Türkiye-UE: Berlin marque un ‘renouveau de la volonté politique’, selon le chef de la diplomatie turque

La rédaction avec
18:4216/11/2025, dimanche
MAJ: 16/11/2025, dimanche
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Le ministre turc des affaires étrangères hakan Fidan à Ankara, le 16 novembre 2025.
Crédit Photo : DHA /
Le ministre turc des affaires étrangères hakan Fidan à Ankara, le 16 novembre 2025.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a déclaré samedi qu’il croyait à l’émergence prochaine de "nouveaux progrès" dans la démarche d’Ankara pour adhérer à l’Union européenne, se référant aux récentes déclarations du chancelier allemand.

Lors d’une diffusion en direct sur A News, Fidan a salué les propos de Friedrich Merz en faveur de l’adhésion de la Türkiye à l’UE, les qualifiant de "
renouveau important de la volonté politique".

"Je crois que de nouveaux progrès auront lieu avec l’Union européenne dans cette période",
a-t-il affirmé, ajoutant :
"Que le chancelier allemand déclare publiquement à Ankara que l’Allemagne souhaite la Türkiye dans l’UE constitue un renouveau significatif de la volonté politique. Le fait que cela vienne de l’Allemagne est important, et nous l’apprécions."

Répondant à une question sur le processus d’adhésion, Fidan a indiqué qu’Ankara et Bruxelles évoluaient désormais dans un
"nouvel ensemble de conditions et de psychologie",
nécessitant de nouvelles approches et politiques. Il a souligné que la position du président Recep Tayyip Erdogan, après sa réélection en mai 2023, avait été un moteur essentiel.

"Après l’élection, le président m’a clairement indiqué qu’il attendait un effort maximal sur ce dossier",
a précisé Fidan, soulignant qu’il s’agissait d’un mandat direct concernant la politique européenne de la Türkiye.

Industrie de défense de l’UE et rôle de la Türkiye


Hakan Fidan a également évoqué les récentes évolutions des priorités européennes en matière de sécurité et de défense. Il a souligné que les efforts de l’UE pour réorganiser son architecture de sécurité mettent fortement l’accent sur la revitalisation de l’industrie de défense du bloc.


Selon lui, cette priorité a pris de l’ampleur après la guerre en Ukraine et s’est encore accélérée sous l’administration Trump.


L’UE prévoit de créer un fonds commun à faible taux d’intérêt de 150 milliards d’euros (plus de 174 milliards de dollars) pour soutenir les capacités de défense, auquel les États membres pourront accéder.
Le bloc a aussi relevé son plafond d’emprunt dans le cadre des règles financières et créé un fonds supplémentaire de 800 milliards d’euros (930 milliards de dollars), présenté comme un mécanisme consistant à
"utiliser l’argent du futur pour sauver le présent".

Concernant les mécanismes applicables aux pays candidats, Fidan a précisé que certaines ressources nécessitent l’approbation des membres de l’UE.
"Ici, certaines difficultés pourraient se poser pour la Türkiye en raison de la Grèce et de l’administration chypriote grecque",
a-t-il indiqué.

Malgré cela, il a insisté sur le fait que le fonds plus important de 800 milliards d’euros, ainsi que le nombre croissant d’entreprises turques créant des filiales et des joint-ventures dans l’UE, permettront à la Türkiye de bénéficier des instruments financiers du bloc.


La présence croissante des entreprises turques dans l’UE, via de nouvelles sociétés et partenariats, offrirait à la Türkiye de meilleures opportunités d’utiliser ces fonds, a-t-il ajouté.


Fidan a affirmé qu’Ankara vise à construire une coopération fondée sur la prospérité non seulement avec l’UE, mais aussi avec ses partenaires à l’est, au nord et à travers la Méditerranée.
Selon lui, l’UE a réussi à devenir une entité supranationale, mais
"n’a pas pu devenir une entité transcendant les civilisations".

Soulignant les progrès de la Türkiye, il a ajouté que le pays avait réalisé d’importants investissements dans les infrastructures, l’énergie, la défense, la santé, la communication et l’éducation, pour l’essentiel sans bénéficier de fonds majeurs de l’UE.
"La Türkiye dispose aujourd’hui d’infrastructures bien supérieures aux standards de nombreux pays européens, et sa population approche les 90 millions d’habitants",
a-t-il conclu.

Les Chypriotes turcs ne seront pas relégués au rang de citoyens de seconde classe


Hakan Fidan s’est également exprimé sur la question de Chypre, rappelant que les provocations sur l’île n’étaient pas nouvelles, et soulignant que même des groupes marginaux au sein de la communauté chypriote turque se livraient à une rhétorique anti-Türkiye. Il a insisté sur le fait qu’Ankara continuerait à défendre les droits souverains égaux des Chypriotes turcs.


"Ils n’accepteront pas un statut de seconde classe, et nous non plus en tant qu’État garant",
a-t-il affirmé, ajoutant que le modèle à deux États constituait la formule la plus réaliste et stable.

Il a indiqué avoir rencontré le président de la République turque de Chypre du Nord (RTCN), Tufan Erhurman, lors de sa récente visite en Türkiye, où ils ont discuté du renforcement de la coordination sur la politique étrangère, la communication et les actions conjointes.
"Ce fut une réunion productive, et je crois que nous travaillerons ensemble de manière coordonnée et harmonieuse",
a-t-il déclaré.

Fidan a critiqué l’UE pour avoir
"importé le problème chypriote grec dans son système",
affirmant que les règles de décision du bloc avaient été exploitées, entraînant des blocages internes répétés.

Il a souligné que l’UE cherche désormais à passer de l’unanimité à la majorité qualifiée, car elle ne parvient pas à prendre des décisions sur plusieurs questions clés,
"y compris celles liées à la Türkiye".

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