Flottille de la Liberté pour Gaza : Bayrou évoque une "instrumentalisation"

17:5211/06/2025, mercredi
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Le Premier ministre français François Bayrou quitte une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 11 juin 2025.
Crédit Photo : STEPHANE DE SAKUTIN / AFP
Le Premier ministre français François Bayrou quitte une séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale, la chambre basse du Parlement français, à Paris, le 11 juin 2025.

L'interpellation de Mathilde Panot au gouvernement, ce mercredi 11 juin à l'Assemblée nationale, a donné lieu à un échange tendu avec François Bayrou, Premier ministre français, sur la Flottille de la liberté et la situation humanitaire à Gaza.

"Où êtes-vous ? Où est la France ?"
, a lancé la présidente du groupe La France insoumise, interrogeant directement l'exécutif sur l'absence de réaction officielle ferme à la détention de quatre citoyens français, dont l'eurodéputée Rima Hassan, arrêtés par Israël après l'arraisonnement du voilier Madleen. Ce navire humanitaire, engagé dans une traversée vers Gaza, a été intercepté dans les eaux internationales dans la nuit du 8 au 9 juin.

"Mourir de faim ou mourir d'une balle ? Avez-vous vu les images insoutenables des Palestiniens abattus par l'armée israélienne alors qu'ils venaient juste chercher de l'aide alimentaire ?"
, a poursuivi Panot. Elle a salué
"la fierté de la France"
incarnée selon elle par les membres de la flottille, affirmant :
"Ils ont fait plus en dix jours que vous en vingt mois".
Elle a également rendu hommage aux dockers de Marseille, qui ont bloqué des cargaisons d'armes à destination d'Israël :

Ils ont fait l'honneur de notre pays.

Dénonçant une
"arrestation illégale en eaux internationales"
, Panot a accusé le gouvernement de manquer
"à tous [ses] devoirs, légalement, moralement, diplomatiquement"
et de rester silencieux alors qu'un
"État dirigé par un homme sous mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale"
retient des ressortissants français.

En réponse, François Bayrou a reconnu que
"ce qui se passe aujourd'hui à Gaza est inacceptable, intolérable et une souffrance, y compris pour ceux qui ont toujours défendu l'existence d'Israël"
. Il a souligné que
"la France est un des premiers États à avoir dénoncé cette situation"
, et qu'elle
"travaille à une réponse effective"
en faveur d'une solution à deux États.

Mais pour Bayrou
, "on ne peut pas parler de Gaza sans parler du 7 octobre"
, évoquant
"l'assaut et le pogrom que le Hamas a perpétré ce jour-là"
. Selon lui,
"ceux qui ont lancé l'assaut du 7 octobre voulaient obtenir la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui"
et
"la vraie cible du Hamas, c'était la possibilité de faire un jour la paix entre Israël et les Palestiniens"
.

Sur la Flottille, il a exprimé une mise en garde claire :
"Ces militants ont obtenu les faits qu'ils voulaient obtenir, mais c'est une instrumentalisation à laquelle nous ne devons pas nous prêter".
Il a défendu la voie diplomatique comme
"la seule solution possible et la seule digne"
.

Panot a immédiatement répliqué :
"Monsieur le Premier ministre, vous reprenez les éléments de langage de Netanyahu"
, le premier ministre israélien, Panot exigeant la convocation de l'ambassadeur israélien pour obtenir
"leur libération immédiate et inconditionnelle"
.

Bayrou a rejeté cette accusation :
"Je ne reprends aucun élément de langage de qui que ce soit. Je prends le seul élément de langage qui nous réunit, c'est-à-dire le regard des Français sur une situation inacceptable, mais instrumentalisée".

L'échange, applaudi et hué tour à tour par les différents bancs de l'hémicycle, reflète une fracture profonde sur la politique étrangère de la France au Proche-Orient. Alors que la situation humanitaire à Gaza continue de se détériorer, le débat sur le soutien aux militants pro-palestiniens et la position française vis-à-vis d'Israël est plus vif que jamais.

Situation humanitaire à Gaza


Depuis la reprise des hostilités le 18 mars 2025, les attaques israéliennes ont causé la mort de près de 5 000 Palestiniens, portant le bilan total à Gaza à plus de 55 000 morts, depuis le début du conflit en octobre 2023, suite à une attaque du Hamas. La majorité des victimes palestiniennes sont des civils, notamment des enfants et des femmes. Malgré l'annonce de cessez-le-feu, les violations persistent, aggravant la situation humanitaire déjà critique.


Pour rappel, la Cour internationale de Justice (CIJ) a ordonné à Israël, le 26 janvier 2024, de prévenir tout acte de génocide à l'encontre des Palestiniens à Gaza et de permettre l'accès à l'aide humanitaire. De son côté, la Cour pénale internationale (CPI) a émis, le 21 novembre 2024, plusieurs mandats d'arrêt, notamment contre le premier ministre israélien Benyamin Netanyahu pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis dans la bande de Gaza.

Par ailleurs, Israël bloque, depuis le 2 mars, l'entrée de toute aide humanitaire dans la bande de Gaza, invoquant des raisons de sécurité. Quelques autorisations minimes de passage de l'aide humanitaire ont été accordées, mais celles-ci demeurent largement insuffisantes pour répondre aux besoins de la population gazaouie.


Ce blocus a été condamné par plusieurs ONG, dont Médecins du monde, Oxfam et le Norwegian Refugee Council, qui alertent sur un
"effondrement total"
de l'aide humanitaire et dénoncent
"l'un des pires échecs humanitaires de notre génération".
Dans ce contexte, le ministre israélien de la Défense, Israel Katz, a réaffirmé qu'
"aucune aide humanitaire n'entrera à Gaza".

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