Cameroun: Le boom de la friperie, une économie de survie qui s’impose comme modèle commercial

La rédaction
16:3821/04/2025, Pazartesi
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
Avec près de 50 000 tonnes importées en 2023, la friperie s’impose au Cameroun comme un pilier économique et social des rues urbaines.

Avec près de 50 000 tonnes de vêtements d’occasion importés en 2023, le marché camerounais de la friperie ne cesse de croître. Entre nécessité sociale, débrouille économique et consommation alternative, cette filière informelle s’ancre dans le quotidien des citadins, transformant les trottoirs en véritables galeries marchandes.

Au coeur du marché Mokolo à Yaoundé la capitale camerounaise, le ballet quotidien des vendeurs de vêtements d’occasion témoigne d’une réalité économique puissante et persistante. Des cris des vendeurs à la criée résonnent sous le soleil, entre les piles de jeans usés, les chemises rayées et les sacs griffés usagés:
"500 francs CFA soit 1 dollard le t-shirt ! 1000 francs CFA soit 02 dollars le pantalon !"
.
Ici, la friperie n’est pas un phénomène marginal, mais un pilier de l’économie et de la consommation populaire.

Un commerce accessible et structuré


"Sans la friperie, beaucoup de Camerounais n’auraient tout simplement pas les moyens de s’habiller"
, confie Edmond, déballeur dans les rues de Mokolo. Comme lui, des milliers de jeunes, souvent sans emploi, se tournent vers ce commerce informel pour survivre.
La diversité des prix permet à chacun de s’y retrouver: des articles à bas coût pour les plus précaires, mais aussi des vêtements de meilleure qualité, parfois de marque, pour une clientèle plus exigeante.

Contrairement aux idées reçues, la friperie n’est pas nécessairement synonyme de mauvaise qualité. Yaouba Abdoulaye, coordonnateur des associations de vendeurs à la sauvette de Mokolo, insiste sur la complexité du secteur:
"La friperie a plusieurs catégories. On trouve des pièces uniques, originales, parfois même jamais portées"
. La friperie au Cameroun est donc un secteur segmenté, organisé, presque professionnel.

Un circuit mondial bien rôdé


Derrière chaque pièce vendue à Mokolo, c’est toute une logistique internationale qui s’active.
Les vêtements proviennent en majorité des pays européens, comme la Belgique, l’Allemagne, mais aussi parfois d’Europe de l’Est, du Royaume-Uni ou encore de l’Asie.
Souvent issus de dons à des associations caritatives ou collectés par des entreprises de recyclage textile, ils sont triés, compactés, mis en ballots, puis revendus en gros à des importateurs africains.

Une filière qui soutient des milliers de familles


Ce commerce emploie une multitude d’acteurs: importateurs, grossistes, détaillants, porteurs, couturiers, retoucheurs. À Mokolo, chaque ruelle est un microcosme économique, où la débrouille devient métier. Et pour beaucoup, c’est l’unique moyen de gagner leur vie, de nourrir leur famille ou d’envoyer leurs enfants à l’école. À une époque où l’Occident cherche à recycler son textile et où l’Afrique tente de s’inventer économiquement, le marché camerounais de la friperie incarne un paradoxe contemporain où la pauvreté génère de la richesse.


Par
Franck Péraise Mballa

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