Mali: Verdict affaire de surfacturation sur l’achat de l’avion présidentiel, des réactions à Bamako

La rédaction
18:2125/07/2025, Cuma
Yeni Şafak
Crédit Vidéo : Boureima Soulo / Nouvelle Aube
Le 9 juillet 2025, la Cour d’assises spéciale de Bamako a rendu son verdict dans le procès pour surfacturation de l’avion présidentiel. Des peines sévères ont été prononcées contre d’anciens ministres et militaires, suscitant de nombreuses réactions dans la capitale malienne.

Le mardi 9 juillet 2025, la Cour d’assises spéciale de Bamako a rendu son verdict dans la très médiatisée affaire de l’achat de l’avion présidentiel et des équipements militaires. Ce procès, qui s’est déroulé sur plusieurs semaines, impliquait de nombreuses personnalités politiques, des militaires et des hommes d’affaires proches de l’ancien régime. A l'issue des audiences, des peines lourdes ont été prononcées contre plusieurs accusés, tandis que d’autres ont été acquittés.

A Bamako, le verdict rendu suscite des commentaires variés. Le dossier de surfacturation sur l’achat de l’avion présidentiel et malversations dans l’achat d’équipements militaires, sous l’ancien président Ibrahim Boubacar Keita, a connu son épilogue le 9 juillet dernier.


Avec des peines lourdes pour Fily Bouaré Sissoko, le colonel-major Nouhoum Dabitao. Mme Bouaré Cissoko, ministre des finances au moment des faits, écope de dix ans de prison et 500 mille francs CFA d’amende. Le militaire poursuivi quant à lui dans le dossier de l’achat des équipements militaires, a été condamné à sept ans de prison et 300 mille francs CFA d’amende.

Pour la journaliste Adiaratou Konaté, ce verdict est avant tout, pédagogique. Il servira de leçon à ceux qui sont actuellement aux affaires. Pour elle, ils doivent savoir que leur gestion peut toujours les rattraper.

Il faut rappeler que l’affaire de l’avion présidentiel remonte à 2014, juste un an après l’arrivée du président Ibrahim Boubacar Keita au pouvoir. Au moins des faits, Fily Bouaré Cissoko était ministre des finances.

L’étudiant Bakary Konaté se veut réaliste.
"C’est un système, ces affaires n’ont pas commencé aujourd’hui et elles ne finiront pas aujourd’hui"
, commente-t-il. Il trouve toutefois, que cette décision de justice aura un impact dissuasif sur ceux qui gèrent aujourd’hui les affaires publiques.
"Ça va permettre quand même de diminuer un peu la corruption et autres actes de mauvaise gestion"
, ajoute le jeune homme. Il note aussi que les fonds qui seront récupérés chez les personnes condamnées permettront aux caisses de l’Etat, actuellement en grande difficulté financière, de souffler un peu.

Vinabé Déna, un journaliste qui a suivi tout le procès salue l’arrêt rendu par la cour d’assises spéciale. Il estime qu’il fallait organiser ce jugement pour faire la lumière sur ces cas de malversations financières qui ont beaucoup défrayé la chronique.


Concernant l’achat de l’avion présidentiel, il précise que le coût réel n’était même pas connu.
"Certains parlaient de 14 milliards, 18 milliards ou 20 milliards de francs CFA. C’était le moment de situer les responsabilités des différentes personnes impliquées dans cette affaire. Concernant les équipements militaires, c’était 1250 milliards de Cfa décaissés par l’Etat pour équiper et former l’armée. Voir cet argent dilapidé par un groupe d’individus, cela ne pouvait pas rester impuni"
, souligne-t-il.

A l’issue du procès, certains accusés en fuite ont été condamnés par contumace. Il s’agit de l’ancien ministre Moustapha Ben Barka, des opérateurs économiques Sidy Mohamed Kagnassy, Nouhoum Kouma, Amadou Kouma ou encore Soumaïla Diaby.

L’ancien directeur de cabinet de l’ex président Ibrahim Boubacar Keita ainsi que l’ancien ministre Mahamadou Camara et le général Moustapha Drabo ont été acquittés.

Il faut préciser que plus des peines d’emprisonnement, cinq accusés ont été condamnés à payer solidairement à l’Etat malien 40 milliards de francs CFA, soit plus de 70 millions de dollars.


Pour rappel, Soumeylou Boubèye Maïga, ancien premier ministre et ministre de la Défense au moment des faits, est décédé en prison en 2023. Tout comme l’ancienne ministre Fily Bouaré Cissoko, il a été placé en détention préventive en 2021.


Par
Boureima Soulo

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