
Depuis des générations, écoles, médias et décideurs utilisent une carte du monde familière. Elle est devenue une norme mondiale, présente partout, des affiches dans les salles de classe aux bâtiments gouvernementaux. Mais derrière son usage généralisé se cache un défaut majeur : la projection de Mercator déforme la représentation du monde.
Aujourd’hui, une initiative portée par les organisations africaines Africa No Filter et Speak Up Africa, avec le soutien de l’Union africaine (UA), milite pour ce changement. La campagne Correct the Map (Corrigez la carte) prône l’abandon de cette projection obsolète, qui exagère artificiellement la taille de certaines régions tout en réduisant celle d’autres, notamment l’Afrique.
La projection de Mercator et d'autres façons de voir le monde
Il n’a jamais été facile de transformer le globe en carte — un peu comme tenter de recouvrir une balle avec un morceau de papier sans le froisser.
La projection réalisée en 1569 par le cartographe flamand Gerardus Mercator a résolu un problème majeur pour les marins : représenter les relèvements au compas sous forme de lignes droites.
Makura a expliqué que cette projection, largement adoptée pendant l’expansion coloniale européenne car elle mettait en avant l’Europe et les routes maritimes, renforçait aussi les récits coloniaux, présentant l’Afrique comme un continent petit, périphérique et secondaire dans l’ordre mondial.
"Ce n’est pas seulement une question de géographie ou de carte", a-t-elle ajouté.
C’est une question de récit, de fierté et d’identité.
La projection Equal Earth offre une alternative qui corrige ces distorsions tout en conservant des formes continentales familières et reconnaissables, contrairement à d’autres projections.
L'Afrique reprend son pouvoir
Les gouvernements, institutions et ministères de l’Éducation doivent adopter officiellement des cartes comme Equal Earth dans les programmes scolaires, les bâtiments publics et les documents officiels, a précisé Makura.
Les entreprises technologiques, éditeurs et plateformes de voyage devraient également remplacer les projections obsolètes dans leurs produits.
Elle a souligné la nécessité d’impliquer éducateurs, médias, artistes et société civile pour sensibiliser le public, notant qu’une fois que les gens reconnaissent la distorsion, ils sont motivés pour la corriger.
Elle a averti que la représentation réduite de l’Afrique sur les cartes peut inconsciemment faire paraître le continent moins important, moins puissant et moins digne d’attention — influençant tout, depuis l’orientation de l’aide jusqu’à la prise de décisions politiques et d’investissements.