
À moins de trois mois de l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, l’atmosphère politique au Cameroun s’échauffe. Depuis le 12 juillet dernier, le siège d’Élections Cameroon (Elecam) à Yaoundé ne désemplit pas. Hommes politiques, militants, journalistes, observateurs, tous les regards sont désormais tournés vers ce carrefour décisif où se jouent les premières cartes d’une course électorale qui s’annonce historique.
Au cœur de cette effervescence politique, la candidature du président sortant Paul Biya pour un 8e mandat. À 92 ans, celui qui dirige le pays depuis 1982 ne semble pas prêt à céder les rênes. Porté par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), Biya entend défendre son bilan et sa promesse de stabilité dans un contexte régional toujours fragile.
Face au géant RDPC, plusieurs figures de l’opposition affûtent déjà leurs armes. Parmi elles, Akere Muna, Cabral Libii, Joshua Osih et désormais Maurice Kamto. Ce dernier, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a finalement déposé sa candidature ce 18 juillet, mais sous la bannière du MANIDEM, le Mouvement Africain pour la Nouvelle Indépendance et la Démocratie, une alliance stratégique destinée à contourner les contraintes électorales qui bloquaient la participation du MRC.
Un coup politique audacieux qui relance la dynamique autour d’un homme que beaucoup voyaient hors course. Kamto mise sur son aura d’opposant farouche et ses précédentes performances électorales, notamment sa percée lors du scrutin de 2018, pour mobiliser les électeurs autour d’un discours de rupture.
Mais il n’est pas seul à prétendre incarner le changement. Cabral Libii, député du Parti Camerounais pour la Réconciliation Nationale (PCRN), revient avec une posture renforcée, un appareil politique plus structuré et un discours résolument ancré sur la jeunesse, la gouvernance et le développement local.
Quant à Joshua Osih, président du Social Democratic Front (SDF), il entend renouer avec l’héritage de feu Ni John Fru Ndi, tout en redonnant une vigueur nouvelle à un parti affaibli ces dernières années par des divisions internes.
L’enjeu dépasse donc la simple alternance dans ce pays secoué par une crise anglophone persistante, une jeunesse en quête d’emploi et une diaspora de plus en plus critique. Cette présidentielle constitue un test majeur pour la démocratie camerounaise.