De nombreux signaux indiquent le recul régional d’Israël. Netanyahu a renoncé à ses exigences maximalistes en Syrie. Il réclamait auparavant la démilitarisation complète du sud du pays. Il a désormais réduit cette demande à la zone adjacente au Golan. Une vaste zone démilitarisée devait s’étendre jusqu’au territoire contrôlé par les FDS, formant un "corridor de David" reliant la région jusqu’à Deir ez-Zor. Finalement, le sud ne sera pas démilitarisé et Deir ez-Zor repassera sous contrôle de Damas.
De nombreux signaux indiquent le recul régional d’Israël. Netanyahu a renoncé à ses exigences maximalistes en Syrie. Il réclamait auparavant la démilitarisation complète du sud du pays. Il a désormais réduit cette demande à la zone adjacente au Golan.
Une vaste zone démilitarisée devait s’étendre jusqu’au territoire contrôlé par les FDS, formant un "corridor de David" reliant la région jusqu’à Deir ez-Zor. Finalement, le sud ne sera pas démilitarisé et Deir ez-Zor repassera sous contrôle de Damas. Autrement dit… le rêve du
s’effondre.
La réception du président syrien Şara à la Maison-Blanche constitue un tournant. Nous avions écrit à chaud que
"le CENTCOM respectera lui aussi l’accord (avec les FDS)"
(voir :
, 14 novembre). La journaliste Hande Fırat, correspondante à Ankara de Hürriyet, a également rapporté que lors de réunions auxquelles participait le ministre des Affaires étrangères Fidan, des cartes étaient examinées et que Trump avait demandé à ce dernier :
"Comment allez-vous résoudre la question de Soueïda ?"
Ce à quoi Fidan avait répondu :
"Les politiques israéliennes empêchent aussi bien vous que nous de résoudre nos problèmes"
(15 novembre).
Alerte maximale en Israël
Un processus analogue se déroule à Gaza. Israël n’a pas réussi à expulser les Palestiniens de Gaza ni à occuper entièrement Gaza et la Cisjordanie. Le Hamas enterrera ses armes, mais ne les abandonnera pas tant qu’un État palestinien ne sera pas établi. Israël avait tenté de transformer le 7 octobre en opportunité pour faire disparaître définitivement l’idée d’un État palestinien. Nous en sommes désormais au stade où de nombreux pays reconnaissent la Palestine.
La décision de Trump de porter son plan de cessez-le-feu à Gaza devant le Conseil de sécurité de l’ONU est une initiative habile et stratégique. Tel-Aviv comptait redessiner la région en tête-à-tête avec Washington. Désormais, Israël se contente d’observer de loin ce que décideront les membres du Conseil de sécurité.
Huit pays, dont les États-Unis et La Türkiye, ont publié une déclaration commune. L’expression
"le processus offre une voie vers l’autodétermination des Palestiniens et la création d’un État"
constitue l’affirmation la plus forte en faveur de la solution à deux États jamais intégrée à un document officiel. Le fait que les États-Unis en soient arrivés là vise à satisfaire le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, attendu aujourd’hui à la Maison-Blanche. Celui-ci avait été clair :
"Si vous voulez ma normalisation avec Israël, établissez une feuille de route pour l’État palestinien."
Cette phrase du communiqué a provoqué un séisme à Tel-Aviv. Les ministres radicaux israéliens ont exigé que Netanyahu condamne l’idée d’un État palestinien, menaçant même de quitter le gouvernement.
La deuxième phase du recul israélien
Cela pourra sembler audacieux, mais selon moi la tendance est la suivante : Tel-Aviv risque de perdre ce qu’il avait gagné avant le 7 octobre. L’accent mis sur l’État palestinien dans la déclaration commune en est l’un des éléments.
L’autre, c’est la présence que La Türkiye s’apprête à assumer à Gaza.
Une fois les discussions au Conseil de sécurité terminées, une force internationale sera déployée à Gaza. Pour la première fois, le ministre Fidan l’a dit clairement :
"La Türkiye est prête à prendre ses responsabilités à Gaza."
Netanyahu s’oppose farouchement à toute implication turque. Mais tous les acteurs régionaux souhaitent voir les forces armées turques à Gaza. Les États-Unis également. Israël est profondément irrité par cette position américaine.
Depuis dix jours, l’ambassadeur d’Israël aux États-Unis, Yechiel Leiter — principal canal de communication entre Tel-Aviv et la Maison-Blanche — a accordé une interview notable au Jerusalem Post. Il y déclare :
"Nous comprenons l’importance stratégique de la Türkiye pour les États-Unis. Nous ne contestons pas cela."
Mais il ajoute :
"Nous ne pouvons pas accepter une présence militaire turque à Gaza ou en Syrie."
Pourtant, un autre article du Jerusalem Post affirme l’inverse :
"On s’attend à ce que des soldats d’Égypte, du Qatar et de La Türkiye participent à la force internationale."
Quoi qu’il arrive, la
"perte de la capacité d’Israël à diriger Washington"
— malgré les dossiers Epstein — pousse Tel-Aviv vers une nouvelle stratégie. Israël cherche désormais à agir plus indépendamment des États-Unis. Le premier indice de cette politique se trouve dans l’accord de sécurité en préparation avec Washington : les Israéliens veulent réduire leur dépendance militaire vis-à-vis des États-Unis.
Il a vu monter la tension entre Washington et Tel-Aviv… et il a démissionné
La démission du ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, résume toute la situation. Dermer était au cœur de toutes les discussions critiques et gérait les relations israélo-américaines. Son passeport américain, l’influence politique de son père aux États-Unis, et son lien avec Trump — ils ont étudié dans la même école — faisaient de lui un acteur central. Son nom circulait même comme potentiel Premier ministre après Netanyahu. Il était donc un rival. Les ministres radicaux du cabinet l’accusaient par ailleurs de
"vouloir imposer les politiques américaines à Israël".
Dermer explique sa démission par
"une promesse faite à sa femme et à ses enfants".
Mais pour un homme aussi ambitieux, jouant un rôle aussi critique, cette justification n’est guère convaincante. En enquêtant sur les coulisses, l’impression qui s’impose est la suivante :
Netanyahu écarte un rival important et le membre du cabinet le plus proche de Washington. Mais cette décision n’est pas unilatérale. Dermer, ayant
"anticipé l’escalade de la tension entre les États-Unis et Israël"
, ne souhaite pas rester dans cette phase. Il est probable qu’il occupe bientôt un poste sensible, en coordination étroite avec Jared Kushner, le gendre de Trump. D’une certaine manière, Washington cherchera à le protéger. Il restera en retrait tant que Netanyahu sera en fonction, pourrait siéger dans un éventuel
sous Trump, puis reviendra sur le devant de la scène plus puissant.
Et c’est Netanyahu qui devra payer le prix de ce repli stratégique.
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