
Anthonia Bayero n'a pas besoin d'un rapport officiel pour comprendre l'état de l'économie nigériane: en deux ans, elle a dû réduire de moitié la taille des beignets qu'elle vend sur le bord d'une route de la capitale Abuja, pour le même prix de 50 nairas (0,03 euros).
Depuis l'arrivée de M. Tinubu à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique en mai 2023, la monnaie locale, le naira, s'est fortement dépréciée par rapport au dollar, tandis que l'insécurité continue de s'aggraver à travers le pays.
En avril, plus de 100 civils ont été tués dans le nord-est lors d'attaques terroristes, selon les autorités, et un gouverneur a alerté sur le recul des forces armées dans certaines régions.
Insécurité persistante
Une série de massacres non élucidés a ainsi fait plus de 150 morts en un mois dans les États du Plateau (centre) et de Benue (sud-est), où éleveurs et agriculteurs s'affrontent souvent pour le contrôle des terres.
Dans le nord-est, les raids répétés de terroristes contre des bases militaires ont renforcé les extrémistes de Boko Haram et sa faction rivale, Daech.
Dans l'armée, un récent rapport du renseignement nigérian, consulté par l'AFP, s'inquiète de possibles "mutineries" de soldats liées au retard de paiement des soldes.
Le chef de l'Etat a notamment déployé de nouvelles troupes dans l'État du Borno (nord-est) pour endiguer les violences terroristes.
Des dizaines d'autres personnes ont trouvé la mort dans l'explosion de camions-citernes accidentés, alors qu'elles tentaient de récupérer de l'essence renversée sur la route.
Selon l'ONG Médecins sans frontières (MSF), plus de 250.000 enfants souffrant de malnutrition aiguë sévère ont été pris en charge en 2024, soit une hausse de 38 % par rapport à 2023, dans un contexte aggravé par la hausse des prix alimentaires, les déplacements de population dus aux violences, inondations ou autres, et la réduction de l'aide occidentale.
Production pétrolière en hausse
L'amélioration des indicateurs macroéconomiques du Nigeria s'explique en partie par l'augmentation de la production pétrolière, qui a récemment atteint 99% du quota de 1,5 million de barils par jour fixé par l'OPEP, un pic inédit depuis trois ans.
Le président Tinubu a engagé des réformes économiques majeures, notamment la fin des subventions sur les carburants et la libéralisation du naira.
Et à Abuja, des signes d'activité économique persistent.
D'une manière générale, le mécontentement est resté contenu au sein de la population. Des manifestations contre la vie chère ont notamment eu lieu en août dernier, mais elles ont été violemment réprimées par les autorités, avec 21 morts recensés selon Amnesty International.