
En exclusivité depuis la Flottille de la liberté pour Nouvelle Aube, l’eurodéputée française Emma Fourreau (LFI) revient sur son engagement, les risques encourus et le silence des autorités françaises. Une parole forte, portée depuis les flots, au nom de la justice et du droit humanitaire.
Une mission politique avant tout
Ce navire va à Gaza pour briser le blocus. C’est une opération politique pour questionner le génocide et le blocus, qui fait que la population à Gaza est littéralement en train de mourir de faim.
Pas de pause dans le génocide
Alors que l’opinion publique se détourne de Gaza, Emma Fourreau rappelle l’urgence.
Il n’y a pas de pause dans le génocide. C’est pour ça que ce bateau part, malgré tout.
Les risques assumés
Interrogée sur les menaces qui pèsent sur l’équipage, Emma Fourreau ne cache pas ses inquiétudes.
On sait qu’il y a des risques pendant la traversée. On sait que l’armée israélienne est très au courant que notre navire est en train de naviguer vers Gaza.
Elle rappelle les précédents, en particulier celui du Madleen, un autre navire humanitaire arraisonné par les forces israéliennes au printemps 2024.
Pour le Madleen, il y a eu une arrestation, un kidnapping illégal de tout l’équipage, et en particulier d’une élue du Parlement européen, Rima Hassan.
Une famine insoutenable
Droit international vs. passivité diplomatique
Pour Emma Fourreau, la légalité de la mission ne fait aucun doute. À ses yeux, ce sont les autorités israéliennes qui violent les conventions internationales, et non les passagers du Handala.
Notre objectif, il est très clair : c’est d’atteindre Gaza. Et si on n’y arrive pas, ce sera de la faute d’Israël et de ses complices.
C’est Israël qui n’a aucun droit sur notre bateau, sur notre matériel et sur toute notre traversée.
Silence de la France : entre abandon et complicité
L’eurodéputée pointe ensuite la responsabilité directe des autorités françaises, qu’elle accuse de ne pas assurer leur devoir de protection vis-à-vis de leurs ressortissants.
Si Israël se permet de nous intercepter illégalement, c’est parce que nos chefs d’État n’ont pas fait leur travail pour nous protéger.
Elle appelle Emmanuel Macron à intervenir sans ambiguïté pour garantir la sécurité de l’équipage.
On appelle Emmanuel Macron à nous protéger. Il y a six ressortissants français à bord du bateau. Il doit permettre cette traversée.
Un positionnement qu’elle dénonce fermement, le jugeant moralement et politiquement inacceptable.
Ce qui est irresponsable, c’est de laisser faire un génocide. C’est d’en être complice, comme c’est le cas pour la France actuellement.
L’accord UE–Israël : un levier ignoré
Et de conclure, avec force :
Tout le monde peut se mettre d’accord pour dire que les droits de l’Homme ne sont aujourd’hui absolument pas respectés à Gaza.
Une honte diplomatique
L’élue insoumise dénonce également l’attitude permissive de la France à l’égard du Premier ministre israélien, visé par un mandat d’arrêt de la Cour pénale internationale.
La France permet à Netanyahu de survoler l’espace aérien français, alors qu’il y a un mandat d’arrêt contre lui.
Elle accuse le gouvernement français de faire preuve d’alignement systématique sur Tel-Aviv et Washington, au détriment de sa propre souveraineté diplomatique.
Aujourd’hui, c’est pire que de la passivité : c’est de la complicité [...] On doit arrêter de toujours rouler derrière les États-Unis, de rouler derrière Israël, parce qu’on rabaisse la voix de la France.
Le soutien du terrain, et surtout de Gaza
Une traversée sous surveillance internationale
Alors que le Handala poursuit sa route vers Gaza, les regards se tournent désormais vers les capitales européennes. L’arrestation de ses passagers, dont deux eurodéputées françaises, poserait un précédent diplomatique lourd de conséquences. Pour Emma Fourreau, cette mission met à l’épreuve non seulement la détermination des militants, mais aussi la cohérence des États face au droit international. À mesure que la situation humanitaire à Gaza s’aggrave, l’inaction pourrait ne plus être une option.