Crédit Photo : ELVIS BARUKCIC / AFP
Une survivante musulmane bosniaque du génocide de Srebrenica en 1995, assise entre les pierres tombales alors qu'elle prie à côté des tombes de ses proches, au cimetière commémoratif du village de Potocari, près de la ville de Srebrenica en Bosnie orientale, le 11 juillet 2024, marquant le 29e anniversaire du génocide de Srebrenica.
Les dirigeants de l'ONU et du Conseil de l'Europe ont rendu hommage, jeudi, aux victimes du génocide de Srebrenica; génocide perpétré il y a de cela 29 ans, en 1995, dans l'est de la Bosnie.
"Que la mémoire de Srebrenica renforce notre détermination collective à construire un monde libéré du fléau du génocide, où la justice et la paix prévalent"
, a déclaré le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, sur la plateforme X.
"Nous devons lutter contre la division et l'intolérance, défendre les droits de l'homme et promouvoir la compréhension mutuelle et la réconciliation"
, a-t-il indiqué.
Marija Pejcinovic Buric, Secrétaire générale du Conseil de l'Europe, a déclaré dans un communiqué:
Près de 30 ans après le génocide de Srebrenica, cela reste l'un des chapitres les plus sombres de l'histoire de notre continent.
"Nous pensons aux milliers d'hommes et de garçons innocents, assassinés uniquement en raison de leur appartenance ethnique et de leur religion, et nous honorons leur mémoire"
, a-t-elle souligné, ajoutant:
La profonde souffrance des familles et des proches de ceux qui ont été tués persiste. Nous rendons hommage à leur bravoure et à leur résilience.
"Bien que ce crime ne puisse faire l'objet d'une quelconque réparation, nous pouvons tirer des leçons de ce qui s'est passé et les appliquer, afin que des atrocités et des souffrances humaines aussi horribles ne se répètent plus jamais"
, a-t-elle insisté. Et de déclarer:
Cela signifie qu'il faut reconnaître les faits. Il ne peut y avoir de place pour le déni, le révisionnisme historique ou la glorification des criminels de guerre condamnés.
"En regardant vers l'avenir, nous devons activement embrasser l'égalité, la diversité et le respect mutuel"
, a-t-elle ajouté.
Et d'insister:
"Nous devons également être clairs sur le fait que l'intolérance, le discours de haine et les autres formes de discrimination sont une porte ouverte à la douleur et à la souffrance".
"Le Conseil de l'Europe continuera à s'opposer fermement à ces phénomènes et à promouvoir les droits de l'homme, la démocratie et la primauté du droit comme la voie à suivre pour nos sociétés".
Le 11 juillet de chaque année, les victimes du génocide de 1995 nouvellement identifiées sont inhumées dans le cimetière du Mémorial de Potocari, en Bosnie-Herzégovine.
Mise en terre de victimes nouvellement identifiées
Fin mai, l'Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution désignant le 11 juillet comme Journée de commémoration du génocide de Srebrenica, résolution qui a reçu un soutien massif.
Ce texte, présenté par l'Allemagne et coparrainé par plus de 40 pays, demande que le 11 juillet soit déclaré "Journée internationale de réflexion et de commémoration du génocide commis á Srebrenica en 1995".
La plus jeune victime enterrée cette année est Beriz Mujic, 17 ans, né en 1978 à Zvornik. Ses restes ont été retrouvés 28 ans après son assassinat et exhumés en mai 2023. Il a été tué en juillet 1995 dans la région de Suceska, près de Bratunac, et ses restes ont été découverts et exhumés dans la région de la municipalité de Srebrenica. Mujic sera inhumé à côté de son frère Hazim, dont les restes ont été enterrés en 2013. La dépouille de leur père, Omer Mujic, n'a pas encore été retrouvée.
La victime la plus âgée qui sera enterrée jeudi est Hamed Salic, né en 1927. Il avait 68 ans lorsqu'il a disparu au cours de l'été 1995 dans la ville de Zepa. Ses restes ont été exhumés en mai 2014 et identifiés récemment.
Des milliers de personnes de différents pays assisteront à la cérémonie funéraire et à la mise en terre. Après les funérailles de cette année, le nombre total de sépultures dans ce cimetière s'élèvera à 6 765.
Le génocide de Srebrenica
Le génocide de Srebrenica, perpétré en juillet 1995, a coûté la vie à plus de 8 000 hommes et jeunes garçons musulmans de Bosnie, lorsque les forces serbes de Bosnie ont attaqué la ville, malgré la présence des troupes néerlandaises de maintien de la paix.
Les forces serbes tentaient d'arracher des territoires aux Musulmans de Bosnie et aux Croates pour former un État.
Le Conseil de sécurité des Nations unies avait déclaré Srebrenica
au printemps 1993. Cependant, les troupes dirigées par le général Ratko Mladic, qui a ensuite été reconnu coupable de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité et de génocide, ont envahi la zone sous responsabilité de l'ONU.
Les troupes néerlandaises n'ont pas réagi lorsque les forces serbes ont occupé la zone, tuant quelque 2 000 hommes et jeunes garçons au cours de la seule journée du 11 juillet.
Environ 15 000 habitants de Srebrenica ont fui vers les montagnes environnantes, mais les troupes serbes ont pourchassé et tué 6 000 autres personnes.
Les forces serbes ont permis aux femmes et aux enfants d'atteindre les régions contrôlées par les Bosniaques, mais ont massacré au moins 8 372 hommes bosniaques dans les forêts, les usines et les entrepôts. Les Bosniaques assassinés ont été enterrés dans des fosses communes. Des corps ont été découverts dans 570 endroits différents à travers le pays, dont 77 fosses communes.
En 2007, la Cour internationale de justice de La Haye a statué qu'un génocide avait été commis à Srebrenica.
Les efforts se poursuivent pour retrouver les victimes disparues du génocide. Le 11 juillet de chaque année, les dépouilles identifiées sont inhumées lors d'une cérémonie commémorative au cimetière du Mémorial de Potocari.
Le 8 juin 2021, lors d'un procès en deuxième instance devant le Mécanisme international appelé à exercer les fonctions résiduelles des Tribunaux pénaux, les juges ont confirmé le verdict du Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie condamnant Mladic à la prison à vie pour génocide, persécution, crimes contre l'humanité, extermination et autres crimes de guerre perpétrés en Bosnie-Herzégovine.
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