Des soldats cambodgiens transportent le corps d'une victime d'une pagode endommagée par l'artillerie thaïlandaise dans la province d'Oddar Meanchey, le 25 juillet 2025.
"L'inquiétude est toujours là", témoignent depuis leurs refuges les dizaines de milliers de Thaïlandais et de Cambodgiens qui fuient les violents combats à la frontière entre les deux pays.
Le tumulte des combats meurtriers continue de poursuivre quelque 3.000 réfugiés thaïlandais dans le gymnase d'une université de Surin. Au Cambodge, dans la province voisine d'Oddar Meanchey, c'est à même le sol près d'un temple bouddhiste qu'environ 300 personnes ont cherché un abri.
Les affrontements qui ont éclaté jeudi entre la Thaïlande et le Cambodge, d'une violence jamais vue en près de quinze ans, ont fait 15 morts en Thaïlande et ont conduit à l'évacuation de 138.000 civils de quatre provinces frontalières de l'Isan (nord-est), a indiqué Bangkok.
Les autorités cambodgiennes n'ont pas communiqué sur le nombre de réfugiés et de victimes sur leur sol, mais les autorités provinciales d'Oddar Meanchey ont fait état de la mort d'un civil âgé de 70 ans, et de cinq blessés.
En Thaïlande, des milliers d'habitants de la province rurale et pauvre de Surin ont fui au bruit des tirs d'artillerie, pour aller se protéger dans des abris de fortune dans le centre de la ville de Surin, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière.
Avec le minimum d'affaires personnelles prises à la va-vite, 3.000 personnes ont passé la nuit dans le gymnase de l'université Surindra Rajabhat, dans des rangées serrées de matelas en plastique.
"Je suis inquiète pour notre maison, nos animaux et les récoltes pour lesquelles on a travaillé si dur"
, témoigne à l'AFP Thidarat Homhuan, 37 ans.
Elle s'est échappée avec neuf membres de sa famille, dont sa grand-mère de 87 ans qui venait tout juste de quitter l'hôpital.
"Notre inquiétude est toujours là. Mais en étant ici, je me sens plus en sécurité car on est éloigné du danger pour le moment. Au moins, on est à l'abri",
poursuit-elle.
Thidarat travaillait comme baby-sitter dans une école locale lorsqu'elle a entendu ce qu'elle a décrit comme
"quelque chose qui ressemble à des tirs de mitrailleuse"
, suivi du bruit sourd de l'artillerie.
"C'était le chaos. Les enfants étaient terrifiés. Je me suis dépêchée d'aller au bunker de l'école"
, décrit-elle.
Pour elle, le conflit en cours est bien plus grave que celui survenu en 2011 :
"Ce n'était pas aussi sérieux à l'époque. Les maisons des gens n'étaient pas autant touchées. Il n'y avait pas d'annonce sur le nombre de civils blessés. Cette année, c'est bien pire".
Dans le gymnase, le murmure d'angoisse des réfugiés se confond avec le bourdonnement des ventilateurs électriques.
De l'autre côté de la frontière, autre pays, même inquiétude des civils: ils sont des milliers de la province d'Oddar Meanchey à fuir les combats.
Certains d'entre eux ont cherché refuge auprès d'un temple bouddhiste. La plupart sont à même le sol, les plus chanceux -une douzaine- peuvent s'étendre dans des hamacs. D'autres tentent de s'abriter sous des bâches en plastique.
Lorsque les tirs d'artillerie ont commencé, Salou Chan, 36 ans, a pris ses deux enfants, quelques affaires, des vêtements et a quitté sa maison située à une vingtaine de kilomètres des combats.
"J'ai peur pour mes enfants. Ils sont encore petits. Si ce n'était que moi, j'aurais pu rester"
, explique-t-il à l'AFP.
"Je ne sais pas quand je pourrai retourner chez moi, mais je veux qu'ils arrêtent de se battre bientôt: personne ne prend soin de ma rizière ni de mes animaux"
, ajoute-t-il.
Chhorn Khik, 55 ans, a rejoint le groupe de la pagode avec ses deux petits-enfants :
"Je n'ai plus peur. Hier, j'étais terrifiée, je pleurais sur le chemin"
, raconte-t-elle à l'AFP.
"J'ai de la peine pour les soldats sur le front, (...) ils se battent pour nous et la nation",
ajoute-t-elle.
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