
La création de l’État d’Israël et la disparition du califat musulman présentent une corrélation historique frappante. La Déclaration Balfour, qui prévoyait l’établissement d’un État juif en Palestine, implicite déjà l’idée qu’un tel projet serait impossible tant que le calife existerait.
Le fait que les acteurs principaux ayant contribué aux défaillances sur le front palestinien aient ensuite joué un rôle de premier plan dans le nouvel ordre politique dépourvu de Califat illustre la continuité de cette histoire. Si les faiblesses — difficilement explicables autrement que par l’intention — des officiers ottomans lors de la chute de Gaza puis de Jérusalem n’ont pas été interrogées, c’est sans doute que la scène, observée sous cet angle, ne laisse guère de mystère.
Comme souvent, ceux qui ont fait perdre la guerre ont aussi détruit les autorités devant lesquelles ils auraient dû répondre de leurs actes, se construisant ainsi le rôle de vainqueurs honorables. Gaza, qui avait résisté bravement aux deux premières attaques britanniques, fut vaincue lors de la troisième non pas par faiblesse des soldats, mais par celle de leurs commandants.
Quant à la retraite vers Jérusalem, où les troupes quittèrent la ville sans combattre afin de ne pas porter atteinte à son patrimoine spirituel, historique et architectural, elle ne pouvait être considérée comme un acte de noblesse. Pourtant, c’est ainsi qu’on l’a présentée. En réalité, tout se déroulait conformément au scénario écrit par ceux qui avaient proclamé la Déclaration Balfour — et certains membres de l’armée ottomane jouaient simplement le rôle qui leur avait été attribué.
Si l’abolition du Califat et la création d’Israël sont liées, un autre phénomène, presque ironique, leur correspond également : l’éveil de l’idée d’un monde islamique uni. Le vide laissé par la disparition du Califat avait déjà donné naissance à des mouvements transnationaux comme les Frères musulmans et le Jamaat-e-Islami, dont le premier s’est particulièrement illustré en envoyant des volontaires lors des guerres arabes contre Israël.
Cette responsabilité, bien que souvent mal assumée, constitue un sujet d’épreuve et d’interrogation pour ces États. C’est un minimum indispensable. Car un principe sociologique demeure : les agressions renforcent l’identité collective, alimentent la solidarité et ravivent l’esprit de cohésion. L’agression sioniste et la résistance palestinienne, jamais interrompue, ont constamment nourri ce ressort. Grâce à cela, même des pays africains musulmans dont les liens étaient peu développés à l’époque du Califat se sont engagés dans l’idée d’Union islamique.
Le tournant fut la guerre d’octobre 1973. Cette guerre permit aux pays africains de comprendre la nature réelle du conflit arabo-israélien. Sur ordre du roi Fayçal, les pays arabes utilisèrent le pétrole comme un moyen de pression contre les nations occidentales soutenant Israël, démontrant ainsi leur poids économique et politique.
Les pays africains en conclurent que leurs intérêts ne se situaient pas aux côtés d’Israël — perçu comme ennemi des peuples du Sud global, y compris d’Afrique — mais aux côtés du bloc arabo-islamique.
Les motivations n’étaient pas uniquement religieuses :
En conséquence, les ambassades israéliennes fermèrent progressivement et furent remplacées par des mécanismes d’aide et de développement portés par les pays arabes et musulmans. Israël tenta de revenir en Afrique dans les années 1980 et 1990, notamment après les accords de paix avec l’Égypte puis Oslo.
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