Francesca Albanese à Anadolu: "Non, le cessez-le-feu n’a pas mis fin au génocide" à Gaza

La rédaction avec
15:1416/11/2025, Pazar
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La rapporteuse spéciale des Nations Unies (ONU) sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese (à gauche), monte sur scène pour prononcer la conférence annuelle Nelson Mandela au Sandton Convention Centre à Sandton, Johannesburg, le 25 octobre 2025, après avoir été présentée par l'ancienne ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor (à droite).
Crédit Photo : PHILL MAGAKOE / AFP
La rapporteuse spéciale des Nations Unies (ONU) sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese (à gauche), monte sur scène pour prononcer la conférence annuelle Nelson Mandela au Sandton Convention Centre à Sandton, Johannesburg, le 25 octobre 2025, après avoir été présentée par l'ancienne ministre sud-africaine des Affaires étrangères, Naledi Pandor (à droite).

"Non, le cessez-le-feu n’a pas fait cesser le génocide. On n’a même pas fait cesser le feu." Francesca Albanese, rapporteuse spéciale de l’ONU sur la situation des droits humains dans les territoires palestiniens occupés, s’est exprimée avec force dans un entretien accordé à Anadolu à Paris.

Présente dans la capitale française à l’occasion d’une rencontre publique organisée autour de son livre
''Quand le monde dort'',
elle a dressé un tableau sans concession de la situation à Gaza et en Cisjordanie.
"Israël a violé plus de 125 fois [les termes du cessez-le-feu] jusqu’à jeudi dernier. Il a tué presque 250 Palestiniens seulement de la bande de Gaza."

"On ne parle même pas de ce qu’ils sont en train de faire en Cisjordanie",
a-t-elle ajouté, tout en dénonçant le maintien du blocus :
"Israël continue à garder la moitié de la bande de Gaza fermée à l’aide humanitaire. Très peu de camions sont admis, et ce sont surtout des camions commerciaux. Ce n’est pas de l’aide humanitaire."

Albanese dénonce un système cruel et hypocrite :
"On s’attend à ce que les survivants du génocide à Gaza achètent. Ils n’ont pas d’argent. C’est d’un cynisme… et d’une cruauté. Ce qu’on est en train de faire aux Palestiniens, c’est inacceptable."
Avant de conclure :
"J’ai honte d’utiliser le mot paix dans ce contexte."

Le député Aymeric Caron, également présent lors de l’événement, a abondé dans le même sens :
"Le génocide est en cours à Gaza. Ce serait une erreur de croire que c’est terminé parce qu’il y a eu un cessez-le-feu ou la reconnaissance de l’État de Palestine par certains pays. Les souffrances des Palestiniens ne se sont pas arrêtées",
a-t-il déclaré à Anadolu.

"Les femmes, les enfants, les hommes palestiniens… les civils continuent à souffrir terriblement. Ils continuent parfois à être tués",
a-t-il poursuivi, évoquant également le manque de soins et de nourriture.
"Ne laissez pas le peuple palestinien retomber dans l’oubli. La mobilisation doit continuer."

De son côté, Nicolas Shahshahani, vice-président d’EuroPalestine, a annoncé l’organisation d’une marche nationale pour la Palestine, samedi 29 novembre à Paris, à l’appel de plus de 80 partis, syndicats et ONG.
"C’est la première fois que des gens viendront de toutes les provinces de France, et nous comptons être jusqu’à 100 000 à Paris dans la rue. Départ à 14h place de la République."

Le livre de Francesca Albanese, publié aux éditions Mémoire d’encrier, rassemble les témoignages de Palestiniens confrontés à l’occupation et à la violence systémique.
Il mêle récits personnels et analyse juridique pour faire entendre les voix étouffées par l’indifférence internationale.

Depuis le 8 octobre 2023, l’agression israélienne contre Gaza a tué plus de 69 000 personnes, selon les autorités sanitaires locales, dont une majorité d’enfants et de femmes. Malgré un cessez-le-feu annoncé en octobre 2025, les bombardements israéliens ont repris, tandis que la Cisjordanie reste le théâtre d’arrestations, de démolitions et de violences.


Alors que la situation humanitaire s’aggrave, Francesca Albanese appelle à ne pas détourner le regard :
"Ce que nous faisons subir aux Palestiniens est d’un cynisme et d’une cruauté sans nom."

Pour rappel, en janvier 2024, la Cour internationale de Justice (CIJ) a estimé
"plausible"
qu’Israël commette un génocide à Gaza, ordonnant des mesures provisoires pour empêcher la poursuite de violations graves.

En mai 2025, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a demandé des mandats d’arrêt contre Benjamin Netanyahu et Yoav Gallant pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.


Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 10 octobre 2025, Israël a été accusé de l’avoir violé à plus de 280 reprises en un mois, selon des sources officielles palestiniennes.
L’aide humanitaire reste très insuffisante, tandis que les conditions à Gaza demeurent catastrophiques.

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