Céréales ukrainiennes: un accord crucial et constamment menacé

10:0014/07/2023, vendredi
MAJ: 14/07/2023, vendredi
AFP
Crédit photo: AGENCE IHLAS
Crédit photo: AGENCE IHLAS

L'accord sur le transit des céréales ukrainiennes en mer Noire expire lundi soir à minuit à Istanbul (21H00 GMT): considéré comme essentiel au ravitaillement mondial, il suscite des négociations tendues pour convaincre Moscou de le reconduire.

Signée en juillet 2022 avec la Russie et l'Ukraine sous l'égide de la Türkiye, pays facilitateur, et des Nations unies, l'Initiative sur les céréales en mer Noire vise à soulager les risques de famine dans le monde en garantissant malgré la guerre la mise sur le marché des productions agricoles ukrainiennes.


Pourquoi et par qui l'accord est-il menacé? 


Le 4 juillet, la Russie a prévenu ne voir
"aucune raison"
de prolonger l'accord sur les exportations de céréales ukrainiennes en se plaignant d'entraves à ses propres livraisons de produits agricoles.  


Moscou a régulièrement menacé au cours de l'année de se retirer en dénonçant les sanctions occidentales qui
"bloquent les exportations agricoles russes"

Mardi soir, la Russie a lancé une série d'attaques de drones contre un terminal céréalier de la région d'Odessa (sud de l'Ukraine), qui abrite trois ports clés pour l'exportation des céréales.


Peut-il encore être sauvé?


Le président turc Recep Tayyip Erdoğan, personnellement impliqué l'an dernier dans la négociation de l'accord, dont il est un des garants, assure que les négociations pour sa prolongation
"se poursuivent"
.

Le président ukrainien Volodymyr
"Zelensky le souhaite et (le président russe Vladimir) Poutine a des suggestions. Nous travaillons à une solution qui prendrait ces propositions en compte"
, a affirmé Erdoğan mercredi.

Jeudi, Vladimir Poutine a cependant affirmé que
"pas une seule"
des demandes russes n'avait été prise en compte à ce stade. Et d'ajouter:

Nous allons réfléchir à ce que nous allons faire, nous avons encore quelques jours pour cela.

Le Secrétaire général de l'ONU est également à la manœuvre. Selon son porte-parole, António Guterres souhaite lever les obstacles à l'exportation d'engrais russes - l'autre volet de l'accord de juillet 2022 dont Poutine dénonce le non-respect - en
"éliminant les entraves aux transactions financières de la banque agricole de Russie"

Guterres a adressé mardi une lettre en ce sens au chef du Kremlin, et cet accord était au centre d'une rencontre ONU-UE jeudi et ce vendredi près de Bruxelles.


L'accord est-il efficace? 


En garantissant la sécurité du trafic des cargos en mer Noire au départ des ports d'Ukraine, l'accord qui impose une inspection des navires par des représentants des quatre signataires, a permis d'exporter près de 33 millions de tonnes depuis son entrée en vigueur le 1er août 2022, en majorité blé et maïs. 

Destiné à éviter la flambée des prix et les famines dans les pays les plus vulnérables grâce à la mise sur le marché des productions ukrainiennes, il a bénéficié à 45 pays importateurs, en premier lieu la Chine (7,75 Mt), devant l'Espagne (5,6 Mt) et la Türkiye (3,1 Mt), selon le Centre de coordination conjointe qui réunit les quatre signataires, basé à Istanbul.


Le Programme alimentaire mondial a aussi pu fournir 725.000 tonnes de blé à des pays en crise comme l'Afghanistan, l'Éthiopie, le Kenya, la Somalie, le Soudan et le Yémen.


Priver le monde des céréales ukrainiennes
"affecterait la vie de millions de gens parmi les plus pauvres"
, insiste l'ONU.

Et aujourd'hui?


Depuis le début du mois de juillet les mouvements de bateaux s'effectuent au compte-gouttes. Entre le 2 et le 13 juillet, sept cargos ont quitté les ports ukrainiens d'Odessa et Tchornomorsk après inspection, selon les données officielles du Centre de coordination conjointe.


À titre de comparaison, il s'agit du trafic quotidien moyen qui était enregistré au mois d'octobre, quand plus de 130 cargos attendaient à l'entrée du Bosphore d'être inspectés pour continuer leur route vers la mer Noire.


Kiev a régulièrement accusé les inspecteurs russes de ralentir volontairement les procédures.


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