En RDC, les 30 ans d'un orchestre qui conjugue musique classique et religion

11:5413/11/2024, Çarşamba
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Des contrebassistes jouent de leurs instruments lors d'une répétition à l'école symphonique Kimbanguiste à Kinshasa le 16 octobre 2024.
Crédit Photo : HARDY BOPE / AFP
Des contrebassistes jouent de leurs instruments lors d'une répétition à l'école symphonique Kimbanguiste à Kinshasa le 16 octobre 2024.

Au début, les musiciens ne disposaient que de cinq violons, qu'ils utilisaient tour à tour. Trente ans plus tard, l'orchestre kimbanguiste de Kinshasa, pionnier parmi les ensembles symphoniques en Afrique, rassemble environ 200 instrumentistes et un chœur, se produisant à travers le monde.

Armand Diangienda, chef d'orchestre et musicien autodidacte aujourd'hui âgé de 60 ans, se destinait initialement à une carrière de pilote. Mais c'était sans compter sur l'influence de son père, Joseph Diangienda, chef de l'Église kimbanguiste fondée en 1921 en République démocratique du Congo par son propre père, le prophète Simon Kimbangu.


Armand Diangienda a alors pour mission de réunir des musiciens au sein de l'Église autonome, inspirée du christianisme apporté par les missionnaires dans ce pays d'Afrique centrale majoritairement catholique, et qui revendique des millions de fidèles en RDC.


Bien que des musiciens aient toujours été présents dans les églises kimbanguistes, le premier orchestre de ce type a donné son concert inaugural en décembre 1994. Un spectacle anniversaire pour ses 30 ans est prévu à la fin du mois à Kinshasa.

Dans un studio de la capitale congolaise, les musiciens s'accordent pour une répétition : "Au début, tout ça n'était qu'un rêve", raconte Armand Diangienda à l'AFP.


À l'origine, de nombreux musiciens amateurs recrutés par l'orchestre ne savaient même pas lire une partition, et les moyens étaient limités.


"Lorsqu'une corde se cassait, on la remplaçait par un câble de frein de vélo",
explique Diangienda, soulignant que le climat chaud et humide détériore souvent les instruments.

Il poursuit:

Il n'y avait pas de magasin d'instruments ici.

"Violon chéri"


La création de l'orchestre s'inscrit dans une période agitée de l'histoire du pays, marqué d'abord par la première guerre du Congo (1996-1997), qui a conduit à la chute de Mobutu, puis par la seconde guerre du Congo (1998-2003), impliquant neuf pays africains et une trentaine de groupes armés.


"A l'époque, c'était vraiment difficile",
se remémore Pauleth Masssamba, 43 ans, parmi les premiers membres de l'orchestre. Elle se souvient des quelques instruments disponibles,
"même pas de bonne qualité".

Initialement, elle voulait être violoncelliste. Mais ayant confondu les termes et ne sachant pas précisément à quoi ressemblait l'instrument, elle s'est retrouvée avec un violon en main.

Après trente ans passés à peaufiner son jeu, elle affirme aujourd'hui emmener "partout" son violon, qu'elle appelle affectueusement son
"petit chéri".

L'orchestre kimbanguiste, qui interprète les œuvres des grands compositeurs classiques, a progressivement séduit un public dans un pays connu pour la rumba.


"La musique classique, les gens pensent que c'est pour les Européens"
, note Dauphine Mata, violoniste au sein de l'orchestre depuis une quinzaine d'années, se souvenant d'une époque où elle jouait devant des publics plutôt restreints.

Mais à force de persévérance et de représentations,
"les gens apprécient",
se réjouit-elle.

En 2010, le documentaire "
Kinshasa Symphony"
, qui retrace la vie quotidienne de plusieurs musiciens et choristes de l'ensemble, a contribué à lui donner une renommée internationale.

Aujourd'hui, l'orchestre voyage et se produit régulièrement à l'étranger. Une école fondée par les Kimbanguistes a été ouverte à Kinshasa pour enseigner la musique aux jeunes.

Au cours de leurs tournées, les musiciens congolais ont eu des rencontres inoubliables avec des stars telles que Lionel Richie, Herbie Hancock ou Paula Abdul, avoue Armand Diangienda.


"Je suis content. Parce qu'on a été patient et on a persévéré",
confie le chef d'orchestre.

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