Cinq choses à savoir sur la famille impériale japonaise

13:0125/06/2024, mardi
AFP
L'empereur Naruhito et l'impératrice Masako posant au palais impérial de Tokyo à l'occasion du 64e anniversaire de l'empereur, le 23 février 2024.
Crédit Photo : Handout / Imperial Household Agency / AFP
L'empereur Naruhito et l'impératrice Masako posant au palais impérial de Tokyo à l'occasion du 64e anniversaire de l'empereur, le 23 février 2024.

Alors que la visite d'État au Royaume-Uni de l'empereur du Japon Naruhito et de l'impératrice Masako commence mardi, voici un tour d'horizon sur cette maison impériale ayant de profondes différences mais aussi des points communs avec la famille royale britannique.

Des origines mythiques


Selon la religion shinto, les empereurs du Japon descendent de la déesse du soleil, Amaterasu, et la légende fait remonter leur lignée à plus de 2.600 ans. C'est la dynastie la plus ancienne au monde, même si les premiers empereurs historiquement attestés ont régné au VIe siècle après J.C. Leur statut, leur pouvoir et leurs fonctions ont évolué au fil des époques.

À la fin du XIXe siècle, l'empereur est élevé au rang de divinité à révérer, un cadre idéologique exploité par les nationalistes et les militaires pour souder le pays et soutenir leurs ambitions impérialistes grandissantes en Asie-Pacifique. Après la défaite du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'occupant américain maintient l'empereur Hirohito pour préserver la cohésion nationale. Mais la Constitution de 1947, toujours en vigueur, cantonne le souverain à des fonctions symboliques, hors du champ politique.


Une famille discrète


Si le crime de lèse-majesté a été aboli en 1947, les critiques ouvertes contre l'empereur sont extrêmement rares au Japon. Une forme de "tabou médiatique" s'est installée autour de la figure impériale depuis les années 1960, initialement par crainte de représailles de groupuscules d'extrême droite, explique à l'AFP le sociologue français César Castellvi, spécialiste des médias nippons.


Aujourd'hui,
"cette tendance à la retenue des médias vis-à-vis de l'empereur est indissociable de l'image qu'en a aussi la population: pourquoi critiquer une figure appréciée, ou plus largement ignorée du public ?"
, ajoute M. Castellvi. Car la famille impériale évite de s'exposer à la critique en cultivant une image exemplaire, presque lisse, aux antipodes de la famille royale britannique, secouée par des scandales depuis des décennies. La communication est verrouillée par l'Agence de la maison impériale. Celle-ci vient seulement d'investir les réseaux sociaux en ouvrant un compte Instagram en avril, sur lequel elle publie des photos officielles et plutôt compassées.

Un problème de succession


La lignée impériale est menacée à cause de son mode de filiation patrilinéaire: le trône du Chrysanthème ne se transmet que par le lignage masculin. Comme Naruhito a une fille unique, l'avenir de la dynastie repose entièrement sur son neveu Hisahito, âgé de 17 ans et actuellement deuxième dans l'ordre de succession. Hisahito se situe derrière son père Fumihito d'Akishino, frère cadet de l'empereur.


Des travaux parlementaires se sont ouverts en mai pour discuter d'un éventuel assouplissement des règles de succession impériale. Mais le Parti libéral-démocrate au pouvoir (PLD, droite conservatrice) est farouchement contre l'abandon du système patrilinéaire. Neuf Japonais sur dix sont pourtant favorables à ce qu'une femme puisse accéder au trône, selon un récent sondage de l'agence de presse Kyodo.


Au malheur des dames


Le monde entier a été ému il y a quelques années par le lynchage médiatique du couple formé par la princesse Mako, l'une des nièces de l'empereur Naruhito, et le roturier Kei Komuro, son fiancé qui était jugé controversé en raison d'un litige financier concernant sa mère. Après plus de quatre ans de fiançailles, le couple s'est marié discrètement en 2021 puis est parti vivre aux États-Unis.

Mako a renoncé à toucher l'indemnité financière normalement accordée aux femmes quittant la maison impériale, une première dans l'histoire du Japon d'après-guerre. Dans les années 1990 et 2000, Masako, l'épouse de l'Empereur, a souffert de dépression et a évité les apparitions publiques pendant des années. Cette ancienne diplomate a longtemps subi la pression de l'Agence impériale, notamment parce qu'elle ne donnait pas d'héritier mâle. La mère de Naruhito, Michiko, a aussi connu des épreuves. En tant que première roturière à entrer dans la famille impériale, ses faits et gestes étaient particulièrement scrutés et elle était mal vue par les traditionalistes.


Un outil de "soft power"


Depuis plusieurs décennies, la famille impériale est devenue un outil de diplomatie parallèle pour le Japon: durant son règne, Akihito a régulièrement exprimé ses remords pour le passé militariste nippon, et des chefs d'État et de gouvernement étrangers en visite officielle au Japon sont souvent reçus au palais impérial. Naruhito a par ailleurs étudié à Oxford pendant deux ans (1983-1985), ce qui lui a permis de tisser des liens avec la famille royale britannique.


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