Villepin alerte sur les risques des choix diplomatiques occidentaux et sur la menace populiste en Europe

La rédaction avec
13:5317/11/2025, Pazartesi
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L'ancien Premier Ministre et ancien ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin.
Crédit Photo : X /
L'ancien Premier Ministre et ancien ministre français des affaires étrangères, Dominique de Villepin.

Ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin continue d’incarner une voix dissonante dans un paysage politique dominé par les réflexes sécuritaires, les postures militaires et les slogans identitaires. Ses interventions récentes, qu’il s’agisse de la situation au Sahel, de la guerre en Ukraine, du conflit à Gaza ou des choix politiques à l’approche de la présidentielle de 2027, dessinent une ligne claire : l’Occident s’acharne à mener des guerres qu’il ne comprend pas, soutient des régimes qu’il n’approuve pas et ignore les acteurs locaux dont dépend pourtant toute solution durable.

Ancien Premier ministre français, Dominique de Villepin continue d’incarner une voix dissonante dans un paysage politique dominé par les réflexes sécuritaires, les postures militaires et les slogans identitaires.


Ses interventions récentes, qu’il s’agisse de la situation au Sahel, de la guerre en Ukraine, du conflit à Gaza ou des choix politiques à l’approche de la présidentielle de 2027, dessinent une ligne claire : l’Occident s’acharne à mener des guerres qu’il ne comprend pas, soutient des régimes qu’il n’approuve pas et ignore les acteurs locaux dont dépend pourtant toute solution durable.


Alors que le populisme progresse en Europe et que la politique extérieure française oscille entre ambition, confusion et contradictions, Villepin déroule une critique profonde, nourrie par l’histoire et par son expérience diplomatique. Selon Villepin, la France et ses alliés répètent les mêmes erreurs, au risque de s’enliser dans des crises évitables.


"Nous fabriquons des ennemis plus puissants que ceux qui existent"


Dans une récente intervention télévisée avec ‘LCI’, Dominique de Villepin a convoqué l’histoire des premières croisades pour rappeler la manière dont les récits
"occidentaux"
transforment les conflits en fables simplistes, selon lui,
"le croisé contre le barbare"
,
"le drone contre le martyr"
, et finissent par produire des adversaires qu’ils prétendaient combattre.

"Nous fabriquons des ennemis encore plus puissants que ceux qui existent dans des guerres non seulement ingagnables, mais absurdes"
, souligne l’ancien Premier ministre.

Cette grille de lecture le conduit à formuler une mise en garde : dans de nombreux pays arabes, Égypte, Syrie, Irak, les sociétés demeurent profondément conservatrices, religieuses, parfois attachées à des formes traditionnelles d’islam.

"C’est le choix de ces peuples, même s’ils ne s’expriment pas toujours"
, et il ajoute
"les pays occidentaux soutiennent le maréchal el-Sissi, qui n'a sans doute rien à envier au président Moubarak. Tout simplement, nous lui sommes reconnaissants de tenir son pays".

Entre Sahel et Afghanistan : le procès de l’interventionnisme occidental


De Villepin, en référant aux dérives de la
“guerre contre le terrorisme”
dans les années 2000, voit que ces guerres ont été
"menées sans aucune concertation avec les pays voisins"
.

"Comment peut-on essayer de régler un problème comme celui de l’Afghanistan sans y associer les pays voisins ?"
, interroge-t-il.

Le parallèle est immédiat avec le Sahel. Pour Villepin, la France ne peut plus agir seule dans une région où son passé colonial pèse lourd.


"La France, en tant qu’ancienne puissance coloniale dans ces pays d’Afrique n’est pas la mieux placée pour intervenir"
, affirme-t-il sans détour. La solution passe par la coopération avec les puissances régionales
"Nous avons la possibilité d'agir en liaison avec les puissances régionales"
, ajoute -t- il.

Cette
"logique d’intervention calculée"
se retrouve également dans sa position sur l’Ukraine.

L’Ukraine : soutenir sans s’engager dans la guerre


Sur le dossier ukrainien, Dominique de Villepin adopte une position mesurée sur le conflit ukrainien, soulignant la nécessité d’un soutien à la résistance ukrainienne tout en mettant en garde contre une implication militaire directe.


Cette approche reflète une volonté de concilier solidarité envers l’Ukraine et prudence face aux risques d’une escalade. En insistant sur le fait que
"la guerre ne résoudra rien"
, il souligne les limites d’une solution strictement militaire et plaide implicitement pour une recherche accrue de voies diplomatiques afin d’éviter un conflit plus largei
"nous ne devons pas entrer dans la guerre"
, insiste-t-il.

Gaza : “le tribunal de l’Histoire” jugera Macron et l’Europe


C’est dans ce contexte global que s’inscrit sa position sur Gaza, exprimée en septembre 2025.


Face à une offensive israélienne qui, selon les autorités locales, a causé plus de 65 000 morts en près de deux ans et plongé la bande de Gaza dans la famine et le chaos humanitaire, l’ancien diplomate accuse Emmanuel Macron et les dirigeants européens de n’avoir
"pas tout fait"
pour empêcher le désastre.

"Devant l’Histoire, il faudra qu’ils expliquent pourquoi ils n’ont pas osé franchir certains pas quand nous connaîtrons l’étendue du désastre qui se déroule à Gaza"
, avertit-il.

Il évoque explicitement un
"tribunal de l’Histoire"
devant lequel le président français devra rendre des comptes.

Sa critique ne se limite pas à la France, elle englobe l’ensemble de l’Union européenne, qu’il accuse de s’être contentée de déclarations sans conséquences, laissant la crise humanitaire atteindre un niveau de
"désastre humanitaire”.

Il reconnaît toutefois la portée de l’annonce faite par Emmanuel Macron à l’ONU : la reconnaissance officielle de l’État de Palestine.
"C’est une décision importante"
, dit-il, mais il appelle à adopter
"une action diplomatique plus courageuse et cohérente face à la crise".

Face à cela, il insiste sur une France qui ne cède pas aux pressions, qu’elles viennent de Washington, de Moscou ou des populismes internes,
"l'Europe serait vassale des empires qui nous entourent : les États-Unis d'un côté, la Russie de l'autre"
, déclare -t- il. Cette vision s’enracine aussi dans son discours de 2003 à l’ONU contre la guerre en Irak.

Les élections de 2027 : un risque de populisme en Europe


À l’approche de l’élection présidentielle, Villepin estime que l’élection présidentielle de 2027 sera un “rendez-vous déterminant” pour l’avenir du continent. À ses yeux, une victoire du Rassemblement national RN affaiblirait encore davantage non seulement la France mais toute l'Europe,
"si le RN est élu en France, toute l’Europe tombera, toute l’Europe sera gagnée par le populisme"
, affirme -t- il.

Plus tôt cette année, lors d'un entretien avec Edwy Plenel, cofondateur de Mediapart, il avait encore maintenu le flou.


"Nous sommes confrontés à un choc historique qui a très peu de précédents. Ce combat, je ne peux pas ne pas y participer. Je ne peux pas ne pas être aux avant-postes. L'enjeu n'est pas de savoir si à la fin vous êtes candidat à une élection. L'enjeu est de savoir si votre parole, à un moment donné, peut amener le débat politique à évoluer"
, avait-il déclaré.

Alors que la France se prépare à une échéance électorale majeure en 2027, les orientations de sa politique étrangère sont au cœur des discussions.


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