Yaoundé: La vitamine N, l’alchimie des plantes au service de la santé moderne

La rédaction
15:5629/05/2025, jeudi
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Franck Péraise Mballa / Nouvelle Aube
À Odza Borne 12, près de Yaoundé, le phytothérapeute Éric Owoundi cultive papaye et Moringa pour produire une vitamine 100 % végétale, alliant savoirs ancestraux et réponse locale aux carences nutritionnelles.

À Odza Borne 12, dans la banlieue verdoyante de Yaoundé, un jeune phytothérapeute transforme son jardin médicinal en laboratoire naturel. Éric Owoundi, 35 ans, cultive et prépare une vitamine 100 % végétale à base de feuilles de papaye et de Moringa, une réponse locale et ancestrale aux carences nutritionnelles et aux maladies digestives.

Quand les plantes prennent soin du corps et défient l’industrie pharmaceutique


C’est au petit matin que débute la journée d’Éric Owoundi, phytothérapeute depuis sept ans, dans son sanctuaire vert au cœur d’Odza. Ce vaste jardin qu’il a lui-même façonné est une mosaïque de plantes aux vertus thérapeutiques. Parmi elles, les feuilles de papaye et de Moringa, qu’il cueille avec soin sous le chant des oiseaux, pour fabriquer une vitamine baptisée "vitamine N".


Dans cette mini-forêt médicinale, chaque plante est une promesse de guérison. Éric ne se contente pas de les récolter: il les sèche, les mouline, les pasteurise selon des procédés traditionnels maîtrisés.


"La vitamine végétale faite à base de feuilles de papaye et de Moringa, va aider à booster ou alors à nourrir le corps des vitamines telles que la vitamine E, la vitamine K, B1, qui sont des vitamines qui aident pour le bon fonctionnement de l’organisme"
, explique-t-il calmement, au milieu de son atelier artisanal.

Loin des machines sophistiquées des laboratoires pharmaceutiques, Éric emploie une technique ancestrale. Après la mouture, la poudre est placée dans des bocaux, puis chauffée au feu de bois.
Cette pasteurisation traditionnelle, entre pierres et flammes, détruit les microbes tout en préservant les qualités nutritionnelles du produit. Le résultat final: une poudre mise en tablette, soigneusement empaquetée et vendue à 5 800 FCFA le pack, à destination d’une clientèle citadine de plus en plus ouverte aux alternatives naturelles.

Cette vitamine, il la recommande principalement pour renforcer le système digestif et lutter contre des affections courantes comme le paludisme, la fièvre typhoïde, l’hépatite D ou les troubles liés à la mauvaise alimentation. Pour Éric, c’est aussi une forme de résistance face à la dépendance aux produits chimiques:
"Aujourd’hui, les populations de Yaoundé s’alimentent de plus en plus mal… donc cette vitamine permet de lutter efficacement contre les maladies"
.

Plus qu’un remède, la vitamine N est un symbole: celui d’un retour aux sources, d’une médecine enracinée dans les savoirs locaux.

"La médecine traditionnelle est une médecine ancestrale qui a été utilisée avant l’apparition des médicaments, des solutions modernes. Donc aujourd’hui, la médecine conventionnelle doit déjà savoir que la médecine traditionnelle a aussi eu son efficacité parce qu’il est son grand frère"
, revendique Éric.

En alliant les savoirs ancestraux à une pratique rigoureuse et structurée, Éric Owoundi redonne à la phytothérapie ses lettres de noblesse. Sa vitamine N, conçue au cœur de son jardin médicinal, incarne cette nouvelle génération de thérapeutes africains, conscients des enjeux de santé publique mais aussi de l’importance de préserver les richesses botaniques et culturelles locales. Dans un contexte où l’autonomie sanitaire devient cruciale, son initiative ouvre une voie prometteuse vers une médecine plus naturelle, accessible et enracinée.


Par
Franck Péraise Mballa

A lire et à voir également:





#Cameroun
#Yaoundé
#phytothérapie
#médecine naturelle
#santé
#vitamine N
#médecine traditionnelle
#médecine ancestrale
#plantes médicinales