Les néoconservateurs font une crise de panique !

20:1818/05/2025, dimanche
MAJ: 19/05/2025, lundi
Abdullah Muradoğlu

Les critiques sévères formulées par Trump à l’égard des "néoconservateurs américains" et des "faucons libéraux constructeurs de nations" lors de sa visite dans le Golfe montrent que le discours "L’Amérique d’abord" commence à prendre forme. Cette visite a révélé la rupture entre Trump et Netanyahu. Netanyahu s’attendait à ce que Trump suive la ligne d’Israël. Trump, en revanche, a brandi un "carton jaune" à Netanyahu. Au sein de l’administration Trump, une guerre de position se déroulait entre les

Les critiques sévères formulées par Trump à l’égard des "néoconservateurs américains" et des "faucons libéraux constructeurs de nations" lors de sa visite dans le Golfe montrent que le discours "L’Amérique d’abord" commence à prendre forme. Cette visite a révélé la rupture entre Trump et Netanyahu. Netanyahu s’attendait à ce que Trump suive la ligne d’Israël. Trump, en revanche, a brandi un "carton jaune" à Netanyahu.


Au sein de l’administration Trump, une guerre de position se déroulait entre les faucons de la politique étrangère et les "isolationnistes pro-Amérique d’abord". La visite dans le Golfe montre que cette première bataille a été remportée par les isolationnistes. À en juger par les commentaires dans les médias israéliens, Israël était, peut-être pour la première fois, aussi ouvertement mis à l’écart de la politique du Moyen-Orient des États-Unis.


La visite de Trump dans le Golfe est un signe que les intérêts des États-Unis divergent de ceux d’Israël. Dans les médias américains, des opinions commencent à émerger selon lesquelles Israël n’est plus un "partenaire" mais un "fardeau". Cette nouvelle perception, selon laquelle les États-Unis ne toléreront plus que les frontières de leur politique au Moyen-Orient soient dictées par Israël, commence aussi à façonner les médias grand public américains.


L’article rédigé par le juif-américain Thomas Friedman dans le New York Times le 9 mai, intitulé "Ce gouvernement israélien n’est pas notre allié", était un signal d’alarme. C’était l’article le plus virulent jamais écrit dans les médias grand public à propos de Netanyahu. Friedman soulignait qu’Israël, en tant qu’État client, se comportait comme un subordonné des États-Unis, exigeait une fidélité aveugle, imposait des lignes rouges et faisait échouer d’importantes ouvertures diplomatiques.


Les "néoconservateurs", focalisés sur les intérêts d’Israël, ouvraient un feu nourri contre Trump à travers Steve Witkoff, figure principale de ses négociateurs. Ce feu nourri avait commencé avant même la visite dans le Golfe. Witkoff répondait aux critiques à son encontre dans une interview avec Breitbart News, l’un des organes de presse influents de la droite radicale. Dans cette interview partiellement publiée le 9 mai sur Breitbart, à la question : "Pensez-vous que ceux qui vous critiquent attaquent vos négociations parce qu’ils veulent la guerre plutôt que la paix ?", Witkoff attirait particulièrement l’attention sur un "élément néoconservateur" croyant que la guerre est le seul moyen de résoudre les problèmes.


Parmi les célèbres animateurs pro-israéliens, Mark Levin déclarait que Witkoff donnait en attaquant les néoconservateurs une image en réalité "antisémite". Levin affirmait que Witkoff parlait comme les "isolationnistes de la cinquième colonne", autrement dit "les hommes de l’ennemi de l’intérieur". Tucker Carlson, l’un des plus proches de Trump, critiquait les propos de Levin dans une émission avec le comédien libertarien Dave Smith. Carlson réagissait à l’étiquetage de Witkoff — lui-même juif — comme "antisémite". Carlson déclarait : "Si vous dites que Witkoff est antisémite, c’est que vous savez que vous avez perdu, n’est-ce pas ?"


Dans son émission du 13 mai, Mark Levin attaquait Tucker Carlson avec des paroles insultantes. Levin disait : "Ils ne diront pas que ce sont les juifs qui nous poussent à la guerre, ils diront que c’est Israël, que c’est Netanyahu. Ils ne diront pas que les juifs font ceci ou cela, c’est pour cela qu’ils utilisent le terme néoconservateur." Dave Smith, quant à lui, écrivait dans un post sur son compte X :


"L’autre jour, Mark Levin a répondu à Steve Witkoff en disant que ‘néoconservateur’ est une insulte utilisée pour désigner les juifs, et il l’a en fait traité d’antisémite. Aujourd’hui, Donald Trump a fustigé les néoconservateurs dans un discours prononcé en Arabie saoudite. Alors, Trump est-il lui aussi un antisémite de droite ‘éveillée’ ? Je parie que ces lâches n’oseront pas le dire."


Comme le montrent ces échanges, mettre les intérêts des États-Unis avant ceux d’Israël suffit à être accusé d’être ‘antijuif’. D’un autre côté, critiquer Israël est devenu un ‘crime’ aux États-Unis. Non seulement les étudiants étrangers, mais aussi les universitaires juifs qui critiquent les politiques génocidaires d’Israël sont la cible de cette impitoyable "chasse aux sorcières".


Un projet de loi visant à imposer des sanctions plus sévères contre ceux qui boycottent Israël avait été préparé par certains démocrates et républicains fortement pro-israéliens au Congrès américain. Ce projet, dont le vote était prévu pour le 5 mai, a été mis de côté après la réaction de plusieurs députés républicains, notamment la très trumpiste Marjorie Taylor Greene et Thomas Massie. Le soutien à Israël s’effrite également parmi les électeurs républicains. Tous ces développements qui font arracher les cheveux au "Lobby israélien" sont le signe que le soutien bipartisan traditionnel à Israël commence à s’éroder.

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