
Les autorités maliennes ont annoncé l'arrestation d'un Français soupçonné de travailler pour le "service de renseignement français" et ont accusé des "Etats étrangers" d'être derrière une tentative de déstabilisation des institutions, selon un communiqué lu à la télévision nationale jeudi.
La junte, elle-même arrivée au pouvoir après deux coups d'Etat en 2020 et 2021, s'est également exprimée sur les dizaines d'arrestations de militaires ces derniers jours, accusés de vouloir renverser le pouvoir.
Ce pays d'Afrique de l'Ouest, coutumier des troubles politiques, est dirigé par des militaires souverainistes dans un contexte de restrictions sévères des libertés par la junte et de violences meurtrières sur le territoire.
Par ailleurs, au moins 55 militaires auraient été arrêtés, selon des sources sécuritaires consultées par l'AFP.
Hauts gradés arrêtés
La junte a confirmé l'arrestation de deux généraux, Abass Dembélé et Nema Sagara.
Le général Abass Dembélé est une figure très respectée au sein de l'armée. Cet ancien gouverneur de la région de Mopti (centre) a récemment été démis de cette fonction par la junte.
Les arrestations ont été menées principalement au sein de la garde nationale, un corps de l'armée malienne, a-ton apprit de sources sécuritaires.
C'est notoirement le corps d'origine du ministre de la Défense, le général Sadio Camara, une des principales figures de la junte.
Plusieurs observateurs ont relevé que certaines des personnes arrêtées par les autorités sont des proches de M. Camara, mais celui-ci n'a pas été inquiété à ce jour.
Cet ancien poids lourd de la junte avait été nommé Premier ministre en 2021, avant d'être limogé fin 2024 après avoir émis des critiques contre celle-ci. Il avait notamment déploré avoir été tenu à l'écart des décisions sur le maintien aux commandes des généraux qui avaient initialement promis de rendre le pouvoir à des civils élus en mars 2024.
Aucun lien n'a été fait entre son arrestation et celles des militaires accusés de vouloir renverser le pouvoir.
Depuis 2012, ce pays sahélien fait face à une profonde crise sécuritaire nourrie notamment par les violences de groupes affiliés à Al-Qaïda et à l'organisation État islamique (EI), ainsi que de groupes criminels communautaires. Elle s'ajoute à une grave crise économique.
L'armée malienne et ses alliés, les mercenaires russes d'Africa Corps, chargés notamment de traquer les terroristes, sont régulièrement accusés de commettre des exactions contre des civils.