Algérie: Une génération de boxeuses inspirées par Imane Khelif

La rédaction avec
10:3913/03/2025, Perşembe
AFP
Deux jeunes filles s'entraînent dans un club de boxe de la ville d'Azazga, dans la province de Tizi Ouzou en Algérie, le 25 février 2025.
Crédit Photo : AFP / AFP
Deux jeunes filles s'entraînent dans un club de boxe de la ville d'Azazga, dans la province de Tizi Ouzou en Algérie, le 25 février 2025.

Depuis la victoire olympique d'Imane Khelif à Paris, la boxe féminine connaît un essor en Algérie, attirant de plus en plus de jeunes filles, même dans les régions conservatrices.

Dans un ancien abattoir municipal transformé en salle de boxe à Azazga, en Kabylie, Cerine Kessal s'entraîne pour réaliser son rêve: remporter l'or olympique, comme sa compatriote Imane Khelif, devenue la
"locomotive de la boxe féminine"
en Algérie.

"Je veux participer aux Jeux africains et aux championnats du monde, être comme Imane Khelif et gagner les Jeux olympiques"
, s’enthousiasme l’adolescente de 15 ans.

Imane Khelif, 25 ans, a remporté la finale des -66 kg aux JO de Paris l'été dernier. Une controverse mondiale sur son genre a terni son triomphe, mais les Algériens l'ont ardemment défendue, accourant par milliers pour l'acclamer à son retour au pays.


Depuis sa médaille, des clubs à travers l'Algérie ont vu affluer de jeunes filles désireuses de s’attaquer à ce sport longtemps dominé par les hommes.

Déjà double championne d'Algérie junior dans la catégorie des 54 kg, Cerine Kessal vise encore plus haut grâce à Imane Khelif.


Unique médaillée du club d'Azazga lors du dernier championnat, elle est devenue
"un modèle pour tous les boxeurs de la salle"
, souligne avec fierté son entraîneur, Djaafar Ourhoun.

Sur les 170 boxeurs du club, 20 sont des filles, et leur technique ne cesse de s'améliorer, assure-t-il.

"Parfois, cela suscite même la jalousie parmi les garçons"
, ajoute-t-il avec humour.

Pour l’arbitre international Nacim Touami, président de la section de boxe du club d'Azazga, le parcours d'Imane Khelif a créé
"une véritable obsession pour la boxe féminine".

Un engouement croissant


M. Touami rappelle qu’autrefois,
"les parents étaient réticents à laisser leurs filles pratiquer la boxe"
, préférant des sports comme le volley-ball ou la natation.

"Mais après le sacre d'Imane Khelif, nous avons constaté un véritable engouement"
, observe-t-il.

Manel Berkache, ancienne boxeuse et coach au club d'Azazga, confirme cet intérêt croissant, notamment de la part des mères.


"Ce sont désormais elles qui inscrivent leurs filles et assistent aux entraînements et aux combats"
, précise-t-elle.

"Imane Khelif a énormément contribué à la boxe féminine. Grâce à ses succès, de nombreuses jeunes filles ont rejoint ce sport"
, renchérit l'ancienne boxeuse Lina Debbou.

À Azazga, on soutient sans réserve Imane Khelif, au cœur d’une polémique sur son genre et cible d’une campagne de dénigrement sur les réseaux sociaux.

Pendant les JO de Paris 2024, la Fédération internationale de boxe (IBA) - non reconnue par le Comité international olympique - a affirmé que deux concurrentes, dont Imane Khelif, avaient été exclues des Mondiaux 2023 après un
"test de détermination de leur genre".

L'IBA prétend que ces deux boxeuses sont porteuses de chromosomes XY.


Huit mois après le tournoi olympique, l'IBA se dit confortée par un décret signé par l'ex-président américain Donald Trump visant à interdire aux athlètes transgenres de concourir dans les catégories féminines.


La championne, qui répète être
"née femme",
a promis de se battre
"sur le ring"
et
"devant les tribunaux"
jusqu'à ce que
"la vérité soit indéniable".

Un tabou brisé


Hayat Berouali, 14 ans, s'entraîne à Azazga depuis moins d’un mois et rêve de devenir championne.


"J'ai commencé à aimer la boxe en regardant les combats pendant les Jeux olympiques, surtout ceux d'Imane Khelif. Mes parents m'ont encouragée"
, confie-t-elle en souriant.

Même dans des régions conservatrices comme Djelfa, dans l'Atlas saharien à 300 kilomètres au sud d'Alger, ou Ain Defla, à 140 kilomètres au sud-ouest de la capitale, Imane Khelif fait des émules.


Le directeur technique du club Ennasr de Djelfa, Mohamed Benyacoub, explique qu'une première tentative d’introduire la boxe féminine en 2006 avait échoué.

"Mais depuis la victoire d'Imane Khelif, le sport féminin connaît un nouveau souffle. Le tabou selon lequel les femmes ne boxent pas est en train de disparaître"
, affirme-t-il.

À Ain Defla,
"des parents encouragent désormais leurs filles, y compris celles qui portent le hijab, à pratiquer la boxe"
, raconte Tarek Laoub, dirigeant du club local.

Le vice-président de la Fédération algérienne de boxe, Hocine Oucherif, parle même d’un
"phénomène Imane Khelif".

"Elle était dans tous les esprits pendant le Championnat d'Algérie junior en février",
confie-t-il.

"Imane Khelif est la locomotive de la boxe féminine en Algérie. Elle nous a donné une forte impulsion"
, affirme-t-il.

La preuve: le nombre de participantes au tournoi a doublé, atteignant 107 boxeuses cette année.


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