Guerre contre Gaza: Des diplomates britanniques invités à démissionner s'ils désapprouvent la politique du gouvernement

La rédaction avec
10:3311/06/2025, mercredi
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Crédit Photo : JUSTIN TALLIS / AFP
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Plus de 300 fonctionnaires du ministère britannique des Affaires étrangères (Foreign Office) ont exprimé leurs inquiétudes quant à une possible “complicité” du Royaume-Uni dans les opérations militaires menées par Israël dans la bande de Gaza.

D’après la BBC, ils ont été informés qu’ils pouvaient démissionner s’ils étaient en désaccord avec la politique du gouvernement.


Cette réaction est intervenue après l’envoi, le mois dernier, d’une lettre interne adressée au ministre des Affaires étrangères, David Lammy. Le courrier critiquait la poursuite des ventes d’armes britanniques à Israël et accusait ce dernier de faire preuve d’un “mépris flagrant pour le droit international”.


Datée du 16 mai et consultée par la BBC, la lettre dénonçait notamment les restrictions imposées par Israël à l’acheminement de l’aide humanitaire à Gaza, l’assassinat de 15 travailleurs humanitaires en mars, ainsi que l’expansion des colonies en Cisjordanie occupée.


Les signataires, issus de divers services à Londres et à l’étranger, craignent d’être personnellement exposés à des poursuites juridiques futures en raison de leur implication dans l’application de la politique gouvernementale. Il s’agit d’au moins la quatrième lettre de ce type envoyée depuis fin 2023, témoignant d’un malaise croissant au sein du ministère face à l’augmentation des victimes civiles à Gaza.


Dans une réponse datée du 29 mai, les hauts fonctionnaires Sir Oliver Robbins et Nick Dyer ont reconnu les préoccupations soulevées, tout en rappelant que les employés publics doivent appliquer la politique du gouvernement “sans réserve”, tant qu’elle reste conforme à la loi. Ils ont proposé la démission comme une “option honorable” pour ceux en profond désaccord, une suggestion qui a provoqué l’indignation parmi certains fonctionnaires.


Un diplomate, sous couvert d’anonymat, a déclaré à la BBC que cette réponse traduisait un “profond sentiment de déception” et un rétrécissement de l’espace de contestation interne.


Le ministère des Affaires étrangères a défendu sa position, affirmant avoir mis en place des mécanismes pour permettre au personnel d’exprimer ses préoccupations, tout en soulignant que le Royaume-Uni applique “rigoureusement le droit international” à Gaza.


Depuis l’arrivée au pouvoir du Premier ministre Keir Starmer, le gouvernement travailliste a suspendu une trentaine de licences d’exportation d’armes vers Israël (sur un total de 350), évoquant des risques sérieux de violations du droit humanitaire.


Le 19 mai, le Royaume-Uni s’est joint à la France et au Canada pour menacer Israël de “mesures concrètes” si l’offensive militaire se poursuivait et si les restrictions à l’aide humanitaire n’étaient pas levées.


Enfin, le ministère a rappelé son engagement à fournir des conseils impartiaux au sein de la fonction publique, en précisant qu’un “Conseil de contestation” et des séances d’écoute ont été mis en place pour répondre aux préoccupations du personnel.


Ces tensions internes illustrent les difficultés auxquelles le gouvernement britannique est confronté dans la gestion de sa politique sur Gaza, dans un contexte de pressions internationales croissantes et de vives dissensions internes.


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