Réacteur lunaire de la NASA: science, sécurité et nouvelle course à l’espace

16:351/09/2025, Pazartesi
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Les États-Unis veulent installer un réacteur nucléaire sur la Lune d’ici 2030, un projet à la croisée des ambitions scientifiques, énergétiques et géopolitiques.
Crédit Photo : X /
Les États-Unis veulent installer un réacteur nucléaire sur la Lune d’ici 2030, un projet à la croisée des ambitions scientifiques, énergétiques et géopolitiques.

Alors que la compétition spatiale s’intensifie, les États-Unis visent un jalon majeur: l’installation d’un réacteur nucléaire sur la Lune d’ici 2030.

Selon la NASA, ce projet pourrait transformer l’exploration lunaire en fournissant une énergie fiable aux futures bases habitées, aux missions scientifiques et aux expéditions vers Mars.


"L’annonce par la NASA d’un réacteur lunaire d’ici 2030 est une avancée bienvenue. Depuis des décennies, il nous manquait exactement ce type d’objectif clair et contraint par un calendrier. Il est particulièrement encourageant que la directive se concentre sur l’énergie, car sans énergie abondante et durable, tout le reste dans l’espace demeure temporaire"
, a déclaré Bhavya Lal, ancienne administratrice associée de la NASA, à l’agence Anadolu.

Le programme intervient dans un contexte de rivalité croissante avec la Chine et la Russie, qui ambitionnent eux aussi de développer des infrastructures nucléaires lunaires. Pour les experts, il s’agit d’un projet à la fois ambitieux et semé de défis techniques, sécuritaires et stratégiques.

Pourquoi l’énergie nucléaire est cruciale sur la Lune


Si l’énergie solaire a longtemps suffi aux satellites et stations spatiales, elle reste limitée sur la Lune. En raison de son cycle de rotation de 28 jours, l’astre connaît deux semaines consécutives sans lumière solaire.


"Les panneaux solaires ne produisent de l’énergie que lorsque le soleil brille. Sur la Lune, la nuit dure environ 14 jours terrestres. Il faut donc une autre source pour maintenir en état les équipements et protéger les astronautes"
, explique Simeon Barber, chercheur à The Open University.

Pour le volcanologue britannique Lionel Wilson, le constat est simple:
"Vous avez 14 jours d’électricité gratuite avec des panneaux solaires, mais 14 jours d’obscurité ensuite. Et si le stockage échoue, les températures chutent rapidement à -173°C."

Le pôle Sud, site stratégique


Les scientifiques estiment que le premier réacteur lunaire sera implanté près du pôle Sud, zone stratégique pour sa richesse supposée en glace d’eau. Cette ressource pourrait servir à l’alimentation des bases ou être transformée en hydrogène et oxygène pour alimenter les fusées en partance vers Mars.

Proche des pôles, certaines zones bénéficient d’un ensoleillement quasi permanent. Mais l’ombre des cratères et le relief accidenté rendent nécessaire la combinaison panneaux solaires –batteries– réacteur nucléaire.


Une nouvelle course spatiale


Les États-Unis ne sont pas seuls sur ce terrain. Pékin et Moscou ont annoncé en mai la construction d’une centrale nucléaire automatisée sur la Lune d’ici 2035, dans le cadre de leur projet de Station internationale de recherche lunaire (ILRS).

Selon des sources citées par Politico, la NASA redoute que ces pays n’imposent un jour des
"zones d’exclusion"
autour de leurs installations lunaires.

Les risques liés au nucléaire spatial


Lancer du combustible nucléaire dans l’espace suscite des inquiétudes. Barber les juge toutefois maîtrisables:
"Les quantités utilisées sont modestes et les protocoles de sécurité éprouvés."

Wilson ajoute que le plutonium est le combustible le plus probable, déjà utilisé dans des missions lointaines où le solaire est insuffisant.


Défis et incertitudes


Les États-Unis n’ont plus opéré de réacteur spatial depuis 1965 (programme SNAP-10A). Plusieurs projets ultérieurs ont échoué, malgré des milliards investis.

Pour Lal, le calendrier est
"très ambitieux"
au regard des contraintes budgétaires:
"Il faudra des conditions similaires à celles du projet Manhattan : financement massif, direction forte, concurrence technologique et urgence stratégique."

Selon un rapport qu’elle a coécrit, le programme nécessitera 2 à 3 milliards de dollars sur cinq ans, ainsi que des réformes réglementaires et un soutien direct de la Maison Blanche.

"L’annonce fixe le bon cap, mais le plus difficile reste à faire : construire l’écosystème qui permettra, pour la première fois depuis 60 ans, de réellement envoyer un réacteur dans l’espace"
, conclut Lal.

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