Coulisses du terrain et des négociations : le Hamas va enterrer ses armes

09:404/11/2025, mardi
MAJ: 4/11/2025, mardi
Yahya Bostan

Près de trois semaines se sont écoulées depuis que La Türkiye, les États-Unis, l’Égypte et le Qatar ont signé, le 13 octobre, la Déclaration pour la paix au Moyen-Orient, sous les yeux du monde entier, en tant que pays garants. Ce jour-là, la deuxième phase du processus de cessez-le-feu et de paix à Gaza a officiellement débuté. Mais il apparaît clairement que le lancement de cette deuxième phase ne signifie pas que la première soit achevée : à Gaza, le cessez-le-feu comme la paix ne tiennent qu’à

Près de trois semaines se sont écoulées depuis que La Türkiye, les États-Unis, l’Égypte et le Qatar ont signé, le 13 octobre, la Déclaration pour la paix au Moyen-Orient, sous les yeux du monde entier, en tant que pays garants.


Ce jour-là, la deuxième phase du processus de cessez-le-feu et de paix à Gaza a officiellement débuté. Mais il apparaît clairement que le lancement de cette deuxième phase ne signifie pas que la première soit achevée : à Gaza, le cessez-le-feu comme la paix ne tiennent qu’à un fil.


Le chef du MIT, İbrahim Kalın, a joué un rôle décisif dans l’obtention du cessez-le-feu. Désormais, l’enjeu est de le préserver. Le ministre des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a accueilli à Istanbul les ministres des Affaires étrangères des pays musulmans ayant participé à la réunion de New York avec Donald Trump. L’objectif : protéger le cessez-le-feu. Si une telle rencontre a été organisée, c’est bien qu’en coulisses, des tensions persistent. Que se passe-t-il sur le terrain et à la table des négociations ?
Voici les dessous de la situation.

Sous couvert d’aide humanitaire, du commerce vers Gaza


La première phase du cessez-le-feu reposait sur quatre points :


1. Le cessez-le-feu lui-même,

2. L’entrée de l’aide humanitaire à Gaza,

3. L’échange d’otages,

4. Le retrait israélien.


Or, en observant la situation actuelle, force est de constater qu’aucun de ces points n’a été pleinement accompli. Voici les difficultés rencontrées :


Premièrement
, Israël viole le cessez-le-feu à intervalles réguliers.
Depuis le 13 octobre, plus de 400 personnes ont été tuées.
Les provocations en Cisjordanie continuent.

Deuxièmement
, 600 camions d’aide humanitaire devraient entrer chaque jour dans la bande de Gaza. En réalité, non. Israël affirme que 550 camions entrent quotidiennement. C’est exact, mais trompeur :
sur ces 550 camions, seuls 145 transportent de l’aide humanitaire, le reste étant composé de marchandises commerciales
. Pendant que les camions d’aide sont bloqués à Rafah, d’autres véhicules livrent des produits destinés à être vendus aux habitants de Gaza. Une véritable indécence.

Troisièmement
, l’échange d’otages se poursuit, mais avec une difficulté majeure : il ne reste presque plus rien debout à Gaza, rendant la recherche des dépouilles particulièrement complexe.
Israël freine le processus en interdisant l’entrée d’équipes expérimentées capables d’effectuer ces opérations délicates
.

Quatrièmement
, Israël s’est retiré derrière la
"zone jaune"
, mais cherche à élargir les territoires qu’il contrôle, ce qui n’échappe à personne.

Les intérêts nationaux freinent la paix


Triste réalité : le principal obstacle à une paix rapide à Gaza n’est pas seulement Israël. Les acteurs régionaux, eux aussi, abordent la question sous l’angle étroit de leurs intérêts nationaux.


Par exemple,
l’Égypte n’a pas participé à la réunion d’Istanbul, officiellement à cause de l’inauguration d’un musée au Caire.
En réalité, Le Caire craignait de perdre la main sur le processus.

Autre exemple : la question du désarmement du Hamas.
Les pays du Golfe — Arabie saoudite, Égypte, Émirats arabes unis
— affirment qu’ils n’investiront pas à Gaza tant que le Hamas n’aura pas déposé les armes. Le vice-président américain J.D. Vance l’a résumé ainsi :

Je constate de l’impatience vis-à-vis du Hamas, en Israël comme dans certains pays du Golfe. Ils doivent faire preuve de plus de souplesse durant ce processus.

Enfin, le débat sur la
"direction de la Palestine"
divise également. Washington appelle à une réforme de l’Autorité palestinienne, c’est-à-dire au départ de Mahmoud Abbas. Mais pour le remplacer, les divergences éclatent : Riyad et Le Caire soutiennent Hussein al-Sheikh, adjoint d’Abbas, tandis qu’Abou Dhabi pousse pour Mohammed Dahlan. L’Arabie saoudite et l’Égypte ont d’ailleurs obtenu qu’Abbas annonce que, s’il devait se retirer, Hussein al-Sheikh lui succéderait.

Que prévoit la deuxième phase ?


La deuxième phase du cessez-le-feu, entamée il y a vingt jours, repose sur quatre volets :


1. La création d’une structure administrative palestinienne à Gaza.
2. La formation d’une force de police locale.
3. Le déploiement d’une Force internationale de stabilisation.
4. Le désarmement du Hamas.

Les deux premiers points avancent, les deux derniers stagnent. Mais en coulisses, certaines évolutions se dessinent.


Qui composera la Force internationale de stabilisation ?


Cette force, chargée de garantir le cessez-le-feu et de coordonner l’aide humanitaire, sera déployée à Gaza sous mandat du Conseil de sécurité de l’ONU. Ankara œuvre pour éviter que ne s’installe un statu quo défavorable aux Palestiniens et a proposé de participer à la mission.


L’Égypte, les États-Unis et plusieurs autres pays souhaitent la présence de La Türkiye dans cette force. Même des réseaux de sécurité israéliens y seraient favorables, bien que Netanyahu s’y oppose pour des raisons de politique intérieure. Washington, malgré sa volonté de coopérer avec Ankara sur Gaza, hésite encore à s’impliquer davantage en raison de cet équilibre délicat.


Comme déjà évoqué, La Türkiye souhaite être présente à Gaza — militairement ou civilement — mais sans compromettre le cessez-le-feu.


Le Hamas ne rendra pas ses armes


Reste la question centrale : le désarmement du Hamas. La future administration palestinienne temporaire à Gaza sera la seule autorité habilitée à porter des armes. Toute autre organisation armée devra remettre son arsenal.


Le Hamas, favorable à la création d’une autorité palestinienne indépendante à Gaza, refuse néanmoins de se désarmer tant qu’un État palestinien, fondé sur le principe des deux États, n’aura pas vu le jour. Il n’a aucune confiance en Israël.


En pratique, le Hamas ne remettra donc pas ses armes à la nouvelle autorité palestinienne. Celle-ci deviendra la seule force reconnue, tandis que le Hamas cessera de porter ses armes ouvertement.
Autrement dit, le mouvement islamique les enterrera — symboliquement et littéralement.

Lorsque l’État palestinien sera enfin établi, le Hamas remettra alors ses armes à cet État. Si, bien sûr, tout se passe comme prévu.
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