Nauru met sa nationalité en vente pour survivre à la montée des eaux

La rédaction avec
10:2226/02/2025, Çarşamba
AFP
Face à la montée des eaux, Nauru propose sa nationalité pour 105.000 dollars afin de financer le déplacement de sa population menacée par le changement climatique, le 26 février 2025.
Crédit Photo : TORSTEN BLACKWOOD / AFP / Archive
Face à la montée des eaux, Nauru propose sa nationalité pour 105.000 dollars afin de financer le déplacement de sa population menacée par le changement climatique, le 26 février 2025.

Payer 105.000 dollars pour un passeport ouvrant les frontières de dizaines de pays: l'île-État de Nauru monnaye sa nationalité pour financer le futur déménagement de sa population, menacée par la montée des eaux, malgré les risques liés au système de "passeport doré".

Cet État insulaire océanien de faible altitude, situé en Micronésie, compte près de 13.000 habitants exposés aux effets du changement climatique, notamment la montée des eaux, qui commence à grignoter son littoral.


Les experts du climat de l'ONU estiment que Nauru et quatre autres États -les Maldives, les Tuvalu, les îles Marshall et Kiribati- risquent de devenir inhabitables d'ici 2100, provoquant 600.000 réfugiés climatiques.

Pour financer le déplacement des habitants vers l'intérieur de l'île, Nauru propose désormais à des étrangers d'acquérir sa nationalité moyennant 105.000 dollars.


"Pour Nauru, il ne s'agit pas seulement de s'adapter au changement climatique, mais de garantir un avenir durable et prospère pour les générations à venir"
, explique à l'AFP son Président David Adeang.

Avec une superficie de 21 kilomètres carrés, Nauru est l'une des plus petites nations du monde. Son plateau central, composé de roches phosphatées, a longtemps été exploitable, faisant de l'île un territoire parmi les plus riches par habitant.


Cependant, les réserves de phosphate sont aujourd'hui épuisées, laissant 80 % du territoire inhabitable, tandis que les zones côtières restantes sont menacées par la montée du niveau de la mer.


Un déménagement coûteux


Les financements climatiques actuels sont
"insuffisants"
pour faire face à ce défi, selon Edward Clark, responsable du Programme de citoyenneté pour la résilience économique et climatique, lancé en novembre. Les premières demandes sont déjà en cours d'examen.

Le gouvernement de Nauru espère récolter 5,7 millions de dollars la première année, avec un objectif de 43 millions de dollars annuels à terme, soit 20 % des recettes publiques.


Nauru estime que 90 % de sa population devra être relogée sur des terres plus élevées, aujourd'hui inhospitalières et nécessitant d'importants aménagements. Le coût de la première phase de ce déménagement massif est estimé à plus de 60 millions de dollars.

Pour financer ce projet, Nauru met en avant les avantages de son passeport, permettant une entrée sans visa dans près de 90 pays, dont le Royaume-Uni, l'Irlande ou les Émirats arabes unis.


Des risques déjà pointés


D'autres États du Pacifique, comme le Vanuatu, les îles Samoa et le royaume de Tonga, ont déjà adopté des programmes de
"passeport doré"
, rappelle le Lowy Institute, un centre de recherche australien.

Cependant, ce système est controversé car il peut faciliter des activités criminelles, prévient Henrietta McNeill, experte à l'université nationale australienne. Certains pourraient utiliser leur nouvelle nationalité pour échapper à la justice, blanchir de l'argent ou exploiter les exemptions de visa.


En 2003, une initiative similaire de Nauru avait abouti à l'attribution de passeports à des membres d'Al-Qaïda, arrêtés ultérieurement en Asie, selon la chaîne australienne ABC.


Edward Clark assure que des contrôles stricts sont désormais en place:
"Ce programme ne se limite pas à l'acquisition d'un nouveau passeport. Il s'agit aussi de rejoindre une communauté cherchant des solutions novatrices pour relever les défis mondiaux".

Depuis 2012, Nauru a reçu des millions de dollars du gouvernement australien pour accueillir des demandeurs d'asile. Toutefois, ce programme a été progressivement réduit après plusieurs décès, des tentatives de suicide et des saisines de la Cour pénale Internationale (CPI).


Nauru détenait encore 87 personnes au 31 août 2023.


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