Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
Devant un amphithéâtre comble à l’IRIC, l’ambassadeur de Türkiye au Cameroun, S.E. Volkan Öskiper, a livré une conférence marquante sur les défis sécuritaires turcs, alliant géopolitique, culture et coopération.
Dans une salle comble de l’amphithéâtre 250 de l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC), mardi dernier, l’ambassadeur de Türkiye au Cameroun, S.E. Volkan Öskiper, a captivé l’auditoire en livrant une réflexion profonde sur “les défis sécuritaires de la Türkiye”. Une conférence aussi géopolitique qu’humaine, qui a brillamment mêlé analyse stratégique, regard culturel et appel à la coopération.
"Sur des sujets comme la sécurité, je pense que l’on doit utiliser la langue avec laquelle on se sent plus fort"
, a lancé le diplomate en préambule. Sans notes, s’exprimant avec aisance et conviction, M. Öskiper a insisté sur l’importance d’une compréhension lucide de la notion de sécurité, non comme un état absolu, mais comme une quête permanente de distance avec le danger.
Une approche humaniste de la sécurité
Selon lui, dans plusieurs langues occidentales, le mot
est trop souvent associé à l’idée d’être en sûreté. Or, rappelle-t-il,
"sécurité ne veut pas dire être en sécurité, mais plutôt être éloigné du danger"
. Une nuance qui change tout, surtout lorsqu’on l’applique aux réalités du terrain.
Le diplomate a appuyé sa démonstration sur l’étymologie du mot russe bezopasnost – bez signifiant
et opasnost signifiant
. Une analyse linguistique qui, selon lui, reflète une vérité géopolitique :
"Vous pouvez avoir toutes les armes du monde, y compris nucléaires, et ne pas être en sécurité. La sécurité est un état d’esprit"
, a-t-il martelé.
De Türkiye au Cameroun: des parallèles évidents
La conférence s’est inscrite dans un contexte de renforcement des relations bilatérales entre le Cameroun et Türkiye, porté par une politique d’ouverture et une diplomatie active.
M. Öskiper a souligné les similarités entre les deux pays, malgré la distance géographique.
"Il y a trop de similitudes. Je peux le voir dans les rues, dans les conférences, chez les jeunes"
, a-t-il déclaré avec chaleur.
Depuis sa prise de fonction à Yaoundé il y a moins de quatre mois, l’ambassadeur dit avoir été frappé par les points de convergence entre les deux sociétés, notamment sur les plans culturels et sécuritaires.
La Türkiye face aux menaces régionales
Volkan Öskiper a également dressé un état des lieux des menaces sécuritaires qui pèsent sur la Türkiye: terrorisme aux frontières sud, instabilité en Syrie, tensions avec certains voisins régionaux.
Il a rappelé l’implication constante d’Ankara au sein de l’OTAN, mais aussi l’importance pour la Türkiye de définir sa propre stratégie de défense :
"Ce que nous avons appris, c’est que même entourés d’alliés, il faut toujours faire l’effort quotidien d’être de bons voisins, et de garder nos frontières stables"
.
À titre d’exemple, il a évoqué la frontière turco-iranienne, restée inchangée depuis près de 500 ans, non pas par hasard, mais grâce à une volonté continue de stabilité.
Une coopération sécuritaire à construire
Au-delà du diagnostic, la conférence de l’ambassadeur Öskiper a ouvert des perspectives.
Il a appelé à renforcer la coopération sécuritaire entre la Türkiye et le Cameroun, notamment dans la lutte contre le terrorisme, qui menace aujourd’hui plusieurs régions du pays.
Pour lui, la sécurité n’est pas un luxe. C’est une nécessité commune que les deux pays devront construire ensemble.
Par cette intervention à l’IRIC, Volkan Öskiper confirme la volonté d’Ankara d’être un partenaire stratégique du Cameroun. L’événement s’inscrit dans la continuité de l’ouverture diplomatique turque vers l’Afrique.
Un partenariat qui ne se limite pas à l’économie ou à l’éducation, mais qui s’étend désormais aux grands enjeux géostratégiques du XXIe siècle.
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