Gaza et l'Hégire

09:539/04/2025, mercredi
MAJ: 9/04/2025, mercredi
Taha Kılınç

Ce samedi 5 avril, juste après la prière de l’aube, nous étions réunis en cercle de concertation avec des personnes précieuses, toutes profondément liées au monde islamique. Le sujet central de notre discussion: la situation actuelle à Gaza. Chacun a apporté un éclairage différent, selon son propre point de vue. Afin de clarifier les enjeux de manière plurielle dans nos esprits, je souhaite partager — dans le fil du dialogue que nous avons eu — les points essentiels qui ont été soulevés. Il est

Ce samedi 5 avril, juste après la prière de l’aube, nous étions réunis en cercle de concertation avec des personnes précieuses, toutes profondément liées au monde islamique. Le sujet central de notre discussion: la situation actuelle à Gaza. Chacun a apporté un éclairage différent, selon son propre point de vue. Afin de clarifier les enjeux de manière plurielle dans nos esprits, je souhaite partager — dans le fil du dialogue que nous avons eu — les points essentiels qui ont été soulevés.


Il est temps d’ouvrir un véritable débat: devons-nous envisager de déplacer les habitants de Gaza vers un autre territoire ? Un peuple est en train d’être anéanti sous les yeux du monde musulman. Faut-il accorder plus d’importance à la terre ou à l’être humain ? C’est évidemment l’être humain qui prime. Puisque les musulmans ne parviennent pas à empêcher ces massacres, alors au moins que les portes s’ouvrent. Cette question doit désormais être placée au cœur de l’agenda.


Mais le
"vidage de Gaza"
est déjà l’un des objectifs prioritaires d’Israël et de l’administration américaine. Ainsi, si les musulmans en venaient à approuver un tel plan, ils offriraient un soutien direct aux thèses sionistes. Car ce que veulent ces acteurs, c’est précisément vider Gaza de sa population et y instaurer un pouvoir lié à Israël.

Et même un transfert de population ne constituerait pas une solution. Regardez: Israël ne cible pas seulement Gaza. L’occupation continue de manière brutale en Cisjordanie et dans d’autres régions palestiniennes.


Les habitants de Gaza n’ont plus la force de résister. Pendant que les musulmans se contentent d’observer la situation, ils adressent aux opprimés sur place des paroles creuses telles que:
"Votre résistance est admirable ! Vous êtes un exemple pour nous tous"
. Mais cela ne suffit plus. Ces gens ont besoin aujourd’hui d’une solution concrète. Il est désormais évident que les pays musulmans n’ont pas assumé leur responsabilité — et ne l’assumeront pas. Nous assistons à l’anéantissement d’un peuple.

L’un des problèmes fondamentaux dans le processus actuel réside dans l’attitude du monde arabe. Les pays voisins de la Palestine refusent catégoriquement d’accueillir les Palestiniens sur leur sol. Même si les portes s’ouvraient aujourd’hui, l’Égypte et la Jordanie s’opposent fermement à l’accueil des Palestiniens.


Il est donc nécessaire de réfléchir à l’endroit où ces gens pourraient aller. Concrètement, si nous devions évacuer Gaza, où les Palestiniens pourraient-ils se rendre ?


Les différents pays du monde musulman pourraient accepter ces personnes en tant que
"réfugiés"
selon des quotas déterminés. Ainsi, le massacre et le carnage à Gaza prendraient fin, et le devoir de fraternité entre musulmans serait accompli. La Türkiye, l’Indonésie, les pays des Balkans, l’Algérie… De nombreuses alternatives viennent à l’esprit. Les habitants de Gaza pourraient poursuivre leur vie dans ces pays selon le principe de hijra (émigration).

Nous devons reconnaître que beaucoup d’habitants de Gaza ne sont pas vraiment enclins à une telle
"hijra"
. Nous parlons en leur nom, mais les Gazaouis veulent-ils vraiment partir ? Même si les portes s'ouvraient, le nombre de départs pourrait rester relativement faible. Il est vrai que tout le monde à Gaza ne soutient pas Hamas. Il y a même des critiques sévères à l’égard du mouvement. Mais cette situation dépasse largement le cadre de Hamas.

Comment savons-nous qu’une grande partie des Gazaouis ne veut pas partir ?


Lorsque la question de l’hijra se pose, nous disons qu’il ne faut pas parler en leur nom, mais lorsque l’on évoque le fait que Gaza ne doit pas être évacuée, là, nous n’hésitons pas à parler en leur nom. Si l’on prête attention aux cris provenant de l’intérieur, on constate que les gens souhaitent désormais s’échapper. L’une des solutions possibles est la hijra.


Aborder cette question avec calme est véritablement difficile. À Gaza, la mort et le martyr font désormais partie intégrante de la vie quotidienne. Le concept de terre et de patrie porte une signification bien plus profonde que dans d’autres régions du monde. L’occupation sioniste juif a causé des traumatismes si profonds chez les générations palestiniennes qu’une atmosphère de résistance à toute solution ou remède imposé de l’extérieur s’est installée.


De plus, dans certains cercles du monde arabe, la façon dont cette question est traitée est à la fois insincère et démagogique. Puisque la question palestinienne est également un enjeu de politique intérieure dans chaque pays, la manière de
"gérer"
les Gazaouis devient une question à part entière.

Alors que les discussions se poursuivaient dans cette direction, une solution concrète devenait de plus en plus évidente dans mon esprit: Un centre de pouvoir, que le monde musulman écouterait quoi qu’il arrive, devait émerger. Cette force, forte et déterminée, allait frapper la table d’un poing de fer, prête à prendre tous les risques. Comme c’est toujours le cas en période de crise.


Face à l’occupation, la seule solution résidait dans la force et la dissuasion. Sans force et sans dissuasion, les paroles seraient vaines. Et dans l’histoire, il n’y a eu aucune crise humanitaire résolue uniquement par la négociation.


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