Elisabeth Borne, à l'émouvante histoire personnelle, est très fragilisée par la réforme controversée des retraites.
Elle n'est que la deuxième femme Première ministre en France et pourrait connaître un destin aussi éphémère à cette charge que sa prédécesseure il y a trente ans.
Nommée il y a un peu plus de dix mois, cette ex-ministre du Travail et de l'Ecologie, issue de la gauche, devait être un atout majeur d'Emmanuel Macron pour sa réforme phare annoncée dès 2017, avant sa première élection comme président.
Une réussite exceptionnelle pour cette sexagénaire aux lunettes fines, dont la vie a basculé avec le suicide de son père, un ancien résistant de confession juive qui avait survécu aux camps de concentration. Elle avait alors 11 ans.
Mme Borne, née Bornstein, raconte en février devant le Crif, la principale organisation juive française:
Il y a des dates, qui marquent un destin. Pour mon père, mais en réalité pour toute ma famille, c’est le 25 décembre 1943.
Premiers orages
A ce poste, Elisabeth Borne, divorcée et mère d'un garçon, entrevoit de premier orages en octobre quand elle présente les grands axes de la réforme des retraites à l'opposition... et enregistre l'hostilité immédiate des formations de gauche.
Elle constate aussi une relative entente avec la droite classique dont les voix sont indispensables pour une approbation à l'Assemblée nationale, où l'exécutif n'a pas de majorité absolue.
Le report de l'âge de départ à la retraite, initialement envisagé à 65 ans contre 62 aujourd'hui, est fixé à 64 ans, pour ne pas braquer le pays. Mais une grande majorité des Français est contre. Depuis mi-janvier, des journées de manifestations nationales réunissent des centaines de milliers de personnes.
"Principale perdante"
En manque de voix pour un vote positif, huée par l'opposition, Elisabeth Borne annonce jeudi utiliser l'article 49.3 de la Constitution qui permet une adoption sans vote si aucune motion de censure n'aboutit.
La socialiste Edith Cresson, la première femme Première ministre en France, n'était restée en fonctions que 10 mois et 18 jours entre 1991 et 1992. Mme Borne devrait dépasser cette durée, sauf improbable scénario lundi qui verrait les députés de toute l'opposition s'unir pour faire tomber son gouvernement. Deux motions de censure ont été déposées.