
Des diplomates allemands exprimeraient un malaise face à la politique du gouvernement envers Israël, selon un article publié jeudi par l’hebdomadaire Der Spiegel.
Sous le titre "Révolte au ministère des Affaires étrangères", le magazine rapporte que l’approche de l’Allemagne vis-à-vis d’Israël suscite une frustration croissante au sein du personnel diplomatique.
Environ 130 diplomates auraient créé des groupes de discussion internes appelant le ministre des Affaires étrangères Johann Wadephul à adopter une position plus ferme à l’égard d’Israël. Des affiches exprimant la solidarité avec Gaza seraient même visibles sur les portes de certains bureaux et dans la cafétéria du ministère.
La plupart de ces diplomates sont des attachés, conseillers ou directeurs adjoints de service, âgés de 30 à 40 ans, chargés de la rédaction de rapports politiques mais exclus des processus décisionnels.
Certains d’entre eux ont également soulevé des inquiétudes juridiques concernant le soutien militaire apporté à Israël, craignant d’éventuelles responsabilités futures. En se fondant sur le droit international, ils avertissent que si la Cour internationale de justice (CIJ) concluait à des crimes de guerre, crimes contre l’humanité ou même à un génocide à Gaza, l’Allemagne pourrait être tenue responsable pour avoir fourni des armes en connaissance de cause de leur utilisation potentielle.
Martin Kobler, ancien ambassadeur notamment en Égypte et au Pakistan, a affirmé qu’un nombre croissant d’employés du ministère estiment que "les intérêts nationaux de l’Allemagne ne doivent jamais entrer en conflit avec son engagement envers le droit international". Il a également souligné l’inquiétude de ses collègues face à l’isolement grandissant de l’Allemagne au sein de l’Union européenne concernant sa position sur Israël.
Le mois dernier, 13 anciens ambassadeurs ont publié une lettre ouverte exhortant le gouvernement à adopter une position plus restrictive sur les exportations d’armes et la coopération militaire avec Israël.
Le ministère des Affaires étrangères a confirmé l’existence de ces groupes de discussion internes et indiqué qu’une rencontre avec le ministre Wadephul pour aborder ces préoccupations était à l’étude.