Palestine occupée: un soda local offre une alternative aux grandes marques boycottées

La rédaction
14:3715/11/2024, Cuma
AFP
L'usine de la société palestinienne de boissons gazeuses Chat Cola, dans la ville de Salfit en Palestine occupée, le 06 novembre 2024.
Crédit Photo : Zain JAAFAR / AFP
L'usine de la société palestinienne de boissons gazeuses Chat Cola, dans la ville de Salfit en Palestine occupée, le 06 novembre 2024.

Avec son usine en forme de gros cube planté parmi les oliviers en Palestine occupée, Chat Cola permet aux Palestiniens de se désaltérer sans recourir aux sodas étrangers, illustrant leur tendance à privilégier des produits locaux depuis que la guerre a éclaté à Gaza.

Nom en italique blanc sur fond rouge, le groupe palestinien reprend les codes de Coca-Cola pour offrir aux consommateurs une alternative aux boissons de la grande multinationale américaine soupçonnée d'avoir un penchant pro-israélien.


"La demande a augmenté à cause du boycott depuis le début de la guerre"
en octobre 2023, explique à l'AFP le propriétaire de la fabrique, Fahed Arar, sur les hauteurs de Salfit, ville du centre de la Palestine occupée, territoire occupé par Israël depuis 1967.

Crédit photo: Zain JAAFAR / AFP

Propriétaire d'un restaurant à Ramallah, Julien remplit son frigo estampillé Coca-Cola avec des sodas Chat Cola depuis maintenant plus d'un an.

Les ventes de produits locaux ont décollé ces derniers mois, confirme Mahmoud Sidr, directeur d'un supermarché de la ville. De plus, il a ajouté


On a observé une hausse (des ventes de) produits arabes et palestiniens qui ne soutiennent pas la politique d'Israël.

Bien qu'elle ne fournisse pas de produits gratuits aux troupes israéliennes à Gaza, comme l'auraient fait de grandes entreprises de restauration rapide, selon la rumeur, Coca-Cola est perçue en Palestine occupée comme trop américaine. Sollicitée par l'AFP, Coca-Cola n'a pas répondu. L'entreprise sur son site écrit:


Nous ne privilégions aucun pays ni aucune religion et n'accordons aucun traitement de faveur.

Selon un responsable de National Beverage Company, le groupe qui fabrique les boissons de Coca-Cola à Gaza et en Palestine occupée, peu de produits de la marque ont été retournés par des points de vente palestiniens.


Toutefois, dit-il sous couvert d'anonymat, il y a
"une baisse significative des ventes de la boisson dans les chaînes au nom étranger
(...)
, avec une diminution allant jusqu'à 80%"
.

"Saveur palestinienne"


Le mouvement de boycott a en partie changé les habitudes de consommation en Palestine occupée.


Crédit photo: Zain JAAFAR / AFP

"Les propriétaires de supermarchés nous disent qu'ils détruisent des tonnes de produits israéliens que personne n'achète"
avant leur date d'expiration, explique à l'AFP Ibrahim Al-Qadi, chef du département de protection des consommateurs au ministère palestinien de l'Économie.

L'économie palestinienne reste cependant très dépendante des produits israéliens, rendant le boycott difficile et largement symbolique.

"Il y a une volonté populaire de boycotter à partir du moment où les producteurs palestiniens peuvent produire une qualité équivalente et à des prix similaires"
, souligne Raja Khalidi, directeur du Palestine Economic Policy Research Institute.

Aussi fort soit-il, en particulier depuis le début de la guerre, ajoute M. Khalidi, ce désir se heurte à
"un problème de capacité de production qui nous manque"
, aggravé par l'absence de politique industrielle palestinienne cohérente.

Après avoir ouvert son usine à Salfit en 2019, Chat Cola en prévoit une autre en Jordanie pour satisfaire la demande internationale et contourner les complications qui se dressent en Palestine occupée.

Bien que des milliers de canettes défilent sur le tapis roulant d'une chaîne de production sous la supervision d'employés en pull rouge floqué du drapeau palestinien et des mots
"Saveur palestinienne"
en arabe, une ligne entière est à l'arrêt depuis plus d'un mois.

Une importante cargaison de matières premières est retenue à la frontière proche de la Jordanie, entravant la production et empêchant l'entreprise de satisfaire la demande, confie M. Arar.

Au moment où il s'entretient avec l'AFP dans l'usine de Salfit, le système israélien de défense antiaérienne Dôme de fer intercepte à proximité une roquette probablement tirée du Liban, rappelant que la guerre n'est jamais loin. Malgré les difficultés, M. Khalidi, l'économiste, souligne:


Le soutien politique pour acheter local n'a jamais été aussi fort qu'aujourd'hui, c'est donc le bon moment pour que d'autres entrepreneurs se lancent.

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