Je suis l’un des premiers journalistes à avoir attiré l’attention sur les tensions entre la Türkiye et Israël à propos de la Syrie. Mon dernier article, publié le 25 mars, portait le titre Netanyahu prépare une provocation. Quelques jours après sa publication, Israël a lancé des attaques contre des bases en Syrie.
Les développements en coulisses racontent une tout autre histoire. Tel-Aviv n’a pas — du moins pour l’instant — obtenu de Washington ce qu’il espérait sur le dossier syrien. Quant à la Türkiye, ce n’est pas un pays qui cède facilement face aux menaces. C’est précisément pour cette raison qu’ils attisent les tensions. L’objectif: attirer l’attention de Donald Trump sur la situation et tenter de trouver un terrain d’entente avec Ankara. Je vais expliquer comment. Mais avant cela, il convient de poser le cadre général.
Premièrement. Il n’existe pas de puissance absolue en relations internationales. Le cours des événements est déterminé par les capacités des acteurs impliqués, les réalités du terrain et le contexte du moment.
Deuxièmement. Ce qui se joue en Syrie, c’est l’affrontement entre deux visions diamétralement opposées: d’un côté, Israël qui se nourrit du chaos; de l’autre, la Türkiye qui défend l’intégrité territoriale de la Syrie.
Troisièmement. La stratégie d’Israël en Syrie repose sur la fragmentation du pays en quatre cantons. Ils ont maintenu des contacts étroits avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) et ont cherché à provoquer la communauté druze. Israël s’oppose à toute présence d’acteurs capables de maintenir l’unité de la Syrie. (Voir à ce sujet: Netanyahu a eu peur de la Türkiye, 4 mars.)
Quatrièmement. La position du président américain Donald Trump jouera un rôle décisif dans l’évolution de la situation. C’est pourquoi Israël exerce une pression intense sur Washington. Tel-Aviv a même tenté de faire obstacle à un entretien entre Erdoğan et Trump. (Voir: Israël a tenté de faire reporter la rencontre, 18 mars.) Son message aux États-Unis est clair: "Empêchez la Türkiye de renforcer son influence en Syrie".
Cinquièmement. Israël mène une guerre psychologique. Des consignes ont été données à des journalistes israéliens pour qu’ils publient des articles affirmant qu’un affrontement avec la Türkiye est inévitable — ce que la presse israélienne a elle-même reconnu. En alimentant le discours sur une possible confrontation, l’objectif est d’exercer une pression. Parallèlement, ils fabriquent des menaces imaginaires afin de convaincre Donald Trump. Selon eux, l’axe chiite mené par l’Iran serait désormais remplacé par un axe sunnite incarné par la Türkiye.
Pour Israël, le constat est le suivant: ni les Forces démocratiques syriennes (FDS), ni les Druzes ne s’alignent sur les orientations souhaitées par Tel-Aviv. La Türkiye ne recule pas. La reconnaissance internationale du régime de Damas progresse. Et surtout, les États-Unis ne se rallient pas à la position israélienne sur le dossier syrien.
Juste après la rencontre entre Erdoğan et Trump, Israël a commencé à jouer ses cartes de manière ouverte. Il a bombardé les sites militaires qu’il supposait que la Türkiye allait utiliser pour établir des bases. L’objectif était d’intensifier les tensions afin d’attirer l’attention de Trump sur la question.
Cette proposition est la suite de la proposition de "diviser la Syrie en quatre cantons". Toute initiative visant à diviser la Syrie est considérée comme nulle et non avenue pour la Türkiye. En effet, ce sont les Syriens eux-mêmes qui doivent décider de ces questions. Le message du ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, à ce sujet est: "Nous ne voulons pas d’un conflit entre Israël et la Syrie, car la Syrie appartient aux Syriens".
En tenant compte du fait que Donald Trump veut se retirer de Syrie au plus vite, il est peu probable qu’il accepte la proposition de Netanyahu. En revanche, il est possible que les États-Unis proposent un mécanisme de désescalade en Syrie.
Aucune des actions d’Ankara en Syrie n’est dirigée contre des pays tiers. Ankara cherche à renforcer la capacité de Damas à lutter contre le terrorisme et à maintenir la stabilité. Le dialogue entre Ankara et Damas est étroit. Le président syrien, Charaa , se rendra en Türkiye la semaine prochaine (il se rendra également aux Émirats arabes unis, qui sont proches d’Israël).
Si le gouvernement syrien invite officiellement la Türkiye et sollicite une aide à la formation, Ankara ne le refusera pas. Dans le cadre du droit international, personne ne peut s’y opposer. Si Damas le demande, des bases d’entraînement terrestre, aérienne et maritime seront établies en Syrie. C’est là que les soldats syriens seront formés. Grâce à ces bases, la lutte contre Daech continuera également.
Mais Israël s’y oppose ? C'est une procédure: lorsque les soldats turcs (Mehmetçik) se déploient dans une région, une notification de leur position est envoyée à toutes les parties concernées. À partir de ce moment, personne ne peut entreprendre d’action sans autorisation. Si cela se produit, cela constitue une cause de guerre. Je ne pense pas que quiconque veuille la guerre.
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