
Payer 105.000 dollars pour un passeport ouvrant les frontières de dizaines de pays: l'île-État de Nauru monnaye sa nationalité pour financer le futur déménagement de sa population, menacée par la montée des eaux, malgré les risques liés au système de "passeport doré".
Cet État insulaire océanien de faible altitude, situé en Micronésie, compte près de 13.000 habitants exposés aux effets du changement climatique, notamment la montée des eaux, qui commence à grignoter son littoral.
Pour financer le déplacement des habitants vers l'intérieur de l'île, Nauru propose désormais à des étrangers d'acquérir sa nationalité moyennant 105.000 dollars.
Avec une superficie de 21 kilomètres carrés, Nauru est l'une des plus petites nations du monde. Son plateau central, composé de roches phosphatées, a longtemps été exploitable, faisant de l'île un territoire parmi les plus riches par habitant.
Cependant, les réserves de phosphate sont aujourd'hui épuisées, laissant 80 % du territoire inhabitable, tandis que les zones côtières restantes sont menacées par la montée du niveau de la mer.
Un déménagement coûteux
Le gouvernement de Nauru espère récolter 5,7 millions de dollars la première année, avec un objectif de 43 millions de dollars annuels à terme, soit 20 % des recettes publiques.
Pour financer ce projet, Nauru met en avant les avantages de son passeport, permettant une entrée sans visa dans près de 90 pays, dont le Royaume-Uni, l'Irlande ou les Émirats arabes unis.
Des risques déjà pointés
Cependant, ce système est controversé car il peut faciliter des activités criminelles, prévient Henrietta McNeill, experte à l'université nationale australienne. Certains pourraient utiliser leur nouvelle nationalité pour échapper à la justice, blanchir de l'argent ou exploiter les exemptions de visa.
En 2003, une initiative similaire de Nauru avait abouti à l'attribution de passeports à des membres d'Al-Qaïda, arrêtés ultérieurement en Asie, selon la chaîne australienne ABC.
Depuis 2012, Nauru a reçu des millions de dollars du gouvernement australien pour accueillir des demandeurs d'asile. Toutefois, ce programme a été progressivement réduit après plusieurs décès, des tentatives de suicide et des saisines de la Cour pénale Internationale (CPI).
Nauru détenait encore 87 personnes au 31 août 2023.