
En 2024, 7 285 personnes ont été identifiées comme victimes de traite ou d’exploitation d’êtres humains en France. Parmi elles, 4 823 ont pu être accompagnées par l’un des 44 organismes interrogés dans le cadre d’une enquête annuelle publiée jeudi par la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (Miprof).
Par voie d’un communiqué, la Miprof précise que 89 % des victimes accompagnées étaient des femmes, et 86 % d’entre de ces victimes ont subi une exploitation sexuelle.
Les autres formes d’exploitation incluent le travail forcé, notamment domestique (11 %), l’exploitation à des fins d’activité criminelle (2 %) ou la mendicité contrainte (1 %).
Dépendance psychologique et physique
Les réseaux sont au cœur de ces mécanismes d’exploitation. Trois victimes sur quatre ont été exploitées dans le cadre d’un réseau structuré, souvent responsable de leur transfert en France (72 %). Deux sur trois étaient logées par leur exploiteur, et plus d’un quart vivaient directement à son domicile.
46 % des victimes et 72 % des mis en cause sont de nationalité française
Parmi les personnes poursuivies, 98 % ont fait l’objet d’une réponse pénale et 64 % des procédures ont donné lieu à l’ouverture d’une information judiciaire. Les infractions relevées concernent principalement le proxénétisme (47 %), suivi de l’exploitation par le travail (36 %) et de la traite stricto sensu (21 %).
Le phénomène reste majoritairement national : 46 % des victimes et 72 % des mis en cause sont de nationalité française.
Ces chiffres révèlent un phénomène en partie invisible, où les statistiques judiciaires et policières restent bien en deçà de la réalité mesurée par les associations de terrain.
Le contraste entre les données administratives et celles des associations souligne l’ampleur du travail encore nécessaire pour identifier, protéger et accompagner les victimes. À l’approche du 18 octobre, journée européenne dédiée à cette cause, l’appel à un renforcement des moyens et à une meilleure coordination des politiques publiques résonne plus fort que jamais.